Actifs depuis près d'une décennie désormais, les frères Eoin et Rory Loveless ont su prendre leur temps avant d'amorcer leur retour en octobre 2018 avec l'EP
Autonomy puis leur troisième album,
Strange Creatures, en février dernier. Quatre années se sont ainsi écoulées depuis leur dernière apparition dans la capitale, faisant du concert organisé au Nouveau Casino un petit événement pour quiconque les avait suivis avec attention depuis leurs débuts.
La concurrence féroce dans la capitale en ce mercredi 17 avril, avec les venues conjointes de Teenage Fanclub, Chelou ou encore Sam Fender, se traduit par une audience que l'on aurait espérée plus conséquente. Face à une petite centaine de personnes, c'est avec un line-up devenu quatuor et enrichi par l'ajout d'un second guitariste et claviériste, après l'arrivée du bassiste Rob Graham en 2015, que Drenge prennent possession des lieux sur le coup de 21h.

Sans fioritures, les quatre anglais lancent leur set sur un lancinant
No Flesh Road, délaissant ainsi la fougue que l'on leur connaissait pour une approche plus subtile. Dans la foulée,
The Woods confirme le constat avant que les hostilités ne soient lancées avec l'un des temps forts de leur nouveau disque,
Bonfire Of The City Boys. L'ombre de Mclusky plane à cet instant sur une salle portée par une ligne de basse hypnotique et un chant inquiétant déclamé avec conviction. A l'issue de ce titre, Eoin Loveless se déleste alors de son instrument pour plusieurs titres. Libéré d'un poids, se déhanchant microphone à la main, il insuffle alors à cet instant au set de son groupe un regain d'énergie leur permettant de passer la vitesse supérieure.
Autonomy ou
Never Awake se démarquent ainsi par une puissance et un engagement remarqués, avant que la seconde guitare ne soit à son tour mise de coté au profit du clavier pour
This Dance, électrifié en cours d'interprétation et du plus bel effet.
Titre fort du premier album éponyme du groupe publié en 2013,
Backwaters fait chavirer la salle dès les premières secondes, son interprétation étirée s'avérant du plus bel effet. Si le groupe limite les échanges avec la salle au strict minimum, la prestation du soir dégage un mélange de maîtrise et de sérénité. Détonateur de la soirée
Running Wild est accompagné tout au long de nombreux pogos, avant que le riff d'introduction de
Bloodsports ne permette aux plus déchaînés de poursuivre leur oeuvre pour le plus grand plaisir du quatuor.

People In Love Make Me Feel Yuck confirme l'impression générale à cet instant, avant que le groupe ne mette en avant ses expérimentations sonores récentes sur un
When I Look Into Your Eyes plus pop accompagné de choeurs pré-enregistrés.
Si le dispensable
Strange Creatures calme les ardeurs de certains, le long et très progressif
Let's Pretend, aux multiples changements de rythme, conclue le set principal sous les stroboscopes et prouve que Drenge disposent de plus d'une corde à leur arc et savent prendre leur distance avec le punk et le grunge auxquels ils se sont longtemps trouvés associés. A l'issue d'une petite heure passée sur scène, le groupe s'éclipse sous des applaudissements nourris pour revenir dans un premier temps avec
Prom Night puis le détonnant single
We Can Do What We Want, tout aussi court qu'efficace pour achever un concert mené tambour-battant.
Alors que leur musique a indéniablement gagné en variété, notamment à travers l'utilisation ponctuelle du clavier et le recrutement d'un quatrième musicien, Drenge restent encore aujourd'hui surtout un véritable groupe de scène. Quiconque était présent au Nouveau Casino ne pourra qu'acquiescer.