logo SOV

Fyfe

Paris, Point Éphémère - 8 avril 2015

Live-report par Jean Duffour

Bookmark and Share
Plein soleil sur le Point Ephémère d'humeur printanière pour la venue tant attendue du phénomène Fyfe, à l'occasion de son deuxième concert parisien de l'année, le troisième en l'espace de six mois dans la capitale. Et en prime ce soir, outre la tête d'affiche, une billetterie qui affiche complet depuis plusieurs jours déjà, à tel point que l'ami Paul n'hésite pas à relayer par le biais de son compte Twitter les messages désespérés de ses fans en recherche de place.

Callmekat, jeune artiste en robe longue, a déjà la sienne, puisque c'est elle qui ouvre le bal devant une assistance partagée entre sa volonté de faire bonne figure et sa difficulté à dissimuler son irrépressible envie de voir débarquer le prodige anglais de Manchester. Seule derrière ses claviers et boîtes à rythmes, la danoise tente tant bien que mal de captiver le public clairsemé avec ses vocalises sensuelles et ses mélodies légères. Sans véritablement marquer les esprits ni passionner la foule qui commence à abonder, la tâche est relativement bien exécutée et ce n'est donc pas ce soir qu'une première partie volera la vedette de la tête d'affiche.

En effet, dès l'arrivée des deux musiciens, la salle se fait entendre, et les cris redoublent d'intensité au passage de Fyfe devant la banderole étendue derrière lui où son nom est sobrement inscrit en lettres blanches sur fond noir. Et à peine a-t-il entonné les premiers mots de Conversations que déjà la salle frémit. Les gens s'agglutinent aux pieds du jeune musicien avec la furieuse envie de libérer leurs ardeurs au son des beats explosifs du trio qui envahissent l'atmosphère. Fyfe décide cependant de reporter l'échéance en lançant la tendre Veins, préférant entamer tranquillement son set alors que certains problèmes de réglages commencent à poindre. Si la timidité se lit sur le visage du chanteur, c'est la surprise qui s'installe rapidement sur ses traits au moment où le public, pris d'une hystérie subite, se laisse aller à un tonnerre d'acclamations gutturales au son du tube Holding On. Et comme s'ils étaient soudainement libérés, les corps commencent à se déhancher. Souriant, soulagé, Fyfe se laisse aller aux traditionnels mots de français échangés avec la salle et à quelques explications quant à la prononciation de son nom de scène.

Les évènements prennent une ampleur inédite au moment où In Waves s'achève, Fyfe entame Keep It Together sans sommation et se laisse porter, agitant ses mains au gré de ses paroles, tel un chef d'orchestre ou un rappeur, probablement les deux d'ailleurs, la foule exulte et remue plus que jamais, n'hésitant pas à reprendre en choeur les paroles de Solace.
Après une ovation aussi longue qu'acharnée, Fyfe revient seul avec sa guitare pour le morceau Lies Pt. II particulièrement émouvant avant de finir sur son excellente reprise de Kanye West. Seule ombre à ce tableau splendide, la durée bien trop courte de ce concert et la qualité parfois douteuse de l'éclairage mais l'ajout d'un deuxième musicien restera comme la meilleure surprise de cette soirée, tant la présence d'une guitare supplémentaire, pourtant pas toujours assez en vue, aura donné d'autant plus d'ampleur et de profondeur à un set déjà extrêmement enthousiasmant.

Sans trembler, Paul Dixon a donc une nouvelle fois surpris, convaincu et répondu aux attentes. Il les a même dépassées. Quel vertige que de comparer cette prestation à ses précédentes, tant il ne cesse de s'élever à mesure que ses dates s'enchaînent. Grandiose chasseur du morose et étincelant, la musique avait des allures de rêves. Reviens-nous vite, Fyfe.
setlist
    Conversations
    Veins
    Holding On
    Lies Pt. I
    In Waves
    Keep It Together
    For You
    St. Tropez
    Solace
    ---
    Lies Pt. II
    Through The Wire (Kanye West cover)
Du même artiste