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Anika

Paris, Petit Bain - 13 mars 2022

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

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Cette année voyait malheureusement se dérouler l'ultime édition du très bon festival How To Love au Petit Bain à Paris. Pour terminer en beauté, celui-ci mettait les petits plats dans les grands avec une programmation plus qu'alléchante. Le dimanche soir était la der des der avec à l'affiche les Hollandais de De Ambassade et l'Anglaise Anika.

Pascal Pinkert à la tête de De Ambassade est également connu comme étant le cerveau du cultissime Dollkraut. De Ambassade risque bien de devenir à son tour culte, si ce n'est déjà le cas. Auteur d'un splendide album sorti en 2019, Duistre Kamers, le groupe propose une cold wave mêlée à des sonorités electro. Sur scène cela se révèle au moins aussi bien que sur disque. Même si les hollandais n'ont plus rien sorti depuis le single Stanhouten paru en 2020 on sent qu'une bonne partie du public est venue pour eux. Leur set est en tout point remarquable, à la fois contemplatif et dansant. On pense bien sûr à Joy Division ou à New Order mais avec une approche plus électronique dans le son. Lorsque le groupe descend vers des tempos plus lents c'est Kraftwerk qui vient en tête. Leur set est construit d'une manière intelligente car s'il démarre sur un mood plutôt lent et froid, il monte en intensité au fur et à mesure du concert. C'est à la fois dark et lumineux et au final assez splendide.

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Anika est revenue l'été dernier avec un nouvel album, Change, sorti dix ans après son premier opus. Dans l'industrie musicale, c'est une éternité et pourtant le public n'a pas oublié l'anglaise puisque dès son arrivée sur scène il se montre enthousiaste au possible. Avec Change, Anika allait vers une tendance moins minimaliste de sa musique qui s'éloignait de fait de l'atmosphère assez austère de son premier album. Si le disque était construit sur des sonorités électroniques qui renvoyaient aux années 80, sur scène la musique de l'anglaise devient plus chaude, notamment par son jeu de guitare et sa présence magnétique.

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Anika crée un univers émotionnellement fort. Sa voix qui flirte parfois avec le spoken word amène à une vraie poésie. La musicienne est installée à Berlin et cela se ressent dans sa musique qui s'approche à certains moments du post-punk. Tant musicalement que vocalement Anika pourrait apparaitre comme le chainon manquant entre Nico et Cate Le Bon. L'Allemande pour cette voix que l'on croirait sorti des profondeurs des ténèbres et qui possède dans le même temps quelque chose de chaud et sensuel et la galloise pour le jeu de guitare.

Anika explique avec une certaine ironie ses textes engagés au public et se le met ainsi dans la poche. Drôle, talentueuse et inventive. Au final un concert tout en élégance et subtilité.