La soirée aurait pu se dérouler au Cox, rue des Archives, ou dans n'importe quel bar gay friendly, quelque part dans le Marais... Jeunes hommes « hipsters » ou « swagg » en surnombre, la pilosité des visages, fièrement affichée, semble être le signe de ralliement de cette soirée électro pop ou néo disco donnée au Trabendo.
Après des trombes d'eau tombées tout au long de la journée, une accalmie se dessine et laisse, dans le parc de la Vilette, un spectacle automnal et des mares de boues un peu glaçants. Heureusement, la chaleur des très nombreux corps – mâles pour la plupart – présents pour le set de l'Irlandaise, ex chanteuse de Moloko, réchauffe l'atmosphère de la salle attenante au nouveau Philharmonique de Paris.
Sur une scène dont l'équipement électronique et afro beat n'a presque rien à envier à feu le groupe d'un autre Murphy (James), Róisín Murphy apparaît, après une longue attente, dans une tenue dont elle assume, seule, l'excentricité. Singeant, plus ou moins sérieusement les défilés de prêt à porter de la capitale, elle arbore, tour à tour lunettes géantes, tenues futuristes, foulards rétro et sacs à main inutiles.
À croire que pour Róisín Murphy, et à l'instar de son public des plus parisianistes, au sens le plus superficiel du terme, l'aspect scénique se doit de faire jeu égal avec la musique. Et c'est le cas. Car, si on s'en réfère aux titres « solo » joués ce soir (onze sur dix-neuf) – exceptions faites d'
Evil Eyes ou
Jealousy – il faut faire preuve d'un amour de la mode et de l'avant-gardisme incontrôlables pour apprécier des chansons comme
Gone Fishing ou
Dear Miami à leur juste valeur ; une valeur bien difficile à quantifier tant les constructions et les mélodies sont absconses ou absentes de ces chansons-là.
Ses musiciens ont beau s'escrimer, talentueusement parfois, pour donner corps à ses compositions, c'est bien du côté des reprises de Moloko, voire de David Morales (
Golden Era) qu'il faut regarder pour trouver dans ce set l'étincelle electro pop qualitative qu'une partie du public est venu chercher. Si
Dirty Monkeys amuse par son débridage, sauce free jazz, ce sont bien les réchauffés
Sing It Back ou
Familiar Feeling, joué en conclusion, qui donnent enfin l'impression d'assister à un live de Róisín Murphy digne de ce nom. Comme pendant le festival Heartbeats en juin dernier où elle se produisait, on reste largement circonspect sur ce show d'un genre nouveau où les nombreux changements de tenues tiennent plus du transformisme que du concert et on se demande encore pourquoi diable, le titre
Overpowered – qui, à lui seul, valait le déplacement – ne fait toujours pas partie de la setlist.
« La pop, c'est le sentiment que tu peux devenir artiste. Le rock, c'est quand tu n'as pas le choix ! ».