Lloyd Cole

Après nous avoir gratifié d'un magnifique album en 2019 et de plusieurs concerts en France, Lloyd Cole est reparti en tournée pour deux mois. Cette seconde partie du From Rattlesnakes To Guesswork Tour passait par Paris où l'anglais, résidant maintenant dans le Massachussets, se produisait dans l'Église Saint-Eustache. Si l'idée était excellente pour l'endroit, elle le fut par rapport à la saison. Cependant, cela ne nous a pas empêchés d'assister à un somptueux concert en deux actes où l'acteur principal s'est produit seul dans un premier temps, puis accompagné de Neil Clark dans le second.

Il est un peu plus de 20h30, Bob Hund vient tout juste de finir d'être diffusé dans les enceintes disposées sur l'estrade située au bout de l'église. L'endroit est plein comme un œuf, l'événement affichant complet déjà depuis plusieurs semaines. Tout de jean sombre vêtu et écharpe autour du cou, l'anglais arrive sur scène et débute avec l'impeccable Past Imperfect. "Vous n'avez pas l'air si jeunes non plus" lance-t-il dans un français parfait à une audience séduite. Comme à l'accoutumée, Lloyd Cole se montrera assez taquin et drôle avec son public tout au long du set. C'est aussi pour cela qu'il est très apprécié même si bien évidemment c'est avant tout pour ses chansons et le traitement acoustique qu'il leur donne que ses fans se déplacent en masse. D'ailleurs, nous étions là, il faut bien l'avouer, pour découvrir les chansons de Guesswork, son dernier disque électronique. Et nous ne fumes pas déçu.
En effet, le rendu acoustique de The Afterlife et de Moments And Whatnot est vraiment superbe. Tellement différentes sur disque, les deux chansons prennent une toute autre dimension avec cette interprétation solo à la guitare acoustique. Lloyd Cole nous gratifiera du magnifique Late Night, Early Town en conclusion de trente-cinq minutes de toute beauté au titre de sa propre première partie.

Une vingtaine de minutes plus tard, c'est accompagné de son vieil ami Neil Clark qu'il revient sur scène, une tasse de thé bien chaude à la main, la température n'étant pas très élevée dans l'édifice. Débutant avec le classique des Commotions, Are You Ready To Be Heartbroken?, le duo nous illumine avec les sonorités acoustiques de leurs guitares. Si Lloyd Cole a donné un set d'excellente qualité en solo, la partie principale du concert est encore meilleure. L'ancien guitariste des Commotions et collaborateur de longue de date du chanteur/guitariste apporte une autre dimension aux compositions jouées en live. Terriblement appliqué lors des chansons, Neil embellit les chansons de son compère avec les sonorités cristallines qui sortent de sa guitare.
Enchainant deux medleys consécutifs, The Over Under/Sentimental Fool d'abord, puis Why I Love Country Music/Like A Broken Record, Lloyd Cole déclarera aux musiciens d'une vingtaine d'années dans l'assistance, d'avoir quarante-cinq ans avant de pouvoir interpréter ces deux medleys ; les deux chansons enchainées ayant à chaque fois plus de vingt ans d'écart. Pour Jennifer She Said, la chanson la plus difficile à jouer seul selon lui, il demandera au public de bien vouloir l'accompagner à la fin pour que ce soit plus facile pour lui. On apprendra que Myrtle and Rose, magnifique version au demeurant, est la chanson préférée de sa mère. Avec Weeping Wine ou encore Woman In A Bar, Lloyd Cole passe en revue chaque disque de sa carrière, sans en négliger un seul.

L'inattendue Down On Mission Street apporte un nouveau moment de bonheur au public présent. C'est souvent avec les chansons les plus anciennes, sous-entendu période Commotions, que les deux artistes reçoivent le plus d'applaudissements. Cependant, un des plus beaux moments du concert sera la performance acoustique de deux autres chansons de Guesswork, son dernier disque. Night Sweats est littéralement brillante, quant à Violins, elle figure à mon sens dans le top 3 des chansons exécutées au cours de ce concert. Et cela même si les deux musiciens vont enchainer les classiques en fin de set.

La géniale Hey Rusty suivie de Lost Week-end et de Perfect Skin, constitueront le final d'une heure et quart de grande intensité. Le duo revient rapidement, couvre-feu oblige. No Blue Skies et la guitare scintillante de Neil Clark, puis l'inévitable Forest Fire, viendront conclure un concert magnifique.

Lloyd Cole s'exclama à un moment du concert : "Nous sommes vieux, mais pas encore morts". Eh bien, long live Lloyd et Neil !