Tindersticks

Les Tindersticks ont vingt ans d'existence. Et comme pour savourer un bon whisky, c'est dans la salle mythique de l'Olympia que les anglais ont décidé de célébrer cet évènement à l'occasion de leur passage dans la capitale.

Bien évidemment un anniversaire est synonyme de surprises. Et la première est de taille puisque vers 20h15 ce sont les Tindersticks qui entrent en scène. Stuart Staples s'assoie sur un tabouret situé au centre de la scène et susurre au public qu'un premier set intimiste du groupe va ouvrir cette soirée. Il y aura donc deux concerts du groupe le même soir ! C'est avec Tricklin', chanson dépoussiérée de Can Our Love..., dans une version interprétée par Stuart Staples et David Boutler, que tout commence donc. Si c'est le vert qui prédomine sur la pochette de l'album anniversaire Across Six Leap Years, ce sont principalement les lumières bleues qui vont colorer ce concert. Marseilles Sunshine, Come Feel The Sun et surtout l'inattendu Hushbaye Mountain, balade pour enfants composée par les frères Sherman que Stuart avait reprise à l'occasion de la compilation Songs For The Young At Heart, s'enchainent dans cette première demi-heure de concert. Terry Edwards est bien évidemment présent et deux autres musiciens aux cordes viennent avec celui-ci épauler le quintet de Nottingham et apporter une lumineuse orchestration supplémentaire au son déjà somptueux produit par le groupe dans la salle de l'Olympia. Le set se termine avec Medicine, perle classieuse issue de The Something Rain, dernier véritable album du groupe paru en 2012.

Après vingt minutes de pause, on prend les mêmes et on recommence mais cette fois on attaque le plat de résistance. A la troupe de musiciens vient s'ajouter une choriste portant à neuf le total de participants pour cette cérémonie. C'est Sometimes It Hurts qui ouvre la seconde partie de la prestation des Tindersticks. Morceau de choix pour cette entame et qui va voir le groupe tout au long de ce set revisiter une partie de sa discographie, dans une prestation certes moins intime que lors de l'exercice précédent mais qui conserve cette classe inégalable. Car si on pouvait s'attendre principalement à une relecture des chansons de The Something Rain, les britanniques ne sont pas en reste avec Waiting For The Moon dont trois extraits seront joués, notamment My oblivion, morceau que Stuart Staples affectionne tout particulièrement. City Sickness, pourtant souvent délaissée lors des dernières tournées, fait également son grand retour dans la setlist du concert. Ce sera le seul comeback vers leur premier album.
Si les Tindersticks ont atteint ces dernières années un véritable apaisement dans leurs compositions, certaines chansons conservent une indiscutable tension qui fait partie de leur identité à part entière. C'est le cas de Say Goodbye To The City, jouée une fois encore de façon très habitée. Cependant le côté soul et très harmonieux reprend vite ses droits avec une version de toute beauté de I Know That Loving. Le concert se termine avec What Are You Fighting For?, petit joyau initialement disponible uniquement sur un 45 tours , que le groupe a très judicieusement pris soin de réenregistrer sur sa compilation anniversaire. Illuminé par un unique faisceau de lumière présent sur scène, David Boutler égraine majestueusement les dernières notes de cette chanson sur son clavier avant que ne vienne se refermer ce set à la fois émouvant et passionnant.

Le groupe reviendra pour un rappel de trois chansons. Travelling Light, qui verra la magnifique et intense union des voix de Stuart Staples et sa choriste se mêler à l'instrumentation prestigieuse des sept autres musiciens, secondé par un Can We Start Again? ne demandant qu'à faire perdurer cette soirée, à défaut de pouvoir la recommencer. Enfin, My Sister, longue et passionnée, achèvera cette fois pour de bon ce show qui aura duré en tout deux heures. La fête est bien terminée et on ne peut déjà qu'aspirer à retrouver les Tindersticks dans dix ans pour une nouvelle célébration d'anthologie.