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Glass Animals

Paris, Cigale - 18 février 2014

Live-report par Sandra Stefanini

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La Cigale est parée de tous ses fauteuils ce soir, vue assez étonnante au demeurant que ces rangées de fauteuils bien calmes et sages dans une salle de concert. Pas de pogo en vue donc ce soir, mais on s'en doutait déjà un peu. Au programme l'américaine St. Vincent et, pour ouvrir le bal, les anglais de Glass Animals. Pas de pogo donc, mais de toute façon ce n'est pas grave, j'ai passé l'âge.

Je m'installe devant, au milieu d'une assemblée assez éparse et tandis que j'hésite à sortir un livre pour patienter, je vois arriver sur scène un puis plusieurs roadies qui s'emparent du matos et s'installent. Je réalise rapidement que ce ne sont pas des roadies mais bien le groupe qui arrive tranquillement, et les gens autour de moi ont eu eux aussi visiblement ce petit instant d'hésitation. Les lumières s'éteignent enfin et la musique peut commencer. C'est la lente et tribale rythmique de Psylla qui vient doucement nous chercher dans nos fauteuils, et comme le petit insecte dont elle porte le nom, cette chanson s'accroche à moi pour m'entrainer dans sa spirale envoutante. D'emblée, quel plaisir que de se laisser bercer par la voix chaude de David Bayley.

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Pas le temps de revenir sur terre, le voyage continue et le groupe nous joue son tout dernier single Gooey suivi de l'excellent Black Mambo. Un enchainement absolument parfait, les quatre garçons d'Oxford savent ce qu'ils font, c'est clair. Deux synthés, une guitare et une batterie pour un son d'une clarté rare. On remarquera tout particulièrement le jeu de batterie tantôt tout en finesse, presque comme une caresse, et à d'autres moments beaucoup plus fort et impérieux. On se prend à penser à Portishead ou Morcheeba, pour ce côté rêveur et langoureux.
Mais Glass Animals ce n'est pas un enième groupe de trip-hop anglais, il y a quelque chose de très actuel dans leur son qui les rapproche au final bien plus d'un Burial que des vieilles gloires de Bristol. Et si jamais ça ne vous avait pas frappé à l'écoute de leurs EPs, les voir sur scène vous en convaincra à coup sûr.

La salle se remplit un peu plus et David Bayley est comme moi, il trouve ça étrange ces gens assis. Il partage son scepticisme avec nous, il n'a pas l'habitude de chanter devant un public dans cette position, mais ce n'est pas grave, il dit que ça ne le dérange pas. Tant mieux, je suis déjà un peu triste pour lui et ses comparses qu'il n'y ait pas plus de monde pour les voir jouer. Les gens qui arriveront plus tard ne sauront sans doute jamais ce qu'ils ont raté.

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Le groupe joue ensuite Cocoa Hooves, et je dois avouer que je suis bien dans mon fauteuil, à me laisser aller à la rêverie. Les Glass Animals ont cette capacité à vous emmener avec eux visiter leur monde intérieur, un peu étrange et psychédélique, sombre et coloré à la fois, loin, très loin de la réalité. C'est un peu comme passer de l'autre côté du miroir pour une longue ballade au pays des merveilles.

Malheureusement, ce soir, la ballade sera plutôt courte, trente petites minutes et puis s'en vont. Les lumières se rallument, je me frotte les yeux comme au sortir d'un rêve, définitivement conquise par la grâce et le talent de ces jeunes gens. Tout comme les petits animaux en verre que collectionne l'héroïne de la Ménagerie de Verre de Tennessee Williams, les Glass Animals savent définitivement nous divertir tout en semblant si fragiles.