A moins d'avoir été confiné depuis un an sur une île déserte, difficile d'avoir échappé au phénomène Wet Leg et au-raz-de marée
Chaise Longue, classique instantané ayant lancé en boulet de canon la carrière du duo de l'Ile de Wight. Nous avions rencontré Rhian Teasdale et Hester Chambers en novembre dernier à l'occasion du Pitchfork Music Festival pour leur tout premier concert hors de Grande-Bretagne. Depuis, elles ont sorti un album classé premier des charts UK, conquis les États-Unis et entament désormais une tournée européenne avant d'enflammer les festivals d'été.
Dans une salle déjà pleine à craquer, la première partie est assurée par
Ottis Cœur, que son label présente comme un « duo de filles qui chantent et qui jouent fort, composé de Margaux, la blonde solaire et Camille, la brune mystérieuse. Sinuant à travers des couplets doux et des refrains rugissants, les deux électrons libres gravitent autour du même noyau : le rock ». Toute ressemblance avec le duo de l'Ile de Wight serait purement fortuite. Avant la VO, nous avons donc droit à la VF. Énergiques et enjouées, les françaises livrent un show rafraichissant tout en faisant sacrément monter la température. Il ne leur reste plus qu'à composer leur « Lounge Chair » pour suivre les pas de leurs (jeunes) ainées.

On a à peine le temps de se dégourdir les jambes le long du canal jouxtant le Point Éphémère en évitant de justesse de se faire écraser par les camions de pompiers de la caserne voisine (des pompiers qu'on voit d'un autre œil depuis la fameuse scène de fête dans Titane sur fond de Gabber), qu'il faut déjà retourner dans l'étuve, la foule commençant à hurler et les premières notes de
Being In Love à se faire entendre. Avec ce démarrage en trombe, on note tout de suite le chemin parcouru en quelques mois par
Wet Leg. Les anglaises ont gagné en efficacité et en professionnalisme, ce qu'elles ont peut-être déjà un peu perdu en candeur et maladresse touchante. Car le groupe le sait, il dispose dans sa setlist de quelques armes de destructions massives à faire pâlir de jalousie les despotes les plus guerriers du globe et n'hésite pas à en faire très vite exploser une première avec
Wet Dream. La salle entre en transe, chante à tue-tête dans un anglais plus au moins approximatif, les murs commencent à suinter et on rêverait pouvoir se désaltérer, mais la foule trop compacte nous en décourage. Pied au plancher, le pépites noisy-pop s'enchainent à toute vitesse, ne laissant que peu de répit à nos jambes. Le calme et inédit
Obvious, seule chanson douce du répertoire, nous permettra de reprendre notre souffle tout en faisant palpiter nos cœurs.

Si Wet Leg refusent la mascarade du rappel, on aura tout de même droit à un final dantesque en forme de crescendo orgasmique, du poppy
Ur Mum se terminant par un long cri primal, en passant par les guitares saturées et les chorégraphies pas tout à fait millimétrées de
Angelica jusqu'à l'inévitable
Chaise Longue dont les « Excuse Me... What ? » seront repris en cœurs par toute la salle.
Bien loin du feu de paille que prédisaient certains, Wet Leg avancent bille en tête et franchissent avec brio chaque étape de leur jeune carrière. Que ceux qui n'ont pas peu obtenir leur place pour le Point Ephémère (et ils sont nombreux) se rassurent, ils auront plusieurs occasions de les croiser sur scène cette année. Les festivaliers sont désormais avertis, avec Wet Leg, cet été le risque incendie sera au maximum !