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Joe Goddard

Paris, Badaboum - 27 avril 2017

Live-report par Cassandre Gouillaud

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C'est après la sortie de son second album solo, Electric Lines, que Joe Goddard, pour l'occasion échappé de Hot Chip, nous donne rendez-vous en cette fin de mois d'avril au club phare du onzième arrondissement. Les conditions devaient être réunies pour une soirée survoltée, un exercice que l'on sait souvent bien maîtrisé par le musicien et producteur dont le talent n'est plus à démontrer.

Celle-ci débute pour le moment sur une touche française, qui est celle du duo Ambeyance, qui restera après son set la jolie découverte de la soirée. Se décrivant comme auteurs d'une « rainbow synth-pop », ils ne déméritent pas à la tâche et parviennent au fil de la musique à faire danser un public que l'on sent pourtant comme attrapé sur le vif, saisi un peu trop tôt pour rentrer immédiatement dans leur jeu. C'est un bel arc-en-ciel aussi bien visuel que sonore nous parvenant depuis la scène qui finira par les convaincre, à travers ce mélange d'époques et d'influences aux beats acérés. Ambeyance nous offre un plaisir délicieusement rétro, et loin d'être coupable, qui se fait de plus en plus électrisant au fil de la, trop courte, demi-heure de set qui leur est accordée.

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Après cette mise en route des plus efficaces, vient l'attente qui permet un bref détour au bar et nourrit les espérances quant au set à suivre. Electric Lines est un album aux nombreuses qualités, qui parvient à la fois à multiplier l'inclusion des genres musicaux et à les lier entre eux au travers d'une harmonisation commune. Pour autant, son efficacité n'est pas si immédiate en live. Joe Goddard, accompagné au cours des premiers morceaux par Valentina, qui chante également sur l'album, mise sur un démarrage assez lent. Se succèdent dans une première phase des titres pop chantés, comme Human Heart et Ordinary Madness, qui s'enchaînent bien poliment et restent trop lisses pour être accrocheurs. Là est toute la complexité de la musique de Joe Goddard, qui, à être à la frontière des genres, peine ici à trouver sa place et à se développer sous sa forme pop.

C'est dans une seconde partie de set qu'est pleinement développée l'électro vibrante et dansante qu'on lui connaît. Le set peut alors prendre en rythme et en grandeur, alors que Joe Goddard fait part de toute son intelligence musicale dans une construction à la puissance graduelle et équilibrée.

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Les sonorités s'entremêlent aux beats, alors que les titres phares de Harvest Festival et de Electric Lines propulsent le Badaboum dans une euphorie agitée, consacrant en dernière instance la presque réussite du pari de la soirée. Le set s'achèvera finalement avec le retour de Valentina pour une poignée de morceaux supplémentaires, dont un Gabriel que l'on se remémore comme magistral.

Sentiments partagés, donc, vis-à-vis de ce set dont l'on ressort tout de même bien plus convaincu que durant ses premières minutes. Il semble que vis-à-vis de l'album, cette cohésion d'ensemble qui avait paru si bien maîtrisée n'ait pas passé l'étape du live. Pour autant, Joe Goddard confirme bel et bien son essentielle et incontestable maîtrise musicale, qui est d'autant plus remarquable lorsqu'elle se déploie dans une salle de concert.