Gang Of Four

A force d'entendre des New Yorkais (Interpol, Radio 4) se réclamer de leur musique, j'ai longtemps cru que Gang of Four venait de la grosse pomme. Il n'en est rien, ils sont de Leeds, au Royaume-Uni.

Très politisés, ils sont apparus sur la fin de la déferlante punk, en même que Joy Division par exemple. Avec ces derniers ils partageaient le goût pour les rythmiques syncopées et martiales, les guitares grinçantes et un même rejet du compromis. Ici leurs destins se séparent, les Gang of Four n'ont pas accédé au statut de groupe majeur, et c'est sans doute mieux pour leur santé.

Heureusement, un retour de vague post-punk les fait ressortir du panthéon des groupes influents. La scène punk-funk d'outre-Atlantique ne dira pas le contraire (Radio 4 donc, mais aussi The Rapture, !!!, les plus récents VHS or Beta et les plus anciens Red Hot Chili Peppers). La musique très extrême des Gang of Four a forcément bien plu aux ricains, mais les britons ne sont pas en reste. Les lignes de guitares qui se répandent de Bloc Party ou des Futureheads font aussi écho à celles de leurs aînés.

Quand la reconnaissance précède la renaissance, ça part d'un bon sentiment. En pro du musique business et musiciens de principes, les Gang of Four ne pouvaient néanmoins pas se contenter d'un Best Of classique, sorti il y a un an. Return The Gift est composé de deux disques, le premier de ré-enregistrements des classiques du groupe par le groupe lui-même. L'intérêt a surtout été de fournir des morceaux en multipiste numérique aux remixeurs, car les versions sont très proches des originales. Le son gagne en dynamique, mais cette modernité la place en concurrence avec celle plus contemporaine de leurs disciples. Et ici, force est de constater que les élèves ont dépassé les maîtres, la musique des Rapture est bien plus dansante, celle de Bloc Party plus pop et celle des Radio 4 plus mordante.

C'est là que le deuxième disque, celui de remix, prend tout son intérêt. Les jeunes peuvent faire du neuf avec du vieux. Comme les morceaux leurs sont connus depuis dix ou quinze ans, ils les ont apprivoisé. Par respect pour leurs héros, les remixeurs ont préservé l'esprit du Ganf Of Four, et le résultat de cette compilation en est d'autant plus agréable à écouter.

Au final, on préfère découvrir le Natural's Not In It agrémenté d'une touche de synthé analogique et saturé par les Ladytron ou I Love A Man In The Uniform avec la voix de Karen O en chœur. De la même façon que la Why Theory est boostée par les Amusement Park on Fire.