Les Commotions ne sont plus depuis près de trente ans (malgré une brève reformation pour quelques concerts en 2004). Cela n'empêche pas leur leader, Lloyd Cole, de sortir des albums studio plus ou moins en solo (certains ayant été enregistrés avec The Negatives) et de tourner, notamment en Europe, en formation plus que minimale, puisque c'est seul que le britanniques venait donner un concert dans la très belle salle des Bouffes du Nord.
Composée de deux sets, entrecoupés d'un break, la performance live de Lloyd Cole retrace deux (larges) moments de sa carrière. On les appellera les années Universal avec, d'une part 1983 à 1989 avec les Commotions, et d'autre part la première partie de sa carrière solo, de 1988 à 1996. Ce sont les disques de cette période compilés dans deux jolis coffrets (et augmentés de bonus inédits) que Lloyd venait donc revisiter sur scène.
Sous un éclairage minimaliste, deux guitares, un microphone, une table et un chevalet ornent la scène. L'anglais entre sur scène à 20h42. Veste en jean brut et pantalon assorti, l'artiste débute son concert avec une magnifique version de
Patience. Les Commotions sont à l'honneur en ce début de set.
Perfect Blue et
Rattlesnakes suivent le morceau d'ouverture. C'est alors que Lloyd cole s'adresse au public et déclare dans un français parfait : « Vous n'avez pas l'air si jeunes ! ».

Alternant chansons solo et morceaux composés avec les Commotions, l'exilé aux Etats-Unis prend plaisir à plaisanter. Aux retardataires venant juste s'installer, il lance un : « Bonsoir, vous venez juste de rater
Rattlesnakes ». Le public est évidemment conquis par le charisme du bonhomme. Un petit loupé sur
Pretty Gone, ponctué d'un « Oh » par l'interprète nous empêche d'attribuer un sans-faute à ce premier concert. Il convient toutefois d'insister sur la grande qualité de cette prestation. Une version presque country de
My Bag et un
Butterfly enchaîné au
Famous Blue Raincoat de Leonard Cohen viennent amplement gommer l'incident. La première partie se termine avec le classique
Jennifer She Said pour le plus grand plaisir du public, après quarante-cinq minutes de concert passionnant.
Vingt-cinq minutes de pause, le temps de nous remettre de nos émotions et surtout de laisser l'artiste souffler un peu après une telle performance. Le concert reprend comme il avait débuté. Un des grands classiques des Commotions inaugure cette seconde partie :
Are You Ready To Be Heartbroken?. Après la superbe
Like Lovers Do, c'est
Easy Pieces qui se retrouve à l'honneur avec pas moins de trois morceaux joués consécutivement dont la superbe
Why I Love Country Music avant laquelle Lloyd Cole nous apprend qu'il ne porte plus de lentilles et qu'il a de plus en plus de mal à lire son prompteur de loin.

Il nous livre ensuite une petite leçon de français : « En 1988 j'ai déménagé à New-York. J'ai sorti mon premier album solo, j'ai grandi mes cheveux et j'ai inventé le post-féminisme ». A cela il enchaîne un
Undressed aux paroles un peu corrigées ; remplaçant « Rome, Tennessee » par « Rome, Italie ». Le public est sous le charme. Le britannique nous gratifie ensuite de
Don't Look Back, quatrième et dernier extrait de son premier solo qu'il finit quasiment en version unplugged. Lloyd Cole nous apprend alors qu'il enregistre des nouvelles chansons, principalement au piano et au clavier. Il informe alors le public que s'il peut sembler parfois ému ce soir, c'est simplement parce que ses doigts sur la guitare le font souffrir. Pince-sans-rire, jusqu'au bout le New-yorkais déclarera un peu plus tard que tous les anglais ne sont pas idiots, seulement la moitié. Ceux présents aux Bouffes du Nord apprécieront ! Le concert se termine avec deux grands classiques,
Perfect Skin et
Lost Week-End dont la réinterprétation acoustique rappelle sérieusement
The Passenger d'Iggy Pop.
Cinquante minutes de concert pour ce second set, complétées, après un très rapide retour sur scène de Lloyd Cole, d'un rappel majestueux.
You're A Big Girl Now de Bob Dylan, qu'il n'avait pas interprétée sur scène depuis des années, suivie de l'inévitable
Forest Fire, achèvent une performance riche en émotions et de toute beauté. Les chansons restent magiques malgré les années qui passent. Lloyd Cole nous reviendra probablement une fois son nouvel album terminé. Cela sera pour notre plus grand plaisir !