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Wet Leg

Interview publiée par Franck Narquin le 15 décembre 2021

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Depuis la sortie de leur premier single Chaise Longue, le petit monde indie n'a d'yeux que pour Wet Leg. Cet engouement général se transformera-t-il en en feu d'artifice ou en feu de paille ? Leur premier album, prévu pour avril 2022, donnera le verdict. En attendant, les deux filles de l'Île de Wight s'apprêtent à parcourir le globe pour propager le virus Wet Leg et sa noisy-pop hautement contagieuse. A l'occasion des soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival, nous avons rencontré Rhian Teasdale, la brune volcanique, et Hester Chambers, la blonde réservée, quelques heures avant leur tout premier concert hors de leurs terres natales.

Vous n'avez sotri qu'une poignée de singles, mais la hype autour de vous est déjà énorme. Est-ce que ce succès instantané qui vous vaut le titre de « Next Big Thing » vous met la pression ou au contraire vous permet de faire plein de confiance ?

Rhian : C'est vrai que ça nous met un peu la pression car nous ne nous attendions pas à un tel accueil. J'ai l'impression que nous composons avec cette situation inattendue.
Hester : Nous essayons de gérer ça au fur et à mesure car nous avons écrit ces chansons en totale décontraction, sans nous soucier un seul instant de comment elles seraient reçues. Tout s'est vite emballé, ça nous amuse et nous effraie un peu mais nous essayons de ne pas trop nous prendre la tête avec ça.

Vous vous connaissiez depuis longtemps et avez joué chacune de votre côté dans différents groupes. Qu'est-ce qui vous a motivé à former Wet Leg toutes les deux ?

Rhian : Nous jouions chacune dans des groupes un peu folk et nous croisions souvent à des concerts. Ce qui nous motivait était surtout de participer au plus de festivals possibles. C'était avant tout un hobby qui nous permettait de nous amuser à côté de nos jobs qui n'étaient pas très intéressants. Je n'avais joué que dans des groupes de garçons. C'est la première fois que je joue avec une autre fille et je dois avouer que c'est beaucoup mieux, bien plus fluide.

Avez-vous déjà de nouveaux morceaux et quand peut-on attendre votre premier album ?

Rhian : Nous avons déjà écrit quelques morceaux, ne serait-ce que pour pouvoir assurer un set complet en concert. Nous avançons doucement et peaufinons nos morceaux sur scène. (rires gênés) Si tout se passe bien, nous ferons bientôt une annonce (ndlr : quelques jours plus tard, nous apprendrons par leurs réseaux sociaux que l'album s'appellera tout simplement Wet Leg et sortira le 8 avril 2022 chez Domino Records).
Hester : Nous avons pas mal de concerts sur notre planning des prochains mois. En décembre, nous tournerons aux États-Unis et nous venons d'apprendre que nous allons ensuite assurer la première partie d'IDLES. Nous sommes tellement fans d'eux que nous avons d'abord cru que c'était une blague !

Quel est votre processus d'écriture ? Comment vous répartissez-vous le travail ?

Rhian : A cause du confinement, nous avons pas mal travaillé séparément. Chacune écrivait des démos dans son coin car les salles de répétitions étaient fermées. Dès leur réouverture, nous y avons passé tout notre temps pour partager nos idées et trier les morceaux qui marchaient et ceux qui ne marchaient pas.
Hester : Nous avons écrit les premiers morceaux chacune de notre côté, puis les suivants ensemble, mais finalement ça ne fait pas une grande différence. Nous nous connaîssons bien et je crois que nous nous ressemblons et avons envie toutes les deux de faire la même musique.

Votre musique a été comparée à celle de Dry Cleaning ou à des groupes comme Elastica et The Breeders. Ces raccourcis sont toujours agaçants, mais ce sont tout de même de bonnes références...

Rhian : C'est super gentil ! C'est vrai que Chaise Longue a un côté Dry Cleaning à cause de son côté parlé mais notre musique est beaucoup plus pop. En tout cas, ce sont des superbes comparaisons. Je les prends avec plaisir, merci beaucoup, c'est très cool.

Quelles ont été vos principales influences lorsque vous avez commencé Wet Leg ?

Rhian : Nous en avions plein. Kings Of Leon, The Strokes, The Black Keys, King Gizzard And The Lizard Wizard ou Ty Segall. Tout ce que nous écoutons nous influence forcément d'une manière ou d'une autre. Mais les Kings Of Leon sont ma véritable madeleine de Proust. Quand j'ai eu mon permis, j'écoutais ça en boucle dans ma voiture pourrie, à fond, les fenêtres ouvertes.

Pouvez-vous nous dire comment vous avez signé sur Domino Records ? Vous avez formé Wet Leg juste avant la pandémie, ce n'était pas un moment facile pour faire découvrir votre musique en live aux labels de musique...

Hester : Personne ne pouvait donner de concert pendant un bon moment, donc c'est vrai que ce n'était pas très pratique. Nous avions trois démos de prêtes et deux vidéos tournées à l'arrache. Nous avons envoyé ça à Domino Records sans trop de conviction et assez miraculeusement ça leur a plu et ils nous ont tout de suite proposé de signer chez eux.
Rhian : Ils devaient s'ennuyer pendant le confinement et être un peu désespérés. Du coup, ils se sont dit ça ou autre chose, pourquoi pas (rires). Ils sont tout de même venus nous voir sur l'Île de Wight pour une répétition. Franchement, nous n'avons pas été terribles ce jour-là, il faisait froid, nous étions stressées et fatiguées. A la fin de la répétition, nous sommes allez les voir sur la pointe des pieds pour leur demander si nous pouvions toujours signer chez eux.

Il y a beaucoup de grands groupes sur Domino Records. Y en a-t-il un dont vous étiez particulièrement fans quand vous étiez adolescentes ?

Rhian : Oui, bien sûr, nous sommes fans de plein de groupes, anciens ou récents, du label. Franz Ferdinand, Richard Dawson ou encore Sorry, qui est un groupe qui m'obsède, leur musique est si belle.

Vous avez assuré la première partie de Jungle à la Brixton Academy. Comment était-ce de jouer devant un si grand public ?

Rhian : C'était tellement drôle, complétement surréaliste. Nous avions l'impression d'être dans un voyage scolaire, un peu comme ces journées où les parents emmènent leurs enfants au bureau. Donnez-nous la main, on va vous faire monter sur la grande scène. C'était étrange mais un beau défi.

Vous allez jouer ce soir votre tout premier concert en France, est-ce aussi le premier hors du Royaume-Uni ?

Rhian : Oui, c'est notre premier concert hors d'Angleterre ! Nous sommes super excitées même si nous ne savons pas à quoi à nous attendre. J'imagine que ce sera pareil que d'habitude sauf que les gens ne parleront pas anglais pour une fois.

Avez-vous déjà prévu de revenir jouer en France rapidement ?

Rhian : Oui, nous allons jouer aux Transmusicales de Rennes en décembre (ndlr : leur prestation a finalement été annulé).

C'est à Rennes que tout commence en France. Nirvana, Beck ou plus récemment Jungle ont tous joué pour la première fois en France là-bas...

Rhian : Pas mal ! Nous avons entendu beaucoup bien du festival et notamment d'un concert mythique des Sugarcubes là-bas. Nous reviendrons l'année prochaine en France, c'est promis (ndlr : le 14 mai 2022 au Point Éphémère à Paris).

Wet Leg, c'est vous deux. Mais vous êtes cinq sur scène. Pouvez-vous nous présenter votre groupe live ?

Rhian : Ils sont tous les trois juste derrière en train de jouer au baby-foot. Josh (Mobaraki) joue de la guitare et des claviers, Henry (Holmes) est à la batterie et Ellis (Durand) à la basse. Nous sommes tous de l'Île de Wight, sauf Josh qui vient de Salisbury. Nous formons une super équipe. Nous allons passer pas mal de temps ensemble donc c'est important que nous soyons tous amis.

Vous avez créé une playlist Wetlegends sur votre compte Spotify, où l'on trouve des artistes très variés, de Juniore à Eartheater, qui a était en concert cette semaine à Paris...

Hester : J'adore Eartheater. Je l'ai vu il y a six ans à Bristol, c'était parfait, elle est si cool, si spéciale. Elle porte toujours des tenues incroyables et sa voix est magnifique. Nous aimons aussi Juniore, mais pour être honnête, nous ne connaissons pas beaucoup d'autres groupes français.

Vous avez Buffalo 66 en DVD. Super film. Quelle oeuvre ou cinéaste mettriez-vous dans votre liste de films Wetlegends ?

Rhian : Je viens de voir Leon, le seul DVD que j'avais chez moi. C'est d'ailleurs Rhian qui me l'avait passé. Je ne sais pas pourquoi cela m'a pris autant de temps pour le voir, c'est fantastique. Nous adorons toutes les deux des comédies musicales comme Singing In The Rain et Carousel, ou des vieux films comme La Nuit du Chasseur ou Calamity Jane, même si ce dernier n'a pas très bien vieilli.

Vous avez réalisé vos deux premières vidéos qui ressemblent à La Petite Maison Dans La Prairie sous acide. Avez-vous réalisé les vidéos vous-même parce que c'était le moyen le moins cher de le faire ou est-ce quelque chose que vous aimez et que vous avez l'intention continuer pour vos prochains titres ?

Rhian : Nous aimons avoir la main sur la globalité de notre projet, de l'écriture des morceaux à la réalisation des clips. Mais les choses commencent à prendre l'ampleur et nous sommes tellement occupées que ça va devenir compliqué de continuer à réaliser nous-même nos clips.
Hester : Nous avions surtout envie d'essayer pour voir si nous en étions capables.
Rhian : Nous voulions avant tout nous amuser. Nous avions ces gants en forme de homard chez nous, on nous a prêté une caméra et nous nous sommes lancées. A ce moment, nous n'avions pas vraiment d'autres options de toute façon !

Je suggère de terminer cette interview en Français. Les Jambes Mouillées, pouvez-vous nous dire quelques mots dans Français ?

Rhian : Jambes Mouillées ? Ah, mais c'est si joli. Nous allons peut-être opter définitivement pour Jambes Mouillées. Hester, tu penses qu'on peut garder le nom en Français plutôt que Wet Leg ?
Hester : C'est peut-être déjà trop tard, mais j'adore aussi.
Rhian : En tout cas, je peux chanter un petit bout de Chaise Longue en Français. Maman, Papa, regardez-moi, j'ai été à l'école et j'ai eu mon bac ! (rires) Promis, nous le ferons ce soir !