Drôle de lundi à Paris. Le printemps n'est pas encore arrivé que l'été montre déjà le bout de son nez et les Parisiens et touristes du monde entier squattent, comme à l'accoutumée, la moindre parcelle disponible des terrasses de cafés. Cela suffit-il à expliquer le peu de public que la Machine du Moulin Rouge accueille ce soir alors que Gang Of Four sont de retour dans la capitale française pour défendre leur dernier opus en date,
What Happens Next ? Avec une première partie imposée par le groupe principal, les énigmatiques Japonais d'Av Okubo, et un dernier album, confus, qui n'a pas reçu le succès escompté, difficile de faire déplacer des foules en ce lundi 20 avril.

Gang Of Four vont jouer devant moins de deux cent cinquante personnes, dans une salle qui peut en contenir trois fois plus ; évidemment, cela plombe un peu l'ambiance. Pénétrant sur scène après vingt-deux heures, Andy Gill et son nouveau gang, foncièrement rajeuni depuis le départ de Jon King et l'arrivée au poste de chanteur principal du jeune John « Gaoler » Sterry, vont pouvoir compter sur une petite poignée d'irréductibles pour les soutenir et les encourager.
Avec
Where The Nightingale Sings en ouverture, tiré de leur dernier disque, le ton est donné : les rythmes sont lourdingues et les guitares tellement poussées dans les aiguës qu'un appareil auditif humain normalement constitué ne saurait le supporter tout au long d'un set.
Damaged Goods, seul titre vraiment connu et ayant des années durant surfait la réputation du groupe, va subir de gros dommages, lui aussi. John « Gaoler » Sterry a beau s'escrimer à jouer les John King et Andy Gill lui venir en aide sur les refrains, le ton n'y est plus et les jeux de cordes perçants, pour ne pas dire assourdissants à l'œuvre dans cette salle qui n'est pas reconnue pour diffuser un son exceptionnel viennent saccager l'engouement de celles et ceux qui étaient venus pour éprouver un moment de nostalgie.

Après quinze titres, dont l'également attendu
To Hell With Poverty joué en clôture (un autre épisode de ce ratage en force) et
Return The Gift en conclusion de l'unique rappel, un fort sentiment de gâchis qui s'empare du maigre public. Un nouvel album trop foutoir et complexe à jouer en live, un son terriblement désagréable et l'impression du « concert de trop » finiront par décourager les quelques amateurs venus en bon public pour se remémorer une époque décidément révolue. De quoi répondre, enfin, à la question que posait Sir Bob Geldorf en 1979 : « Tell Me Why? I Don't Like Mondays ».