Retrouvailles au sec pour notre plus grand plaisir avec Tiña, le groupe londonien le plus chatoyant qu’il ait été de découvrir dans le rock actuel. A la suite d'une prestation convaincante mais tout de même un brin difficile à suivre sous des trombes d’eau au festival Levitation France d’Angers, Tiña sont venus assurer le show au Point Éphémère, salle privilégiée pour découvrir les jeunes talents du moment.
Le dress code évoqué à Angers n’a pas changé, il s’agit bien d’arborer une touche de rose pour afficher son adhésion au petit monde rock lo-fi à chapeau de cowboy de la formation londonienne. Joshua Loftin s’est plié au rituel en se présentant toujours vêtu de son costume de scène rose pétant et pailleté, coiffé du Stanton rose bonbon dont il doit avoir une belle collection car il semble le perdre à chaque concert.
Le groupe, en une petite heure, joue l’album
Positive Mental Health Music et nous gratifie de deux inédits,
Fleur et
Become A Song. Ces derniers titres restent dans l’esprit foutraque du disque mais révèlent également les talents de chanteur de Loftin en s’éloignant du timbre nasillard dont il use souvent. Nous retrouvons donc entre autres le groovy
Growing In Age, les psychés
Closest Shave et
New Boi, et le country
Golden Rope.
L’univers très Pavementien de Tiña est un régal et rappelle que l’on peut faire mouche en 2021 en dehors du répertoire post-punk prédominant. Échappés de la hype du moment qui règne dans sa contrée, Tiña replonge dans le style musical de ses ainés des années 90, et la réaction du public en majorité à peine né durant cette décennie confirme la maîtrise du genre par le groupe.
Gratifiant les spectateurs de quelques remerciements entre les titres, et le bassiste s’essayant avec beaucoup de mérite à quelques mots de français, Tiña fait passer cette heure en un claquement de doigts pour clôturer le set en se roulant par terre, tout chapeau envolé sur le titre
People dans un solo à rallonge digne de Led Zeppelin.
Le public présent ne s’y trompe pas en applaudissant à tout rompre la bande de Joshua Loftin qui quitte la scène le sourire aux lèvres en nous remerciant de participer à cette communion post-pandémie qui lui est chère.
Faisant partie des premiers britanniques bravant toutes les mesures pour traverser la Manche, la rencontre était d’autant plus chaleureuse. C’est avec impatience et curiosité quant à la couleur (la nuance comme la musique) qu’arborera son prochain album que nous attendons déjà le retour de Tiña sur nos platines, dans nos salles de concerts et, peut-être, un peu dans nos garde-robes.