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Suede

Paris, Salle Pleyel - 17 mai 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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L'épisode anticyclonique que nous traversons en ce moment, accablant la capitale parisienne d'une chaleur précoce, n'est pas le seul responsable des coups de chauds subis durant le concert de Suede à la Salle Pleyel ce mardi. Bien qu'ayant perdu en route une petite partie de son public du fait des reports, c'est pourtant dans une ambiance digne d'une aréna que nous avons assisté à deux heures de show en mode anniversaire et Best Of, le tout mené d'une main de maitre par un Brett Anderson au meilleur de sa forme.


Le leader de Suede a, tout au long de sa carrière, tenu le devant de la scène d'une façon imposante et exclusive. Bien que toujours accompagné des membres d'origine (sauf Bernard Butler qui, malgré un passage court lors des débuts, a largement marqué de son empreinte le groupe), c'est Brett Anderson qui fait le spectacle et incarne ce que Suede évoquent aux yeux et oreilles du public depuis plus de trente ans. Les années passant, les albums s'aventurant sur des chemins plus solennels, rien n'entame le talent hallucinant de Brett Anderson en tant que performer quel que soit l'environnement musical des disques, plus posé et feutré comme avec Night Thoughts, ou bien plus électrisant comme Bloodsports (pour ne citer que les tournées de cette dernière décennie). Brett Anderson semble vivre chaque seconde comme un défi personnel au temps qui passe avec cette incroyable forme physique qui ferait se damner les plus jeunes pop stars du moment.

Coming Up est sorti en 1996, à une époque où une large partie de nos lecteurs en tant qu'adolescents ou jeunes adultes bénéficiaient des dernières retombées de la vague britpop dont Suede ont été un des fers de lance. Depuis, malgré les tourmentes personnelles de leur leader, Suede ont su traverser les époques en continuant de fournir des disques toujours patinés de cette grâce qui rend leur rock si sophistiqué. Preuve en est la fidélité du public qui continue de suivre les pérégrinations de Brett Anderson, Richard Oakes et les autres, et la ferveur dont il fait preuve lors des concerts.
L'infrastructure de la salle Peyel, qui a tendance à compartimenter le public en parterre debout, parterre assis et balcons n'a, pour cette représentation, pas présenté d'obstacle à la parfaite harmonie entre tous. Sous un lightshow acidulé, avec en projection les artworks des différents singles qui ont parsemé la discographie du groupe dont l'emblématique design de la pochette de Coming Up, Brett Anderson rayonne littéralement de sa présence et son énergie débordante en bluffe plus d'un.


La première partie consistant en l'interprétation de tout Coming Up, avec en petite particularité une version acoustique de Picnic By The Motorway, Brett Anderson, comme monté sur ressorts, n'a de cesse de parcourir la scène de gauche à droite durant cette première heure, toujours en direction de la foule massée à ses pieds, à grands renforts de bras tendus (veillant à ne pas se faire happer par la chemise, certains malicieux ayant bien tenté d'en arracher quelques pans), de regards profonds en direction des visages énamourés et en se hissant à chaque refrain sur les amplis afin de dominer son auditoire. Certains morceaux voient Anderson s'asseoir en bord de scène, tel le poseur qu'il continue d'être, et se lancer dans l'interprétation des ballades de l'album en mode crooner dans une semi-pénombre rendant le moment particulièrement intense.

Après une petite pause, le groupe entame la seconde partie du set qui balaiera majoritairement la période des premiers albums avec un gros focus sur Suede et Dog Man Star, et c'est en redécouvrant ces tubes (dont le quelque peu balbutiant The Power en français dans le texte) que l'on prend conscience de la qualité de leur écriture intemporelle malgré quelques trente années au compteur.
Et au grand damne des critiques acerbes qui pointent du doigt l'aspect nostalgique de ces récitals dévoués aux anciens succès, ces premiers albums ne perdent en rien de leur efficacité en live, Brett Anderson redoublant de charisme et de fougue à les interpréter, les transpirant précisément de tous ses pores sans jamais tomber dans l'auto parodie ou pire, le pathétique à la recherche d'une jeunesse qui serait perdue. Le dandy sait mettre à profit l'expérience acquise tout au long de ces années et ses cinquante-cinq ans ne le desservent en rien, bien au contraire. Ajoutons évidement à cela une forme physique exemplaire, que nombre d'artistes de cette génération n'ont pas su maintenir à un tel niveau.

L'attente pour ce concert anniversaire aura été longue mais en aura valu la peine, tant on sent que le groupe apprécie ce retour au live. Le public parisien peut se rassurer quant au devenir de son groupe fétiche car la prestation de haute volée donnée en cette soirée brulante ne continue d'annoncer que du bon.
setlist
    Trash
    Filmstar
    Lazy
    By the Sea
    She
    Beautiful Ones
    Starcrazy
    Picnic by the Motorway
    The Chemistry Between Us
    Saturday Night
    ---
    Snowblind
    Killing of a Flashboy
    We Are the Pigs
    Can't Get Enough
    The Power
    Tides
    The Wild Ones So Young
    Metal Mickey
    Animal Nitrate
    ---
    Still Life
photos du concert
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