logo SOV

U2

Paris, AccorHotels Arena - 8 septembre 2018

Live-report par Emmanuel Stranadica

Bookmark and Share
Un peu plus d'un an après leur passage au Stade de France dans le cadre des trente ans de l'album The Joshua Tree, U2 donnaient ce samedi soir à l'AccorHôtels Arena de Paris le premier de quatre actes de la tournée eXPERIENCE + iNNOCENCE. Dans l'enceinte à la configuration scénique proche de celle de la tournée dédiée à Songs Of Innocence, le public déjà bien présent une grosse demi-heure avant le concert s'échauffe au son du Red Right Hand de Nick Cave, du Heroes de David Bowie (en version française) ou encore du In Between Days de The Cure.

Mais vers 20h30, lorsque résonne It's A Beautiful World de Noel Gallagher, en probable souvenir des bons concerts du mancunien qui ouvrait pour les irlandais lors de la tournée précédente, l'intensité monte d'un cran. Les écrans s'allument et commencent à diffuser bon nombre d'images telles qu'une IRM du cerveau, un Charlie Chaplin en dictateur sur un medley musical Love Is All We Have Left/Zooropa. Le groupe caché derrière les vidéos de la scène centrale apparait enfin et démarre avec The Blackout. Lui ensuit Lights Of home, mais c'est surtout avec I Will Follow, premier simple du groupe, que le concert va être lancé. Le public est en ébullition sous le son de guitare acéré de The Edge, la basse lourde d'Adam Clayton et les coups de batterie de Larry Mullen Jr. Beautiful Day sera de même nettement mieux accueilli que Red Flag Day. On l'aura bien compris le public de fans est là et une large majorité est venue pour écouter d'autres chansons que celles issues du dernier album de U2.

Les irlandais surprennent toutefois tout le monde avec The Ocean, autre vieillerie extraite de Boy, petite plage pas forcément des plus populaires, avant de lui enchainer Iris (Hold Me Close) dans une version live et visuelle assez conforme avec celle que l'on connaissait déjà. Cedarwood Road interprétée juste ensuite constituera le second et dernier retour vers Songs Of Innocence. Si le groupe interprète la plupart des chansons sur la scène principale, il n'en demeure pas moins que celui-ci exécute également des titres et non des moindres tels que Sunday Bloody Sunday sur la scène centrale.
Sur un drapeau irlandais projeté sur le sol de la scène, les quatre artistes livrent une version semi acoustique, encore un peu revisitée par rapport à la tournée précédente, d'un de leurs plus gros tubes. L'explosion d'une bombe qui la conclut produit un drôle d'effet dans l'enceinte. Entre Le massacre irlandais de 1972 et ce qui pourrait signifier la fin du monde, Until The End Of The World trouve une place de choix dans le set. Bono n'a jamais eu sa langue dans sa poche et ce soir encore à plusieurs reprises, il dénoncera la politique de certains partis et les actions anti-migrants un peu partout dans le monde.

Le groupe disparait quelques instants. Cinquante minutes du concert viennent de s'écouler, et même si nous n'avons pas vu le temps passer, il manque un je ne sais quoi pour nous surprendre. Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill Me et son cartoon visuel servent d'interlude avant que le groupe ne revienne sur scène. Dès les premières notes d'Elevation le public s'enflamme. De retour sur scène sur la petite scène ronde, Bono a échangé la tenue de jean noir contre une veste de costume, un pantalon de cuir et chapeau haut de forme. Adam dans une veste aussi blanche que ses cheveux déverse des sons de basse très groovy. Le concert prend alors une autre dimension. Vertigo, single pas forcément des plus intéressants, se glisse parfaitement à ce moment du concert. La chanson dont le final connait un redémarrage final inattendu est sacrément efficace. Even Better Than The Real Thing s'avère quant à elle presque dansante. Bono présente ses musiciens au cours de son interprétation.

Au-delà d'une seconde partie de set plus pêchue, U2 nous surprennent cette fois avec de nouveaux écrans, ronds et scintillants, situés au-dessus de la scène principale et la scène opposée (ronde). Transformé en MacPhisto (sorte de croisement entre le joker de Batman et Méphistophélès) sur les écrans, Bono semble se délecter de jouer ce personnage démoniaque. Cette mise en scène se conjugue à merveille avec un des sommets d'Achtung Baby, Acrobat dont la force du texte à lui seul fait sens, notamment ce Don't Let The Bastards Grind You Down. Intense et remplie d'électricité, la chanson n'avait jamais été interprétée sur une tournée auparavant.
L'adrénaline redescend le temps d'un You're The Best Thing About Me et de Summer Of Love, ce dernier uniquement interprété par Bono et The Edge. Le groupe se dispatche alors aux quatre coins de la salle pour une version de Pride (In The Name Of Love) anti-haine, Bono tapant une fois encore sur la malveillance prodiguée par le parti d'extrême droite français. « I love you Paris, I love you France » : il y a toujours beaucoup d'amour chez U2, peut-être un peu trop même, mais peut-on blâmer les Irlandais de s'avérer opposants aux guerres, aux injustices et au racisme ? Le groupe va même jusqu'à se montrer pro-européen en brandissant le drapeau de l'Europe juste avant New Year's Day et diffusant des dessins de chaque pays qui la constitue avant d'interpréter City Of Blinding Lights, en terme de conclusion d'un show bien plus convaincant dans sa seconde partie. Le groupe salue son public puis quitte la scène.

Deux minutes plus tard, Jim O Rourke et son fameux Woman Of The World retentit dans la salle sur des images dédiées aux femmes et aux inégalités dont elles sont victimes partout dans le monde. L'interprétation de One, premier titre du rappel, se fera dans un éclairage minimal, la salle de spectacle se retrouvant illuminée par des portables par milliers. Après de multiples remerciements le concert de U2 se conclue comme sur leur dernier album, avec Love Is Bigger Than Anything In Its Way et surtout la petite perle 13 (There Is A Light). Un bien bel épitaphe après deux heures dix de concert où la part belle fut faite à Songs Of Experience, et où nous avons surtout vibré au cours de sa seconde partie.

U2 reste une énorme machine produisant des shows hors du commun. Ce qui leur permet de réussir à captiver leurs audiences, même si les dernières compositions ne sont plus aussi passionnantes que celles d'auparavant. Second round ce dimanche !
setlist
    THE BLACKOUT
    LIGHTS OF HOME
    I WILL FOLLOW
    RED FLAG DAY
    BEAUTIFUL DAY
    THE OCEAN
    IRIS (HOLD ME CLOSE)
    CEDARWOOD ROAD
    SUNDAY BLOODY SUNDAY
    UNTIL THE END OF THE WORLD
    ELEVATION
    VERTIGO
    EVEN BETTER THAN THE REAL THING
    ACROBAT
    YOU'RE THE BEST THING ABOUT ME
    SUMMER OF LOVE
    PRIDE (IN THE NAME OF LOVE)
    GET OUT OF YOUR OWN WAY
    NEW YEAR'S DAY
    CITY OF BLINDING LIGHTS
    ---
    ONE
    LOVE IS BIGGER THAN ANYTHING IN ITS WAY
    13 (THERE IS A LIGHT)
Du même artiste