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Gang Of Four

Paris, Trabendo - 18 mars 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Dans la famille « vieux punk toujours en vie et même bien en vie, qui aiment foutre la merde sur scène », je voudrais Jon King et Andy Gill, membres fondateurs de Gang Of Four dont l’influence post-punk fut capitale entre 1976 et 1981.

Ce n'était pas hier et pourtant, à l’instar de Wire ou Killing Joke, eux aussi ressortis des pochettes de nos vinyles de la fin des années soixante dix, ces papys du rock en ont encore sous la pédale ! Les micros, les pieds, l’ingénieur de son et le public, d’une moyenne d’âge plus proche de l’Opéra Bastille que du CBGB, peuvent en témoigner.
Comptant parmi les groupes les plus politisés de leur époque, Gang Of Four tient son nom de la « bande des quatre », faction communiste chinoise dissidente condamnée à mort après la mort de Mao Zedong. Qualifiés de noisy, voire de punk groove (si si !), ils intègrent à leurs compositions plus de rythmes cassés et de riffs quasi « mélodiques » que leurs aînés du punk rock, souvent légèrement plus grégaires. Gang Of Four jouèrent les fouteurs de trouble dès leurs débuts en 1979 en refusant, durant l’émission Top Of The Pops, de modifier quelques paroles de leurs chansons jugées trop provocatrices et même pornographiques ! EMI ne leur pardonnera pas.

 

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C’est donc une belle revanche que prennent Jon et Andy, à l’heure où nombre de leurs amis d’enfance jouent maintenant aux papys gâteaux. Ils remettent les pieds dans le plat et sur une scène Parisienne archi comble. Si celle du Trabendo ne fait pas le bonheur des photographes (trop encaissée et en contre bas), elle fait le bonheur du public qui peut voir de très près défiler toute sa jeunesse au fil de l’heure et demie de concert et des deux rappels que nous ont offert Gang of Four, trop heureux de revivre un tel succès, trente ans après.
De Not Great Men qui allume la poudre à Damaged Goods qui ferme la route après un deuxième rappel, c’est toute la famille post-punk, des Buzzcoks aux Jam, qui est honorée ce soir. Andy joue avec délices les riffs stridents et répétitifs qui ont imposé leur marque de fabrique et Jon chante et danse tel un James Chance disloquant ses membres sur des tempos lorgnant parfois vers le funk psychédélique.
Justement, de ses membres originaux, Gang Of Four n’a gardé que ces deux représentants-là. Le jeune bassiste et le non moins jeune batteur ont l’âge de leurs fils mais n’ont pas oublié qu’ils jouaient dans un groupe qui a partagé l’affiche avec les Sex Pistols, Madness ou The Clash sur les scènes les plus mythiques de cette époque ; ils jouent fort et tiennent leurs places respectives à merveille.

 

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Comme souvent dans ces concerts revival, une cellule composée de fans sans peur malgré l’âge et d'autres plus jeunes entame un pogo devant la scène au rythme des cris stridents de la guitare d’Andy et de Jon, aussi viscéral qu’en 1979, date de la sortie du mythique album Entertainment. Le gros des troupes a lui pris place un peu plus loin, par crainte d’un coup de coude involontaire.
Jon n’en finit plus de traverser la scène de long en large et de maltraiter le matériel, comme doit le faire tout punk, même avec un crâne dégarni et un cheveux grisonnant ! Il finit en nage, la chemise ouverte en grand et ne masque pas son plaisir durant le second rappel.

Si Gang Of Four n’ont jamais connu le succès commercial de leurs congénères, ils restent encore aujourd'hui un groupe dissident qui a le mérite, trente cinq ans plus tard, de remplir les salles.
setlist
    You'll Never Pay For The Farm
    Not Great Men
    Ether
    Parade Myself
    Paralysed
    A Fruitfly In The Beehive
    (Love Like) Anthrax
    It Was Never Gonna Turn Out Too Good
    What We All Want
    Why Theory?
    We Live As We Dream, Alone
    To Hell With Poverty!
    Do As I Say
    ----
    He'd Send In The Army
    At Home He's A Tourist
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    I Love A Man In Uniform
    Damaged Goods
photos du concert
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