Les noms qui illuminent ce soir le boulevard Voltaire ne présagent rien de mauvais, au contraire, et c'est pour cela que sont venus en masse les adeptes de pop dansante et onirique. Malgré le crachin qui tombe sur nos têtes, c'est de pied ferme que nous attendons Bombay Bicycle Club.

Les londoniens de
Childhood assurent la première partie et débutent tout juste leur set lorsque nous pénétrons dans la salle. Sur scène se tiennent cinq post-adolescents conduits par la voix de Ben Romans Hopcraft. Leur musique s'avère être une pop rêveuse résultant de l'union d'un synthétiseur, de guitares, d'une basse et d'une batterie. Celle-ci est d'ailleurs non sans rappeler quelques titres des australiens de Tame Impala. C'est assis aux quatre coins de la salle ou accoudés au bar que certains profitent du spectacle. La fosse se remplit en effet tranquillement tandis que quelques fidèles boivent tout de même de près les paroles du charismatique chanteur. Psychédélisme et shoegaze se mêlent dans la musique de Childhood pour démarrer cette soirée en toute insouciance et rage juvénile. Les titres de leur album
Lacuna – fraîchement sorti cet été - résonnent agréablement dans nos oreilles. Parmi eux,
Solemn Skies,
As I Am ou encore
Blue Velvet, n'ayant pour seules transitions que les discrets « Thank you » du chanteur. Le bassiste et le guitariste se déchaînent en vue de l'imminence de la fin du set et c'est dans un geste furtif qu'ils posent leurs instruments au sol pour laisser place à leurs successeurs.

La salle se remplit soudainement lorsque 20h30 approche. Avec Jack Steadman en première ligne,
Bombay Bicycle Club prennent place sur la scène du Bataclan, acclamés par une audience enfin assouvie de son impatience. Deux secondes suffisent au groupe anglais pour empoigner les instruments et nous dévoiler
Overdone, un des titres extraits de leur nouvel album,
So Long, See You Tomorrow. Derrière eux s'animent des projections inspirées du travail de Muybridge, octroyant à leur set une portée presque autant visuelle que musicale. Les cris de joie résonnent entre les murs de la salle parisienne chaque fois que retentissent les premières notes d'un morceau, preuve de la fidélité de leur auditoire français.
Le rock indie auquel nous avaient habitués le groupe londonien est ici parsemé de sons tribaux et dansants qui ne peinent pas à séduire le public. Bombay Bicycle Club ont soif de perfectionnisme, rien n'est laissé au hasard et chaque son à de l'importance. Or, cette envie de bien faire donne quelques fois l'impression d'un trop plein et d'un manque de sobriété. Ce n'est bien sûr pas le cas de toutes les chansons,
Whenever Wherever nous gratifie par exemple de cette bienvenue et sensible simplicité. C'est guitares acoustiques en mains qu'ils prolongent cet instant avec
Rinse Me Down avant qu'un petit retour aux morceaux de leurs précédents albums en milieu de set, tels que
Ivy & Gold et
How Can You Swallow So Much Sleep, ne vienne attiser le cœur des admirateurs de longue date.

Cela ne dure pas et l'oriental
Feel retentit pour le plus grand plaisir d'une fosse dansante. Soudainement, Steadman attrape des baguettes et s'adonne vigoureusement aux percussions pour achever l'heure et demie de concert qui s'est vélocement et agréablement écoulée sous nos yeux. Celui-ci semble finir avec
So Long, See You Tomorrow, ce qui est loin de suffire à l'audience qui tape des pieds en guise de rappel. Le quatuor reprend alors place pour terminer sur le très entraînant
Carry Me, tournant en boucle dans nos petites têtes comblées au sortir du Bataclan.
Peu à peu s'adoucit l'euphorie d'un public en phase avec les idoles de ce soir. Les Bombay Bicyle Club battent en retraite après un set presque sans faute et fidèle à leur nouvel album. C'est en somme un séduisant tour du monde que nous ont offert ce soir les londoniens, retraçant dans ce nouvel album leurs récents voyages à travers le globe et nous honorant ainsi du plaisir de l'évasion le temps d'une soirée.