Bad Breeding

Une cave au parquet poisseux et aux murs de pierre avachis. Quelques bouteilles vides éparpillées, et un public clairsemé qui se demande pour moitié comment a-t-il pu atterrir ici. La Mécanique Ondulatoire se faisait ce soir le théâtre parfait pour accueillir les incroyables Bad Breeding, quatre anglais déchaînés aperçus au festival les inRocKs Philips en novembre dernier. Sauf que la scène du soir se trouve être bien plus petite que celle de la Cigale, sur laquelle ils s'étaient révélés. Suffisant quand même pour reproduire le même show ?



Les festivités sont ouvertes par Youth Avoiders, quatre français emmené par un leader qui braille des paroles inaudibles dans son microphone, accompagné de trois musiciens bourrins. Du punk, en somme. Et plutôt bon. Le public est prévenu, pas d'accalmie à prévoir. Fait suffisamment rare pour être noté, les membres du groupe tête d'affiche sont parmi nous et remuent allègrement la tête au son brut du groupe.

C'est ensuite au quatuor anglais de prendre le relai. A peine monté sur scène, le mur du son est installé et le chanteur se rue tête la première dans les enceintes pour mieux s'imprégner des mélodies teintées de larsen. « Désolé pour le prix des places, on offrira des t-shirts à la fin ! » lance-t-il une fois debout. Une posture qu'il ne ré-adoptera plus durant la suite des évènements.



Parler de « show » paraît quelque peu inadapté compte tenu de la rage sournoise qui anime le groupe. Il n'en demeure pas moins que dès les premières chansons, le public est subjugué. Totalement emporté par la puissance musicale de la guitare aussi distordue que reverbérisée, de la basse blindée d'effets aussi surprenant les uns que les autres. On fait corps avec les Bad Breeding. Littéralement, puisqu'à de multiples reprises, quand il ne s'écroule pas sous son guitariste, le chanteur vient hurler son flot de paroles dans la salle, agrippant à la tête des fans sur son passage, pour mieux les hurler les yeux dans les yeux.

Le set est court mais extrêmement intense. L'urgence à travers laquelle les onze morceaux sont exécutés emporte la salle dans une autre dimension. Tant est si bien qu'il est difficile de reprendre ses esprits une fois le mur du son affaissé. Le chanteur restera d'ailleurs assis perplexe, les yeux dans le vague un bon moment à l'orée de ce concert époustouflant. En point d'orgue, la rage de Burn This Flag, envoûtante au possible. Ce groupe serait capable de soulever une armée.



C'est donc avec les oreilles en feu que l'on quitte progressivement le sous-sol. Chacun repartant avec son t-shirt sous le bras, et une énorme claque. Les Bad Breeding ne gagneraient probablement pas à être connus, et il y a fort à parier pour qu'ils ne le souhaitent pas. Néanmoins, ils le méritent amplement.