On Pain, tel est le titre du dernier album publié par Lloyd Cole en juin de cette année. Comme souvent, l'Anglais exilé aux Etats-Unis depuis la fin des Commotions, vient ensuite défendre son disque sur scène. Fort d'une longue série de dates au Royaume-Uni, le New-Yorkais passait aussi par Paris pour son unique date en France cette fois. On a l'habitude de le retrouver en concert en solo, ainsi qu'accompagné du guitariste des Commotions, Neil Clark, comme c'est le cas depuis pas mal de temps. Mais pour cette tournée, Lloyd Cole a vu plus grand et a décidé de tourner en quatuor, en compagnie également d'un second ex-Commotions Blair Cowan, ainsi que de Signy Jacobsdottir pour la rythmique.
On avait donc hâte de retrouver le Britannique dans cette mouture inédite sur scène. En témoigne un Trianon complet pour la performance live en question. Comme d'accoutumée, Lloyd Cole découpe son set en deux actes. Le premier en acoustique, et le second en formation groupe. A 20h précises, tout de blanc vêtu, il entre sur scène et attaque son concert avec
Don't Look Back, titre d'ouverture de son premier album solo, à la guitare acoustique. « Bonsoir et bienvenue » lance Lloyd Cole à son public. C'est alors que, surprise, Neil Clark arrive à son tour pour l'accompagner sur
Mr Malcontent, premier retour en arrière de la soirée vers les compositions de son groupe originel défunt. A l'issue de celle-ci, alors que le public applaudit, Blair Cowan et Signy Jacobsdottir prennent respectivement place au clavier et à la batterie. Ce n'est donc plus un simple set à la guitare acoustique auquel le public va assister mais une prestation électro-acoustique, et cela pour son plus grand plaisir.
Trigger Happy, écrite lorsque William Cole, fils de Lloyd, avait un an trouve une place de choix dans ce début de concert.
On Pain qui lui fait suite constituera une très belle surprise dans son interprétation. En effet, les deux derniers albums de Lloyd Cole ont une connotation électronique assez marquée. Aussi cette relecture live en groupe rend la chanson encore plus réussie que sur disque. Par ailleurs, la version de
Why I Love Country Music avec section rythmique et clavier constitue un véritable petit bonheur à écouter. Puis arrive
headlights, petit interlude électronique pendant lequel Lloyd Cole vient se glisser près de Blair Cowan afin de bidouiller une machine, servant d'intro à
My Other Life que l'anglais exécute une fois de retour à sa place initiale. Lloyd Cole, comme à son habitude, a toujours un petit mot pour rire: « 2CV was a London song, this is a New York song » à propos d'
Undressed qu'il conclut d'un « En français, nue ! ». Il rappelle que lui et son groupe constituent à cet instant la première partie et qu'ils reviendront quelques minutes après un interlude en tant que tête d'affiche.
Rattlesnakes et
Are You Ready To Be Heartbroken? sont les deux classiques concluant cet excellent set.
Vingt minutes plus tard, les quatre musiciens sont donc de retour. Cette fois c'est
No Blue Skies, premier single en solo, qui sert à ouvrir le bal. Lloyd Cole, bien entendu au chant, va en revanche jouer de la basse sur la quasi-totalité des morceaux de ce second acte. Evidemment le son est plus puissant, plus électrique. A titre d'exemple
Night Sweats, extrait de
Guesswork, sera beaucoup plus punchy avec le jeu de batterie de Signy Jacobsdottir. Les guitares ne sont pas en reste non plus. Il en est de même pour la magnifique
Violins, parue sur le même album, qui prend une autre tournure en live avec un rythme plus soutenu et une version un tant soit peu accélérée par rapport à l'originale. Lloyd Cole évoquera une chronique de Nick Kent de
Bad Vibes dans les Inrockuptibles. L'album fut descendu en flèche. Celui-ci ne conteste pas que l'album soit mauvais même si c'est un de ses disques, mais il précisera toutefois aimer la chanson
Mister Wrong, qu'il interprétera ensuite.
Perfect Skin sonne toujours aussi impeccablement bien. Quant à
Perfect Blue, elle se voit revisitée à la sauce New-Yorkaise avec des solos de guitare magistraux de Neil Clark. Quelqu'un réclame
My Bag mais Lloyd lui répond « Non ». Cependant,
On Pain ne sera pas en reste dans cette seconde partie.
Wolves, chanson complexe et progressive, rend superbement sur scène avec notamment ses grandes napes synthétiques. « La prochaine fois, vous la chanterez avec moi » annonce l'ex-Commotions à son issue.
Myrtle And Rose, au demeurant la chanson préférée de sa mère et qui nécessita trente ans avant d'entendre un tel compliment, est des plus subtiles interprétations de la soirée.
Brand New Friend et
Forest Fire viennent conclure la performance et surtout ravir le public. Les quatre musiciens quittent la scène mais reviennent très rapidement pour deux morceaux supplémentaires :
The Young Idealists suivi de
Mainstream (avec un faux départ pour cette dernière) concluant cette fois définitivement un set d'une heure et vingt-cinq minutes.
Pendant près de deux heures et dix minutes de concert, Lloyd Cole et ses musiciens ont enchanté le Trianon avec classiques et nouveautés. Les fans ont ensuite eu la chance de pouvoir rencontrer l'artiste au stand de merchandising pour une séance d'autographes et de photos. C'est dire la générosité de quelqu'un qu'on ne prétend pourtant pas facile d'accès. A soixante-deux ans, on ne peut que lui tirer notre chapeau et espérer un retour prochain dans notre pays.