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Douglas Dare
Fink

Paris, Trianon - 26 novembre 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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You’d better Fink.... c’est en substance et en jeu de mot ce qu’ont du se dire les quelques mille personnes présentes au Trianon (jauge maximum) en cette soirée dédiée au folk orageux et largement contemplatif. Jouant à guichets fermés, Fink (Fin Greenall) n’est pourtant pas à proprement parler une tête d’affiche du monde du rock. Auteur et compositeur reconnu et souvent encensé par les critiques et un public de plus en plus massif, Fink n’a pas toujours été le chanteur torturé que l’on connaît. Démarrant sa carrière en officiant comme DJ plutôt accès sur la techno minimaliste, puis comme compositeur sur le label Ninja Tunes, le nom et le style actuel de Fink étaient apparus sur l’album Biscuits For Breakfast en 2006.

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Avec Douglas Dare en ouverture de récital, Fink impose l’ambiance musicale du soir ; bluesy, ultra-dépouillée et méditative. Ce jeune Anglais qui suit la tournée de Fink depuis le début de l’année façonne au gré de son piano et surtout de sa voix emplie d’une certaine sensibilité, une rêverie que son acolyte, batteur, épice de boucles souvent épileptiques. Le public du Trianon est encore parsemé, mais l’atmosphère s’épaissit déjà des mélopées de piano en forme de fugues.

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L’introduction parfaite pour patienter avant Fink et son quatuor orageux. Acclamés comme rarement, l’ex-DJ passionné d’électro et ses trois compères (batterie, basse, guitare) investissent la scène du Trianon sur une mise en scène faite d’ombres et lumières contrastées par une armée de spots aux teintes chaudes en arrière-plan. L’aura de Fink, ce soir, n’est pas étrangère au succès de son dernier album, Hard Believer, et ses critiques, assez unanimes. Pilgrim, titre issu de son dernier album, ouvre le set. La batterie de guitares mise à disposition de Fink et en évidence sur la scène du Trianon ne laisse aucun hasard sur la teneur des compositions du groupe ; Fink impose un folk crépusculaire sur des textes à la qualité reconnue de tous. Mais, si Pilgrim ou Hard Believer ont des échos séduisants sur disque, les versions live renferment quelque chose de narcoleptique. Pour qui n’a pas le bâillement facile, en revanche, la prestation est paradoxalement lumineuse, malgré des titres tout en clair obscur et qui demandent une certaine dose de concentration pour être appréciés à leur juste valeur.

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Rock du bayou (Hard Believer), folk sous hypnose (Warm Shadow) ou blues menaçant (Perfect Darkness), l’univers musical de Fink ne prête pas, à proprement parler aux effusions de joie et aux démonstrations chorégraphiques. Encore que... Sous les ors d’un Trianon rénové avec goût, la voix chaude de Fink et le déluge de cordes claires transportent le public pour une heure et demie de méditation et de recueillement. Un set agité par un vent constant, sous un ciel aussi chargé qu’un soir de 29 octobre 2012 à New York... Pliant, sans jamais casser, les compositions de Fink sont aussi qualitatives que réservées à un public connaisseur. Terminant le set sur Berlin Sunrise suivi d'un court rappel composé de This Is The Thing, le quatuor de Fink laisse entrevoir une aube plus ensoleillée et achève un voyage culminant haut au-dessus d’une atmosphère trop souvent polluée à sa base par l’uniformité régnant dans le monde de la musique.

Un monde étouffant, dont Fink s’est, depuis toujours, affranchi…
setlist
    Pilgrim
    Warm Shadow
    Sort Of Revolution
    Yesterday Was Hard On All Of Us
    Hard Believer
    Wheels
    Perfect Darkness
    Shakespeare
    Truth Beggins
    Looking Closely
    Berlin Sunrise
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    This Is The Thing
photos du concert
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