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And Also The Trees

Paris, Petit Bain - 31 mars 2016

Live-report par Olivier Kalousdian

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Cela fait trente-cinq ans que les Anglais de And Also The Trees creusent les micro sillons d'un néo romantisme sombre et automnal. De retour sur une de leurs terres de prédilection, la France, avec un nouvel album à défendre (Born Into The Waves, sorti le 18 mars), ils investissent la scène mobile du Petit Bain à Paris, à guichets fermés !
Malgré une météo qui s'apparente à une mousson froide arrosant la capitale depuis plus de sept jours déjà, à 19h30, la file d'attente est déjà impressionnante en contrebas du quai François Mauriac qui héberge un grand nombre de péniches vouées au spectacle, au sport ou au divertissement.

Encore peu connus, Bärlin, groupe français de low rock aux sonorités free jazz, ouvre la soirée tardivement, sur les coups de 21h. Avec sa clarinette et son chant parfois possédé, Clément Barbier qui aime également user d'un mégaphone comme vocoder élémentaire conduit son public dans un univers de cabaret imaginaire version années 30 où se côtoieraient Wim Wenders, Tuxedomoon et Nick Cave.

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Toujours vêtus tels de gothiques dandys, And Also The Trees, la bande à Simon Huw Jones, s'est faite attendre. Mais avec dix-ept titres et un set de plus d'une heure trente, le public, beaucoup plus hétéroclite qu'on ne l'aurait prévu, générationnellement parlant, en aura pour son argent.
Your Guess, titre ouvrant le set et premier titre de leur nouvel album, Born Into The Waves donne immédiatement le ton avec son tempo apathique, la guitare « mandoline » de Justin Jones accompagné d'une caisse claire shuffle : une madeleine de Proust sous un crachin anglais, une cure de jouvence pour nostalgiques de la cold wave et autres amateurs de pénombres musicales, parfois inquiétantes...
Deuxième titre du set, le Dialogue qui s'ensuit et ses notes de bastringues sur la voix faustienne et les postures austères et impassibles de Simon Huw Jones nous rappellent, si besoin en était, pourquoi And Also The Trees ont si souvent assuré les premières parties de The Cure (qui ont largement contribué à leur découverte, en 1979).

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Après une heure de concert, Missing impose ses riffs stridents et son univers fantasmagorique à un public qui semble positivement tétanisé, comme spectateurs, pour la première fois de l'expressionnisme cinématographique d'un Friedrich Wilhelm Murnau. Prince Rupert et Rive Droite qui composent le premier rappel font presque figures de ballades sentimentales, à coté ! Une inversion d'ambiance vite tamisée par le très beau et très culte, Slow Pulse Boy et sa construction musicale totalement désorientante qui conclura le bal des vampires de ce soir.

Trop Anglais pour les Anglais, selon John Peel, And Also The Trees se sont toujours montrés plus inspirés par les mythes et les mystères des siècles derniers que par les modes et les courants au travers de leurs quatorze disques studio habités par autant de textes poétiques, servis par une instrumentation imposant un forte tension dramatique. Si les esprits du du rock clinquant et tapageur avaient leurs opposés, il est fort à parier qu'ils flotteraient dans cet épais éther qui entoure la carrière d'And Also The Trees.
setlist
    Your Guess
    Dialogue
    A Room Lives In Lucy
    Hawksmoor & The Savage
    The Sleepers
    The Legend Of Mucklow
    Virus Meadow
    Winter Sea
    Boden
    Only
    Shaletown
    Bridges
    Brother Fear
    Missing
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    Prince Rupert
    Rive Droite
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    Slow Pulse Boy
photos du concert
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