Un Trianon ardent pour le deuxième concert parisien 2016 du groupe Daughter.
Une première partie sublimée par Dan Croll, originaire de Liverpool, avec une formation légère pour des sonorités qui nous transportent dans un imaginaire proche des Prairies canadiennes.
Puis Daughter, comme une grande envolée, dans ce théâtre de style éclectique, mêlant Napoléon III et architecture classique 1900, débutent par des
New Ways « I need new ways to waste my time» . L'audience tremble et s'agite, vague d'excitation. Tous ces riffs rock, c'est hypnotique !
Sur
Numbers, la chanteuse clame « I feel numb », et nous aussi, on se sent tout engourdi par cette voix argentée. Un chant lyrique, qui rappelle les origines vocales religieuses d'Elena Tonra. L'utilisation d'outils techniques qui élargissent l'espace et créent un son hors du commun. Des vibrations extra-terrestres. Une création sans limite.

Timide par moments, sa voix laisse place aux instruments pour des passages qui unissent les cœurs dans la salle. Nous sommes comme envoûtés, perdus dans un labyrinthe, avec pour seul repère ce chant, tel une lumière sacrée nous guidant vers un macrocosme de songes. Nos esprits avancent en procession chamanique, c'est le rituel daughterien. Sur le « distant into daylight » de
How, une lumière aveuglante jaillit, nous éblouit.
« Tomorrow, don't bring tomorrow 'cause I already know I'll lose you ». Une chanson qui frôle la folie, un kaléidoscope de papillons. Un merveilleux voyage aérien. On plane.
Puis vient le temps des « oldies goodies » et autres valeurs sures. Le temps de
Youth. Un succès dans ce lieu apaisant, une vraie douceur intimiste. Sur
Smother on suffoque, on respire... Daughter nous offrent un nouveau souffle. C'est un cocon, une bulle de douceur. L'audience vers une larme. Le bonheur à en pleurer. Ici ça faisait longtemps que cela ne nous était pas arrivé.
Shallows, une ballade touchante avec son « Let the water rise ». Un solo de guitare. Des sonorités étoilées. Un dynamisme larmoyant. « will you run away, will you run away »... On sent la fin proche, les riffs rock et les tonalités électro nous semblent lointaines. Le public est en quête d'ascension. Battage de pieds dans l'audience, le théâtre italien prend des airs de stadium.

Espoir sur
Candles, pas prévue dans la setlist, avec son « blow out the candles ». On retrouve du poil de la bête. Décollage, aller simple vers la liberté. Le final :
Fossa. Entre nostalgie mélancolique et ouverture de perspective. Un gout d'apogée, de concrétisation. L'ultime symbiose du public avec Daughter.
On se dirige lentement vers la sortie, pour prolonger le plaisir, on fait diversion en discutant avec le public restant de fans inconditionnels, qui attendra le groupe jusqu'à sa sortie. Les émotions sont contagieuses et les mots des cris du cœur : « Génial, musique inhabituelle. Présence étrangère, vraiment cool ! », « De très belles harmonies de groupe, une musique super aboutie ! », « Rock mélancolique, ça touche et ça parle »...
Étoffé, grandi, plus qu'un espoir, Daughter est un grand groupe.