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Gary Numan

Paris, Cabaret Sauvage - 7 juin 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Découvrir le phénomène Gary Numan sur scène pour la première fois après plus de quarante ans de carrière est-il approprié ? Se saisir du personnage et de ses nombreuses facettes ambiguës n'est pas chose aisée, surtout en tentant de dresser un panel représentatif d'une discographie qui tend particulièrement à se libérer de toute étiquette pour partir explorer des voies quasi impénétrables.

Gary Numan reste un des pionniers reconnus de la synthwave, et ce dès 1977. Son travail avec son groupe d'origine Tubeaway Army et en solo a beaucoup offert à toute cette génération de grosses pointures que sont, entre autres, Orchestral Manoeuvres In The Dark, The Human League ou Depeche Mode (à leurs débuts). Puis le style s'est intensifié, durci et a plongé joyeusement dans l'industriel et le punk électronique dont se revendiquent par la suite les grands de Nine Inch Nails ou autres Rammstein.
Doté d'une discographie prolifique, n'ayant jamais cessé de composer, Gary Numan a réussi à entrer dans le club fermé des artistes dit « cultes », synonyme ici de « peu commercial », et donc continuant de passer quasi inaperçu dans la culture musicale populaire malgré plus de vingt albums studio à son effectif et toute une ribambelle d'enregistrements live.


Le dernier album, Intruder, sorti en 2021, reste à l'image d'un Gary Numan fortement inspiré par les catastrophes climatiques et sociologiques que subit notre planète. Titres dystopiques et look à la Mad Max suffisent à faire comprendre que le bonheur et la quiétude ne sont pas au beau fixe, mais que l'on peut néanmoins en tirer quelques leçons, ces dernières au son d'un prog rock en mode rouleau-compresseur, baignant dans ce climat sonore anxiogène et fracassant.

Le Cabaret Sauvage à Paris, salle chapiteau aux atours très cabaret et burlesque, est un lieu de plus atypique pour cette nouvelle rencontre française. Mais c'est probablement ainsi qu'aime à agir Gary Numan : toujours surprendre et offrir tous les contrastes possibles à son public. Ce dernier, composé en très grande majorité de fans des premières heures, affiche de nombreuses reliques à l'effigie de l'anglais et certains iront même à reproduire les codes visuels du denier disque en s'ornant des bandes rouges sur le visage et du look tout droit sorti d'un road-movie futuriste.

Gary Numan lui-même n'échappe pas à la tradition du « costume de scène » et bardé de tous ses atouts, tant en maquillage qu'en costume punk, le joyeux soixantenaire ne semble pas subir les affronts du temps. Baigné tantôt dans la pénombre, tantôt dans des lumières agressives, accompagné d'un bassiste et guitariste clones du personnage du film Hellraiser, à quelques clous près, la mise en scène est certes un peu poussée mais illustre de façon assez cohérente l'univers musical de Gary Numan qui revisite dans sa setlist son œuvre, puissamment portée par les larsens et autres distorsions provenant de la guitare et des nombreuses volutes de synthé qui rajoutent une couche de lourdeur, voire d'oppression, à la scénographie.


Le chant n'a lui aussi pas souffert des années qui passent, le timbre légèrement haut perché étant toujours au rendez-vous, certes légèrement éclipsé par un jeu de scène un peu trop expressif. Et pourtant, cela ne semble en rien chagriner les spectateurs présents, habitués à ce personnage qui a su tout au long de ces dernières décennies leur fournir un sacré voyage dans le temps et les genres. C'est ce parti pris à l'opposé de toute platitude qui continue de bâtir la légende autour de Gary Numan, et ainsi d'attirer les curieux, mêmes plus jeunes, notamment grâce aux algorithmes des plateformes de streaming capables de faire quelques propositions assez pertinentes.

Ainsi, néophytes et aficionados de tout âge se sont offerts une échappée dans l'univers punk apocalyptique d'un artiste qui restera, jusqu'à la fin, une énigme.
setlist
    Intruder
    Love Hurt Bleed
    Halo
    The Gift
    Metal
    Ghost Nation
    Is This World Not Enough
    Films
    Pure
    ---
    Resurrection / Down In The Park
    Everything Comes Down To This
    Dead Sun Rising
    Cars
    My Name Is Ruin
    Here In The Black
    The Chosen
    A Prayer For The Unborn
    --- The Fall
    Are 'Friends' Electric?
photos du concert
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