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Lloyd Cole

Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet - 28 octobre 2025

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Il y a quasiment deux ans, jour pour jour, Lloyd Cole se produisait sur la scène du Trianon. Dans le cadre d'une nouvelle tournée française, le voici de retour à Paris, cette fois en solo, dans le joli Athénée Théâtre Louis-Jouvet. Bien qu'aucun nouveau disque ne soit à promouvoir, ce sont pas moins de huit dates que le Britannique de naissance offre en cette fin octobre – début novembre, sous un format en deux sets séparés par un court interlude.

Un microphone, un pupitre, une petite table avec quelques bouteilles d'eau et deux guitares acoustiques posées sur leur support : la scène respire le minimalisme. Comme attendu, le public est principalement composé de quadragénaires et quinquagénaires. La salle est bien remplie, affichant même presque complet lorsque Lloyd Cole arrive sur scène à 20h35. Vêtu d'un ensemble blanc crème, le chanteur-guitariste lance un « Bonsoir, bienvenue » avant d'ouvrir son premier set avec Past Imperfect. Le public apprécie cette mise en bouche, portée par une très belle acoustique. Si Kids Today bénéficie d'une excellente interprétation, c'est bien sur Rattlesnakes que la salle se manifeste vraiment. Très appliqué, notamment sur une petite variation à l'introduction, Lloyd Cole touche son auditoire avec ses grands classiques de l'époque Lloyd Cole And The Commotions et une voix toujours impeccable. Speedboat, qui lui succède, séduit tout autant, avec un groove acoustique du plus bel effet.


On connaît bien le personnage et son humour pince-sans-rire. Il se moque gentiment de son Français en glissant les rares mots qu'il connaît de la langue de Molière. C'est souvent d'un « très gentil » qu'il répond aux applaudissements nourris de son public. À propos de Trigger Happy, il rappelle que William Cole, son fils, n'avait qu'un an à l'époque. Il ajoute, non sans malice, que les spectateurs ont, eux aussi, pris de l'âge, ce qui provoque des rires dans la salle. Si Lloyd Cole parcourt sa discographie, il n'oublie pas d'y inclure quelques reprises. Dans cette première partie, il gratifie l'audience d'une superbe et inattendue version de Can You Hear Me? de David Bowie (extrait de Young Americans). Why I Love Country Music? et Like A Broken Record, enchaînées, forment un medley que Lloyd présente comme « deux chansons pour le prix d'une ». Après avoir rappelé qu'il n'était pas encore retraité de l'écriture musicale, il interprète avec brio On Pain, extrait de son dernier album du même nom. La réinterprétation acoustique de cette chanson issue d'un disque à consonance électronique est bluffante. 2CV, Undressed (conclue avec humour « en français : nu !») et un très touchant The Afterlife viennent achever ce premier set.

C'est un Lloyd Cole visiblement ravi d'être là qui quitte la scène après avoir annoncé qu'il reviendrait après un petit break, pour venir jouer en tête d'affiche. Vingt minutes s'écoulent, le temps pour le public de se dégourdir les jambes. Le voici de retour pour un second round démarrant sur les chapeaux de roue avec Are You Ready To Be Heartbroken?. Le public est conquis. Sur Pay For It, il se laisse aller à frapper dans ses mains, jusqu'à ce que Lloyd s'interrompe avec humour :« Si vous souhaitez chanter sur mes chansons, c'est super. Mais si vous voulez prendre le rôle de batteur, n'essayez même pas : ça finit toujours mal, croyez moi ». Puis il reprend son morceau avec un grand sourire. Une brève interprétation de Cut Me Down précède une superbe version de Music In A Foreign Language, parfaitement adaptée à ce format acoustique. Entre ses chansons, Lloyd raconte de petites anecdotes : son premier concert en Belgique, en 1994 ou 1995, en tant que folksinger — une expérience à laquelle il ne s'était pas préparé — ou encore, après Impossible Girl, l'histoire d'Alice Cooper, qui avait plaisanté sur scène, il y a quinze ans, en disant que Lloyd Cole n'avait pas de chanson parlant de règles féminines. Ce à quoi il répond avec malice, citant deux lignes de Impossible Girl : « Bloody Monday afternoon, you want to blame it on the moon ».


Puis arrive la reprise du second set : la magnifique Chelsea Hotel #2 de Leonard Cohen, initialement enregistrée pour la compilation des Inrockuptibles I'm Your Fan (1991). Inattendue et magistrale, cette chanson trouve une place de choix dans la setlist du soir. Puis Lloyd sollicite le public pour chanter « stop being drug addicts », un moment à deux voix sur The Idiot. L'audience, ravie, participe avec entrain. Night Sweats met ensuite en lumière toute la dextérité du musicien à la guitare, avec un final intense et superbe. Les classiques No Blue Skies et Butterfly s'enchaînent pour le plus grand plaisir du public. Myrtle And Rose, la chanson préférée de la mère de Lloyd Cole, est enfin jouée, et comme toujours chargée d'émotion. Don't Look Back vient conclure le second set — curieusement, c'était elle qui ouvrait le concert du Trianon en 2023. « Merci beaucoup, bonsoir », lance Lloyd Cole dans un large sourire avant de quitter la scène. Il revient rapidement pour un double rappel : Brand New Friend (variante de la setlist pour les spectateurs présents la veille, précise-t-il) et Forest Fire, qui vient clore près de deux heures d'un concert somptueux.

Lloyd Cole nous a gâtés avec cette performance de haut standing. Élégant, drôle et attentionné, il a conquis son public en revisitant une grande partie de son répertoire en solo. Quatorze titres diffèrent par rapport au concert du Trianon : soit un set entièrement renouvelé, de quoi combler ses fans. Si un coffret de Lloyd Cole And The Commotions est dans les tuyaux, un nouvel album solo est peut-être en préparation. En attendant, on lui donne rendez-vous dans deux ans. À bientôt !
setlist
    PAST IMPERFECT (LLOYD COLE AND THE NEGATIVES COVER)
    KIDS TODAY
    RATTLESNAKES (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    SPEEDBOAT (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    LIKE LOVERS DO
    TRIGGER HAPPY
    CAN YOU HEAR ME? (DAVID BOWIE COVER)
    WHY I LOVE COUNTRY MUSIC ? (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    LIKE A BROKEN RECORD BROKEN RECORD
    ON PAIN
    2CV (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    UNDRESSED
    THE AFTERLIFE
    ---
    ARE YOU READY TO BE HEARTBROKEN? (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    PAY FOR IT
    CUT ME DOWN (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    MUSIC IN A FOREIGN LANGUAGE
    UNHAPPY SONG
    IMPOSSIBLE GIRL (LLOYD COLE AND THE NEGATIVES COVER)
    CHELSEA HOTEL#2 (LEONARD COHEN COVER)
    THE IDIOT
    NIGHT SWEATS
    NO BLUE SKIES
    BUTTERFLY
    MY ALIBI
    MYRTLE AND ROSE
    DON'T LOOK BACK
    ---
    BRAND NEW FRIEND (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
    FOREST FIRE (LLOYD COLE AND THE COMMOTIONS COVER)
photos du concert
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