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Muse

Paris, AccorHotels Arena - 26 février 2016

Live-report par Déborah Galopin

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Si je vous parle d'un groupe de rock né en 1994 originaire du comté de Devon composé d'un bassiste d'un batteur et d'un guitariste hors pair dont les places de concerts s'arrachent en seulement quelques heures, cela vous dit quelque chose ? Bien évidemment, il s'agit de Muse ! Ils ont fait du chemin depuis leur tout premier album sorti en 1999, le mythique Showbiz. Certains auront tendance à répondre « malheureusement », mais si le groupe avait retrouvé le chemin de ce qui a fait leur succès passé ? Ce vendredi 26 février avait lieu la soirée d'ouverture du Drones World Tour en France. Le trio investissait l'AccorHotels Arena pour six dates – presque – consécutives.

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L'AccorHotels Arena est dans une configuration comme on ne l'a encore jamais vue. La scène est installée en plein milieu de la fosse pour une expérience à 360°. Elle comprend une partie centrale ronde et prolongée à ses extrémités de promontoires. Autant dire qu'elle en impose ! La foule, tout autour, attend de pied ferme les trois vedettes de cette soirée, mi-intriguée, mi-impatiente.

Après une première partie assurée par les X Ambassadors – on aura vu pire comme première partie – les forces spéciales font leur apparition. Ils viennent se poster autour de la scène, ce qui donne au public une drôle d'impression. Un casque sur la tête masque leur visage, tandis que deux lumières bleues telles des pupilles perçantes nous fixent. La salle n'est pas encore plongée dans le noir et pourtant cette entrée en matière fait vive sensation, nous projetant dans l'univers futuriste et autoritaire de Drones, plus vrai que nature.

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C'est sur le titre Psycho que Muse fait son apparition avec sa forte introduction clamée d'ordres et de « Aye, sir ! ». Dès l'instant où la guitare Matthew Bellamy s'élève, toute la salle se soulève dans un unique hurlement qui se prolonge en écho. Le batteur est placé à un endroit stratégique : au centre de la scène tandis que les deux autres membres se baladent. Si Christopher Wolstenholme est plutôt calme – mais loin d'être statique pour autant – Matt, lui, court d'un bout à l'autre de la scène pour donner à tous sans exception son quota d'émotion. Ils sont également accompagnés d'une quatrième personne en charge de la partie électronique. À demi enfoncée dans la scène, elle donne l'impression d'être le pilote de cet immense vaisseau spatial.

Les titres s'enchaînent les uns après les autres, sautant d'un album à l'autre. Muse a bien compris ce qu'attendait le public et ne se contente pas de nous recracher la totalité de Drones. Ils nous jouent plusieurs de leurs grands morceaux qu'ils piochent dans toute leur discographie, comme les indispensables Plug In Baby et Time Is Running Out, donnant lieu a une belle synergie. Le public chante le refrain de Starlight encouragé par les trois membres, saute sur Supermassive Black Hole et lève le poing sur Uprising tout en entonnant en chœur les paroles.
C'est une véritable performance que nous sert le groupe. La voix de Matthew Bellamy égale à elle-même ne montre aucun signe de faiblesse au cours de ces deux heures de concerts, rivalisant dans les aigües avec ses guitares trafiquées. Chacun des membres joue avec une facilité déconcertante, apparaissant tout juste un peu rouges au moment où ils viennent à s'énerver un peu. Pas un temps mort, les moments de répit n'étant accordés qu'à mettre en avant la beauté de certains de leur morceau comme avec United States Of Eurasia et ce puissant passage au piano.

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Muse sont presque prétentieux et ils en jouent dans leur mise en scène. On ne va pas se plaindre, car c'est ce que nous aimons chez eux. Imaginez Matthew Bellamy dont les poumons auraient été atrophiés et qui se serait contenté d'une classique Strat', plutôt chiant non ? Au lieu de cela on en prend plein les oreilles, mais aussi les yeux. Ils nous balancent des cinématiques à tour de bras, mais toujours savamment orchestrées et en accord avec ce qu'ils jouent. Parfois seulement sur cet écran à 360° et d'autres fois, ils descendent des écrans conçus en un fin voilage, de façon à ne jamais cacher les membres, tout en occupant la totalité de la surface de la scène – autant dire plusieurs mètres ! Les animations projetées sont soignées, entre 3D et dessins graphiques. Sans oublier les lancés de confettis sur Mercy, la scène qui tourne sur elle-même, ainsi que les ballons géants avec lesquels la fosse s'amuse avant d'être éclaté un à un par le manche de Chris et les baguettes de Dom.

Outre les indémodables, Muse nous sert deux moments forts avec The Handler et The Globalist, respectivement en début et en fin de set. Sur le premier, Matt et Do' sont tous deux à l'opposé l'un de l'autre et se font les marionnettes d'un immense humanoïde dont les mains tirent les ficelles. Le regard inquiétant du robot surplombe le stade, faisant des deux musiciens les instruments d'une force supérieure dont ils tentent dans leur parole de se défaire. « I won't let you control my feelings anymore / And I will no longer do as I am told / And I am no longer afraid to walk alone / Let me go / Let me be / I'm escaping from your grip / You will never own me again ». The Globalist, quant à lui, bien que relégué en fin d'album, est probablement la pièce maîtresse de celui-ci. Le morceau dure une dizaine de minutes, s'étalant en longueur, mais sans jamais nous ennuyer grâce à ses élans poétiques. Il englobe à lui seul une totalité, de la naissance du monde avec ses montées d'étoiles en filaments, jusqu'à sa fin orchestrée par l'homme et ses bombes nucléaires. Extrêmement progressif, connaissant des moments de plénitudes et de furie furieuse, de tension jusqu'à atteindre la grâce dans ce chant grégorien. Tout simplement scotchant... Il n'y a pas de doute, le génie et la grandeur de Muse sont bel et bien là ! Ils terminent leur concert avec Knights Of Cydonia, nous démontrant une dernière fois les performances vocales de Matthew Bellamy qui nous prend au corps. Le seul moment difficile à encaisser est ce silence, ce moment où on attend un rappel de plus qui ne vient pas, tout comme des drones qui devaient survoler Bercy et que l'on attend encore ! Nous n'aurons plus qu'à revenir un prochain soir pour prolonger ce concert et espérer avoir droit à quelques surprises supplémentaires.

Avec ce show, Muse nous font oublier la pop commerciale qu'ils nous avaient servie sur leur album précédent. Le groupe renoue avec ce qui a fait leur succès passé : ce mélange de rock lyrique, leur sens du détail et le soin apporté à leur live.
setlist
    Psycho
    Dead Inside
    Interlude
    Hysteria
    Plug In Baby
    The 2nd law : Isolated System
    The Handler
    Resistance
    Supermassive Black Hole
    Prelude
    Starlight
    United States Of Eurasia
    Munich Jam
    Madness
    Undisclosed Desires
    Reapers
    Time Is Running Out
    Uprisising
    The Globalist
    ---
    Mercy
    Knights Of Cydonia
photos du concert
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