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Kae Tempest
Savages

Paris, Days Off Festival - 4 juillet 2017

Live-report par Emmanuel Stranadica

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C'est une double affiche de luxe qui était proposée lundi soir dans le cadre du festival Days Off à la Cité de la Musique : Kate Tempest versus Savages. La slameuse contre les sauvages. Autant dire qu'on ne s'attendait pas à une soirée tranquille. Et on ne fut pas déçus !

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Kate Tempest ouvre les hostilités. Pendant une heure la Londonienne va d'une manière incessante lâcher des mots, souvent des injures, à l'attention du monde dans lequel nous vivons. Souvent ce seront des revendications politiques et critiques à l'encontre de la royauté et du gouvernement britannique, notamment face à son inaction en réponse aux attentats mais aussi le Brexit qui touche l'Angleterre, ainsi que la guerre. Sa prose acide est bercée par trois musiciens. Un membre à la batterie électronique, un autre aux claviers et un dernier derrière ses machines. La musique se fait sombre et oscille entre dubstep et trip-hop. Kate Tempest raconte des histoires et enchante le public. On sent la rage et la colère dans son discours et dans sa manière de s'exprimer. Dégageant une très forte personnalité, la trentenaire pourtant pas très grande clouerait le bec (et a certainement déjà dû le faire) à bon nombre de personnes qui oseraient la contredire. Son concert relève d'une réelle performance et une grande partie du public accroche follement à celui-ci, même si entrer dans son monde n'est pas forcément chose aisée. En tout cas, elle ne laisse pas indifférent, qu'on apprécie son style ou pas.

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Il faudra attendre près de 22h10 pour que les quatre Savages montent à leur tour sur scène. Gemma Thompson, la guitariste, se présente la première et s'amuse à faire rugir sa guitare en attendant qu'Ayse Hassan, la bassiste, et Fay Milton à la batterie ne prennent possession de leurs quartiers. Jenny Beth arrive en dernier, tout de noir vêtue, veste ouverte sur un simple bustier. Le démarrage est brutal avec I Am Here et conservera ce tempo pendant la quasi-totalité du concert. Le son se fait puissant, strident également. Une partie du public pogote dès le second titre. L'ambiance est un peu survoltée. Il faut dire que les quatre filles mettent le paquet. La basse se fait ultra métallique sur City's Full alors que la guitare est rageuse et la batterie pétaradante. Jenny Beth, quant à elle, semble souvent habitée comme exécutrice d'un rituel, pour ne pas dire d'une messe. L'éclairage est minimaliste, des fumigènes s'y ajoutent. "We're gonna play an old and angry song!" lâche la chanteuse avant l'éxécution de Shut Up. On sent les sièges vibrer ! "Approchez-vous, n'ayez pas peur" insiste la française, redevenue parisienne depuis peu, avant l'entame de Husbands.

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On parle souvent de Siouxsie And The Banshees en termes d'influences, ce qui est indéniable notamment à cause du timbre vocal de la chanteuse, mais la guitare sonne parfois aussi très Sonic Youth, surtout dans ces moments entre les chansons où le calme pourrait revenir, mais où Gemma Thompson en profite pour donner encore plus de matière au son du groupe, comme sur I Need Something New qui est enchainée à The Answer. C'est sur cette chanson que Jenny Beth choisit de se jeter dans le public. Elle se retrouvera debout sur son audience un tout petit peu plus tard. Elle finit par sortir de scène après cinquante-cinq minutes de concert effrénées. Les trois autres musiciennes ne rendent pourtant pas les armes. Ayse et Gemma s'amusant à déverser des sonorités bien électriques. Au retour de la chanteuse, le rythme baisse provisoirement avec Mechanics, malgré une fin de chanson une fois encore très musclée. Adore confirme cette tendance et puis le show se termine avec l'inévitable Fuckers long de huit minutes. Jenny Beth annonce juste avant que ce sera le dernier concert de Savages à Paris avant un bon moment. Gageons que le quatuor va se lancer dans l'écriture de son troisième album.

Un show plein et puissant, un autre fort et percutant, on se souviendra longtemps de ces deux performances très différentes, certes, mais dont on n'est pas sorti indemne.
setlist
    KATE TEMPEST
    INDISPONIBLE

    SAVAGES
    I AM HERE
    SAD PERSON
    CITY'S FULL
    SLOWING DOWN THE WORLD
    SHUT UP
    HUSBANDS
    WHEN IN LOVE
    SURRENDER
    I NEED SOMETHING NEW
    THE ANSWER
    HIT ME
    NO FACE
    T.I.W.Y.G.
    MECHANICS
    ADORE
    FUCKERS
photos du concert
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