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¡Forward, Russia!

Rennes, Ubu - 17 octobre 2006

Live-report par Johan

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Lieu de la première représentation de l'Inrocks Indie Club #11, l'Ubu de Rennes accueillait ce mardi 17 octobre les furieux ¡Forward, Russia! en tête d'affiche, dont le premier album Give Me A Wall vient enfin tout juste de sortir en France, les sexy et kitschissimes New Young Pony Club, et les parisiens In The Club, remarqués sur la compilation CQFD 2006 des Inrocks.

In The Club ouvrent donc le bal devant une dizaine de personnes assises sur les marches du fond. Le set, percutant et efficace, ramène peu à peu du monde. She's A Man, la chanson parue sur la compilation, se veut élégante et abrasive à la fois, tout comme leurs autres compositions : les riffs sont précis et addictifs dès les premières mesures, le chant en anglais de Chakib Chambi, ex-guitariste du groupe jazz-rock Overhead, est tantôt saisissant de justesse tantôt rageur et éraillé. Bref, In The Club ont déjà tout des grands, à l'instar des nouveaux venus anglais New Young Pony Club. Ceux-ci, composés d'une chanteuse aux gesticulations provocantes et à la coupe mi-chevelue mi-rasée, d'une timide claviériste tendance art-punk, d'un bassiste sosie de Polnareff, d'une batteuse martelant ses fûts avec une élégance rare, et d'un guitariste heureux et persuasif tout le long du set, ceux-ci, disais-je, jouent un étrange croisement d'electro kitsch, de new wave ambiante et de punk sauvage qui prend aux jambes pour remonter jusqu'aux épaules en passant par les hanches. Quand on s'aperçoit que le public s'avance progressivement sur le devant de la scène et danse frénétiquement au rythme des beats disco et funk, on comprend que le quintet réussit avec brio l'épreuve du live, notamment grâce à leur premier single Ice Cream, délicieux amuse-bouche qui annonce à merveille le post-punk déjanté de ¡Forward, Russia!.

¡Forward, Russia! donc.
Ceux qui trouvent leur album totalement bordélique et dispersé ne les ont définitivement pas vus en concert. Dès les premières notes de Thirteen, le quatuor balance tout ce qu'il a, libre au public d'attraper au vol les riffs ravagés de Whiskas, la basse virulente de Rob Canning, la batterie puissante de Katie Nicholls, et le chant désabusé de Tom Woodhead. Ce dernier, à peine le show débuté, se déhanche comme personne et se mêle à la foule, le cordon du micro enroulé autour du cou. Durant toute la durée du concert, le chanteur fait d'incessant va-et-vient entre le micro et le clavier, le tout en gesticulant furieusement comme si sa vie en dépendait. Sur Sixteen, la voix cristalline de la batteuse vient répondre à celle de Tom Woodhead avant que la chanson ne se fragmente en de puissants coups de batterie que viennent ponctuer les cris éparses de Katie Nicholls et Whiskas. Don't Be A Doctor, chanson inédite avec cette fois un vrai titre comme le groupe l'avait annoncé en interview il y a quelques semaines, n'a pas à rougir face aux compositions de l'album : son rythme effréné ne cesse de surprendre, d'une infinie douceur la chanson passe à une agressivité extrême avant une nouvelle fois de changer de rythme, et ce tout le long de la chanson. Sur Nine, puis le rappel Fourteen, les ponts voix/batterie sont les autres moments forts du concert, de même que le chant mélodieux sur la fin de Eleven, suivi aussitôt par un final apocalyptique, ne laissent personne de marbre. On frissonne devant tant de prouesses vocales, d'harmonies incandescentes, de jeu scénique aussi expressif.

Tour à tour entraînants, émouvants et éloquents, les quatre membres de ¡Forward, Russia! sont véritablement nés pour jouer dans un groupe de rock, a fortiori pour faire de la scène, ici même où l'on découvre leurs vrais visages, leurs personnalités singulières et leur profonde sincérité.
setlist
    Thirteen
    Fifteen Part 2
    Twelve
    Don't Be A Doctor
    Eighteen
    Sixteen
    Fifteen Part 1
    Seven
    Nine
    Eleven
    ------
    Fourteen
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