En pleine tournée pour la sortie de son cinquième album
Short Movie, Laura Marling jouait ce dimanche soir au Trabendo. Alors que l'on était en droit de s'attendre à un show mêlant la folk des débuts et le rock du dernier disque, elle prend à revers en délivrant un set d'une heure trente mettant tout autant en avant les guitares électriques que sa voix. Une configuration étonnante quand l'on a déjà assisté à quelques-unes de ses précédentes prestations.
La magie opère d'entrée de jeu avec les intimistes
Howl et
Walk Alone tirées de
Short Movie. Finie l'acoustique : armée de sa guitare électrique, l'artiste tout juste âgée de 25 ans, fascine de par sa présence sur scène et sa voix profonde et envoûtante. Intenses, les deux chansons sont interprétées d'une traite dans une atmosphère plus électrisante que jamais.
L'ambiance est ainsi donc placée sous le signe de l'électricité ce soir, prolongeant l'expérience procurée par le dernier album qui diffère fortement des précédents. Et, pour ne pas changer les bonnes habitudes, Laura Marling interprète les quatre premiers titres de
Once I Was An Eagle sur près de quinze sublimes minutes, qui sont ici réarrangés pour l'occasion dans une configuration rock sombre et tendue.

Place ensuite au rock'n'roll pur avec
I Feel Your Love, morceau incandescent à la PJ Harvey où les guitares s'affolent et la batterie nous prend les jambes, portées par la voix enflammée de Laura Marling. La belle
How Can I fait descendre la température de quelques degrés tout en nous embarquant dans son doux crescendo fait d'arrangements entre l'électricité harmonieuse des guitares et le jeu tempéré du batteur.
Intermède
I Speak Because I Do avec les somptueux
What He Wrote et
Rambling Man. Ce dernier arbore une tonalité et un rythme fortement différents de sa version studio, plus entraînants et décomplexés. S'ensuit
Love Be Brave de
Once I Was An Eagle où la songwriter alterne entre un « chanté-parlé » apaisant sur les couplets et ses intonations plus aériennes sur les refrains.
Retour ensuite à
Short Movie avec l'invincible
False Hope, composition rock'n'roll qui dévoile toute son ampleur en live, autant dans l'énergie qu'elle délivre musicalement que la voix de Laura Marling qui s'émancipe quelque peu et prend des airs rock et sexy en diable.
Poursuivant sur cette lancée,
Master Hunter révèle à son tour tout le potentiel scénique qu'il détient, toute électricité dehors, encore une fois mené par la chanteuse qui joue plus que jamais avec sa voix.
Strange n'est pas en reste, démontrant comme s'il en était encore besoin à quel point l'artiste est passée d'un folk délicat sur ses premiers albums à un son plus direct et électrique, sans pour autant ne rien perdre du charme et de la musicalité des débuts.

Intermède
A Creature I Don't Know à present avec
The Muse et
Sophia. Les deux compositions se font plus brutes que sur disque, affichant un rock'n'roll des années 70, à la fois bestial et entraînant. Dans la configuration actuelle choisie pour cette tournée, les arrangements de ces deux titres perdent dès lors de leur subtilité mais font le job en live, c'est-à-dire nous faire danser !
Et de danser il en est toujours question avec
Warrior, à la fois menaçant avec ses riffs acérés et sautillant avec son jeu de batterie frénétique.
Goodbye England (Covered in Snow) et la reprise de
Blues Run The Game (Jackson C. Frank) offrent ensuite une pause bienvenue dans un set qui se sera progressivement fait moins tendre avec nos jambes.
La jeune songwriter termine sur les deux dernières plages de
Short Movie. La douce
Worship Me nous plonge dans une atmosphère apaisante avant que
Short Movie ne conclue la soirée sur une touche plus énergique, durant laquelle les accords de violon virevoltent dans la salle, emportant le public avec eux dans une ambiance débridée et bon enfant.
Bien qu'on ne puisse une nouvelle fois trouver quoi que ce soit à reprocher dans une prestation de Laura Marling, on peut toutefois regretter l'absence totale de
Alas I Cannot Swim – des chansons comme
My Manic And I et
Ghost auraient pu être intéressantes dans des réarrangements électriques... Mais c'est aussi la preuve que Laura Marling a évolué depuis ses débuts en 2008 alors qu'elle n'avait encore à l'époque que dix-huit ans : une évolution qui, en sept ans et cinq albums, a toujours su se renouveler sans jamais faiblir ni perdre de son intérêt.