logo SOV

Peter Doherty & Frédéric Lo

Paris, Trianon - 5 mai 2022

Live-report par Franck Narquin

Bookmark and Share
Quelques semaines après la sortie de leur sublime album collaboratif The Fantasy Life Of Poetry And Crime, dont nous disions ici même le plus grand bien et sur lequel le talent de compositeur du français se mariait à merveille à la gouaille de l’anglais, Peter Doherty et Frédéric Lo ont décidé de prolonger cette parenthèse enchantée et de venir défendre sur scène ces délicieuses pépites pop. En toute logique, les compères ont choisi Paris pour débuter leur mini-tournée européenne de trois semaines. Le public a largement répondu présent à l’invitation, le Trianon étant plein à craquer de rockers quadra, ayant pour l’occasion rechaussés leurs perfectos, qui attendent impatiemment leur héros de jeunesse en formant des queues dantesques au bar et vidant les futs de bières à vitesse grand-V. On se croirait à la dernière commande du Truskel, ce micro-club rock du deuxième arrondissement géré de main de maître depuis plus de vingt ans par Laurent « Tonton » Truel, où Doherty venait régulièrement donner des concerts intimistes.


Preuve que les temps changent, c’est à 21H00 pétante, encore plus tôt que prévu sur la timetable, que Peter Doherty débarque sur scène, fringuant, tout sourire et le cheveu court et propre. Ceux qui ont attendu de longues heures pour voir apparaître un Pete titubant savent de quoi je parle. Frédéric Lo est quant à lui fidèle à lui-même, tiré à quatre épingles, costumes trois-pièces et chapeau vintage. Tous les morceaux de The Fantasy Life Of Poetry And Crime seront joués ce soir, accompagnés de quelques standards du répertoire solo de Pete Doherty, des Puta Madres et même des Libertines (mais aucun Babyshambles, malgré les demandes répétées du public).

Le concert s’ouvre sur les tous premiers morceaux solos de Doherty, The Last English Rose et Arcady. Accompagnés des musiciens de haut niveau de Frédéric Lo, Pete déambule tranquillement, au côté de son chien qui se baladera très naturellement sur scène tout au long du concert. Si tout le monde a l’air heureux d’être là, on ne peut s’empêcher de faire la fine bouche tant on a l’impression d’assister à un live de Taratata, bien exécuté par des professionnels, mais manquant un peu d’incarnation et de chair. Ce sentiment ne sera pas contrarié par Invictus, morceau le moins convainquant de l’album. Pourtant, dès le quatrième titre, la balade The Monster et l’arrivée d’un quatuor à cordes, le ton change radicalement et les premiers poils s’hérissent sur nos bras. La suite n’ira que crescendo, balayant rapidement nos réserves initiales. Il aura juste fallu quelques minutes à Lo et Doherty pour se mettre au diapason, raviver l’osmose atteinte en studio et nous offrir quelques morceaux de bravoures parmi lesquels on retiendra particulièrement l’épique The Ballad Of..., le néo-romantique Rock & Roll Alchemy et le smithien You Can't Keep It From Me Forever.


Après avoir beaucoup changé de guitares, Frédéric Lo s’installera aux claviers pour deux piano-voix venant faire résonner un standard de The Libertines, You’re my Waterloo avec Far From The Madding Crow, ballade clôturant avec brio leur album commun et venant ce soir déchirer nos cœurs avec autant de facilité. En guise de rappel, nos deux lascars viendront complètement revisiter Salome évoquant Nick Cave tout en guitares saturées et lancinantes ainsi que For Lovers dans une version psychédélique à souhait.

Après nous avoir cueilli avec un album d’un niveau bien au-delà de nos attentes, Peter Doherty et Frédéric Lo ont réédité leur coup de génie avec un concert ayant débuté timidement avant d’embarquer sans peine tout le public et atteindre des sommets inattendus. Comme le glissera tendrement Frederic Lo à Peter Doherty, ces hommes sont définitivement the real McCoy.
setlist
    Last Of The English Roses
    Arcady
    Invictus
    The Monster
    The Epidemiologist
    Yes I Wear A Mask
    Keeping MeOn File
    The Fantasy Life Of Poetry And Crime
    The Ballad Of...
    All At Sea
    The Glassblower
    Rock & Roll Alchemy
    You Can't Keep It From Me Forever
    Abe Wasseinstein
    You're My Waterloo
    Someone Else To Be
    Far From The Madding Crow
    ---
    Salome
    For Lovers
photos du concert
    Du même artiste