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Witch Fever
IDLES

Paris, Elysée Montmartre - 1er mars 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Retrouver IDLES après ces mois de reports successifs, d'annulations malheureuses au dernier moment pour cause de virus et d'absence de festivals est un pur moment de joie. Tout retour en concerts l'est par principe mais ici les anglais fiévreux et leur sens de la loyauté envers leur public est sans comparaison aucune. Preuve en est leur acharnement à maintenir les rendez-vous pris. Ainsi, les détenteurs de billets datant de 2020 pour la plupart ont enfin été récompensé de leur patience.
C'est à l'Élysée Montmarte que Joe Talbot et sa bande assurent les deux dates parisiennes, dont la seconde ce mardi 1er mars retransmise en live grâce à Culturebox, décidément une des rares bonnes choses nées du confinement de 2020. Deux soirées combles et deux affiches se partageant en premières parties les british Porridge Radio et Witch Fever, ainsi que les new-yorkais de Bambara.

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Pour ce mardi, les festivités débutent avec les filles de Witch Fever, dont le tout premier EP a fait sensation dans les colonnes de Sound Of Violence. Issu de la fertile ville de Manchester, l'accent brut de décoffrage, le groupe mené par Amy Walpole déverse durant une petite demi-heure un déluge punk hardcore qui certes brasse large niveaux influences, mais rassure sur l'érudition de ses jeunes interprètes. Face à une salle qui se remplit très lentement du fait de l'heure précoce du set (19h10 pétantes), les quatre mancuniennes font rapidement fi de cette fosse quasi vide grâce à leur impétuosité.
Entre sourires malicieux et grande concentration de la part d'Amy, Alisha, Alex et Annabelle, pas une minute de répit pour le public qui pourra rattraper par la suite le temps perdu depuis octobre et la sortie de Reincarnate. On sent que depuis ces quelques mois le style évolue et que le groupe commence à mettre à profit l'expérience du live, les titres de l'EP devenant plus accessibles pour les néophytes quand ils sont interprétés sur scène. Le look aussi a évolué, et cela prouve que Witch Fever, encore en plein apprentissage, mettent à profit ces opportunités offertes auprès de grands tels IDLES.

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L'attente fut donc longue mais elle en valait la peine. Suite au set efficace de Bambara et de leur punk garage qui porte en étendard cette patine sombre et très classe des clubs new yorkais, place est faite à nos fiers IDLES. Pour cette grande occasion, c'est en chemisette blanche et pantalon à pince que Joe Talbot prend possession de la scène pour plus d'une heure et demie de concert qui fera de façon quasi égalitaire la part-belle aux quatre albums du groupe.
Dans une salle dorénavant pleine à craquer, devant un parterre de fans armés jusqu'aux dents de bières, c'est en quelques secondes dès que les lumières s'éteignent que nous retrouvons l'adrénaline qui est le moteur des concerts de rock. Comme si les deux dernières années étaient instantanément oubliées, et comme le dira plus tard Joe Talbot avec sa gouaille que l'on apprécie tant : « two fucking years, so let's fucking do it ». Voilà en une phrase le leitmotiv de toutes et tous réunis dans la salle où l'on observe avec bonheur que tous les âges, les styles et les genres se mélangent.

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Débutant sous un light show qui fera frôler la crise aux épileptiques, pas une seconde ne nous est laissée pour reprendre notre souffle. C'est un pur enchainement de gros son et le choix de la setlist oscille entre morceaux récents de CRAWLER dont les excellent MTT 420 RR, Car Crash et Meds, et les petites bombes (on se demande pourquoi un tel vocabulaire guerrier nous vient si facilement en tête en ce moment) Divide & Conquer, I'm Scum, Never Fight A Man With A Perm... Il y en a tant !
Joe n'étant jamais avare en parlotte, le concert de ce soir n'échappe pas à la règle et dans un français balbutiant mais honnête, de nombreux remerciements échelonnés de mignons « bisous » à la salle et de saluts de la main que ne renierait pas la reine Elizabeth elle-même sont distillés tout du long du set.

De grands moments de communion physique avec la fosse sont offerts lors du partage de cette dernière en deux, laissant ainsi le passage libre à Lee Kiernan et sa guitare. Mark Bowen viendra également se faire hisser par la foule pour une bonne grosse salve de cris gutturaux puis c'est avec beaucoup de sincérité que Joe Talbot expliquera que le groupe se sent extrêmement reconnaissant envers le public car c'est grâce à ses achats de disques et billets, preuve d'une fidélité sans faille, que tous les membres n'ont pas souffert financièrement de la crise. Le remerciement vient vraiment du cœur, son honnêteté n'est pas feinte, et c'est dans cette ambiance de respect partagé que se termine le concert sur le bien nommé The End et l'explosif Rottweiler qui s'éternisera sur plus de huit minutes avec un final réunissant tout le monde autour des fûts d'un Jon Beavis ayant pris du tour de bras durant ces quelques longs mois histoire de taper encore plus fort.

La sensation de revenir « à la normale » en cette période complètement dingue est salvatrice. Alors que d'autres groupes britanniques subissant en plus les vicissitudes post-Brexit continuent de reporter ou d'annuler leurs concerts en ce début de printemps timide, la folie rageuse et l'incroyable sympathie d'IDLES constituent une petite bénédiction. Et comme le dirait notre cher et regretté Jean-Yves : pourvu que ça dure !
setlist
    WITCH FEVER
    Non disponible

    IDLES
    MTT 420 RR
    Car Crash
    Mr Motivator
    Grounds
    Mother
    Faith In The City
    Meds
    Divide & Conquer
    The Beachland Ballroom
    Never Fight A Man With A Perm
    Crawl!
    1049 Gotho
    The Wheel
    Television
    When The Lights Come On
    War
    I'm Scum
    Reigns
    Danny Nedelko
    The End
    Rottweiler
photos du concert
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