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Tindersticks

Paris, Théâtre des Bouffes du Nord - 20 avril 2016

Live-report par Emmanuel Stranadica

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C'est un acte en trois parties que les Tindersticks ont décidé de donner en se produisant du 19 au 21 avril dans le joli théâtre parisien des Bouffes du Nord. Forts d'un incroyable album, The Waiting Room, paru en tout début d'année, la bande de Newcastle a pour l'occasion divisé sa prestation en deux parties. Ce fonctionnement n'est d'ailleurs pas inédit pour le groupe puisque déjà en 2013, à l'occasion de la tournée de leurs vingt ans d'existence, leur concert s'était découpé en deux parties. La première d'ordre intimiste, la seconde plus groovy et rythmée.

Pour ce second soir au Théâtre des Bouffes du Nord, Stuart Staples et ses acolytes ont donc démarré leur récital avec une version intégrale et chronologique de leur dernier opus en date. Dans le même esprit que Suede en janvier dernier, les cinq britanniques ont illustré musicalement le DVD présent dans l'édition deluxe de leur dernier opus. Mais à la différence des Londoniens, la bande de Newcastle n'a pas frustré son audience en jouant derrière un écran sur lequel serait projeté le film. Le groupe est bien devant la toile géante qui envahit le fond de la salle. Dès l'entame c'est la beauté du son produit par les musiciens qui marque. La restitution sonore dans le théâtre est juste sublime et même si on perçoit une légère tension dans la voix de Stuart Staples lors du premier morceau du concert, Second Chance Man, Follow Me inaugurant le disque ayant servi d'intro à l'arrivée du groupe sur scène, celle-ci va très vite se dissiper.
Dès les premières notes de l'hypnotisant Were We Once Lovers?, avec sa vidéo en accéléré et le gimmick au clavier que l'on retrouvera un peu plus tard dans la soirée, on se retrouve totalement plongé dans l'univers de The Waiting Room.

Mais c'est assurément Help Yourself qui va envoûter le public en ce début de concert. La composition la plus complexe du disque prend incroyablement vie sur scène. Stuart Staples semble être en transe au cours de la performance de la chanson et les deux saxophonistes qui accompagnent les cinq anglais sur scène ajoutent une dose supplémentaire de magie musicale au concert. Claque littérale et parfait réussite qui montre combien le groupe a su évoluer au fil des années. Hey Lucinda voit Stuart se charger de l'intégralité de la partie vocale mais ne perd pas en émotion pour autant. Son final orchestré par les cuivres est une petite merveille.
Le concert est très intense, et on notera comme autre moment fort la performance de The Waiting Room. Dan Mc Kinna, bassiste du groupe, prenant la place de David Boutler. Le groupe devenant trio pour l'occasion, Stuart Staples et Earl Harvin, génial batteur des Tindersticks, se retrouvant dans une semi-pénombre pour une version intime de la chanson. Le leader du groupe quitte à son tour la scène et c'est juste en duo que les musiciens restant interprètent Planting Holes, instrumental intimiste de l'album. La formation revient au grand complet pour une version puissante de We Are Dreamers!, sans Jehnny Beth. Ce sont Earl et Dan qui accompagnent ici vocalement le chanteur. La première partie du concert touche déjà à sa fin. Le très beau Like Only Lovers Can avec ses images de taxidermie termine le set. Le groupe abandonne la scène sur une seconde diffusion de Follow Me, juste le temps de créditer toutes les personnes impliquées dans l'écriture des chansons et la réalisation des vidéos de l'album.

Vingt minutes d'entracte s'écoulent et les Tindersticks nous reviennent pour la seconde partie du spectacle. C'est avec un cover de Peggy Lee, le poignant Johnny Guitar, que le set débute. Déjà découverte lors de leur concert donné à la Philharmonie de Paris en début d'année dernière et magnifiée par le son de la guitare acoustique de Neil Fraser, cette éblouissante reprise nous entraîne dans l'ambiance sonore qui officiera lors de la majeure partie de cette seconde moitié de spectacle. Keep You Beautiful constitue le premier comeback dans la discographie du groupe. Medicine qui la suit avec son clavier lancinant ne fera que davantage sublimer l'atmosphère. On le savait déjà depuis un bon moment mais il règne sur cette formation des Tindersticks une osmose folle entre les musiciens. Le calme et l'élégance musicale de David Boutler et de Neil Fraser apportent un supplément divin à l'univers musical du quintet. On retrouve avec un immense plaisir le classique She's Gone, inspirateur évident du gimmick au clavier présent sur Were We Once Lovers?. Il n'y aura quasiment que Boobar Come Back To Me pour modifier le rythme dans ce set.

Ce qui ne signifie nullement que l'on s'ennuie, bien au contraire d'ailleurs ! Les Tindersticks ont l'immense vocation de pouvoir transporter leur audience à l'aide de somptueuses mélodies dont ils ont le secret. Sleepy Song, Slippin' Shoes et surtout l'impeccable Show Me Everything interprétés dans ce théâtre apportent au concert un long moment de perfection. Et même si Stuart Staples reste inlassablement discret entre chaque chanson, on ne que se réjouir d'assister à une performance aussi joliment orchestrée. A Night So Still vient conclure cette seconde partie de concert, mais le groupe n'en restera pas là. Le final sera constitué, comme souvent, de deux extraits de Waiting For The Moon. Si ce disque n'est pas une référence pour le chanteur, ce dernier reste fortement attaché à Sometimes It Hurts et surtout My Oblivion. On le comprend !

Cette fois c'est bel et bien terminé. Deux heures riches en émotion dans un cadre aussi magique, que pouvait-on vraiment demander de plus ? Peut-être avoir l'envie d'y retourner ce soir.
setlist
    Follow Me (Intro)
    Second Chance Man
    Were We Once Lovers?
    Help Yourself
    Hey Lucinda
    Fear Of Emptiness
    How He Entered
    The Waiting Room
    Planting Holes
    We Are Dreamers!
    Like Only Lovers Can
    Follow Me (Exit)
    ---
    Johnny Guitar (Peggy Lee cover)
    Keep You Beautiful
    Medicine
    She's Gone
    Boobar Come Back To Me
    The Other Side Of The World
    Sleepy Song
    Show Me Everything
    Slippin' Shoes
    A Night So Still
    ---
    Sometimes It Hurts
    My Oblivion
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