Wet Leg

Débarquées de nulle part il y a quelques mois lors de l'annonce de leur signature chez Domino Records, Wet Leg ont connu depuis une irrésistible ascension portée par deux singles successifs, Chaise Longue puis Wet Dream, faisant du duo l'une des révélations de l'année écoulée et de sérieux espoirs pour 2022. Un peu plus d'une semaine après une première apparition remarquée dans la capitale lors du Pitchfork Music Festival, Rhian Teasdale et Hester Chambers s'offraient ainsi une seconde escale ce mardi 30 novembre afin de se produire au YOYO - Palais de Tokyo dans la très prisée émission de Jehnny Beth, Echoes.

Programmées ce soir entre les américains de Geese et le dandy anglais Baxter Dury, c'est avec quelques minutes de retard sur l'horaire initial que les deux jeunes anglaises et leurs trois musiciens descendent de la mezzanine surplombant la salle avant de fendre la foule et monter sur scène sous des applaudissements déjà nourris. Très souriantes malgré une timidité certaine et une retenue sans doute liée à la présence des nombreuses caméras, les deux amies originaires de l'île de Wight ne s'aventureront guère dans de longs discours stériles tout au long de leur set, préférant rester concentrées sur l'interprétation de pas moins de douze titres, tous tirés de leur premier album éponyme attendu le 8 avril 2022.

Dévoilé vingt-quatre heures plus tôt, leur nouveau single Too Late Now les voit présenter une de leurs nombreuses facettes. Sur ce titre moins direct que ses deux prédécesseurs, Wet Leg jouent sur les rythmes et se veulent plus aventureuses qu'attendu. L'osmose entre Rhian Teasdale et Hester Chambers est une évidence, tout comme celle avec les trois musiciens les accompagnant depuis plusieurs mois maintenant. Si la première nommée attire les regards dans sa robe blanche, la seconde semble se satisfaire pleinement de ne jouer que le second rôle, se concentrant sur son jeu de guitare aux cotés de sa complice tandis que leurs trois comparses n'hésitent pas à donner de la voix en chœur à de nombreuses reprises.

Avec de très nombreux curieux ayant fait le déplacement et un répertoire dans sa grande majorité inconnu pour le plus grand nombre, l'ambiance s'avère plus sage qu'espérée tout au long du concert. Immanquablement, Wet Dream provoque les premiers frissons de la soirée, avant qu'un efficace Supermarket ne se place comme un futur temps fort de leurs concerts à l'avenir. Définitivement pop, sous de nombreuses formes, l'univers de Wet Leg se dévoile progressivement au fil de la soirée, la seconde moitié du set se révélant particulièrement réussie. Si Rhian Teasdale ne manquera pas de rire aux éclats à de nombreuses reprises, donnant le ton au reste du groupe, c'est avec sérieux que Obvious est proposé. Plus acoustique et dépouillé, et mettant en avant les deux voix féminines, celui-ci fait forte impression, tout comme Oh No, plus rock et explosif que dans sa version studio.

Porté par ses « good times, all the time » scandés à plusieurs reprises, Angelica semble destiné à connaître un beau succès dans quelques mois, mais c'est bel et bien l'irrésistible Chaise Longue qui remportera tous les suffrages ce soir dès les premières note de batterie : en dépit de quelques approximations, le public s'approprie progressivement une partie des paroles et les « what » de Hester Chambers devant un groupe tout sourire si ce n'est hilare, achevant quarante-cinq minutes de concert sur une interprétation détonante et jubilatoire de l'un des meilleurs singles publiés ces derniers mois.

D'espoir à confirmation il n'y a qu'un pas que Wet Leg s'apprêtent à franchir, vraisemblablement avec brio, en 2022.