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Blood Red Shoes

Paris, Maroquinerie - 21 juillet 2022

Live-report par Jordan Meynard

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Blood Red Shoes ont publié en début d'année 2022 leur sixième album studio Ghosts On Tape. Moins de six mois après sa sortie, le groupe investissait la Maroquinerie de Paris pour le plus grand plaisir des fans parisiens qui portent dans leur cœur la mythique salle du 20ème arrondissement. Après une première partie assurée par GLU (ndlr : projet solo du bassiste des Queens Of The Stone Age et chanteur des Mini Mansions, Michael Schuman), Steven Ansell et Laura-Mary Carter avancent sur scène au son d'une intro de synthétiseur, mais surtout sous les applaudissements de ses hôtes. Le lieu est archi-comble et ses occupants prêts à en découdre, le groupe ne va pas tarder à s'en rendre compte.

Le set démarre en en grande pompe avec le déchirant Elijah et son groove monstrueux tiré de l'album Get Tragic sorti en 2019. Le ton est donné, le concert va dépoter. Suivent alors rapidement deux autres morceaux tirés du même opus, Bangsar et Howl. Afin de restituer au mieux les versions studios de ces titres, Blood Red Shoes ont élargi leurs rangs de deux musiciens additionnels. Ainsi le son punk rock et noueux de la guitare de Laura-Mary Carter gagne en textures par des couches de synthétiseurs et autre instrument à cordes. S'il est louable que le groupe veuille étoffer un peu plus sa musique sur scène, il faut avouer que l'apport semble largement dispensable. Sentiment confirmé, lorsque les deux nouveaux-venus quittent la scène après seulement trois chansons pour laisser Steven Ansell et Laura-Mary Carter en duo, comme à leurs débuts il y a près de vingt ans !


Pour rappel, Steven et Laura-Mary se connaissent depuis 2004 et se font connaître en 2008 avec leur album Box Of Secrets les propulsant au panthéon des power duos, où ils occupent encore aujourd'hui une place confortable entre The White Stripes ou autre The Kills. L'urgence de leurs morceaux très directs, très « rough », continue encore de faire main basse sur les amoureux du genre. C'est justement cette réminiscence du passé qu'ils vont retranscrire sur scène avec It's Getting Boring By The Sea et les meilleurs titres de leurs trois premiers albums, à l'instar de Don't Ask, Light Ip Up, This Is Not For You ou encore, pays d'accueil oblige, Je Me Perds. Et comme le hasard fait bien les choses, ce dernier est peut-être le morceau le plus violent jamais écrit par le groupe et ne pouvait donc être absent dans leur setlist.
Pendant près d'une heure, toujours à deux, le duo fait l'étalage du meilleur de sa carrière sans temps mort. La salle est en ébullition, les pogos et autres slams sont légion, ce qui ne sera pas pour déplaire à ceux qui donnent la messe : « It's fucking awesome », dira à plusieurs reprise Steven Ansell à l'attention du public.

Chez lui, on va le voir, la batterie c'est du sportif ! Derrière ses fûts, le monsieur fait le show à lui tout seul avec un jeu aussi lourd que varié. L'expression « C'est carré » n'a jamais pris autant son sens que ce soir, facilitant le travail rythmique de son acolyte qui se cache timidement derrière sa guitare qu'elle maîtrise sans effort. Il est étonnant, mais agréable, de constater qu'après toutes ces années de carrière, Laura-Mary Carter utilise toujours sa Fender Telecaster US standard en main guitare – elle qui pourrait, fort de son statut, jouer sur des instruments sublimes. Laura-Mary peut toujours compter sur la rythmique implacable d'un Steven impérial, quand ce dernier sait qu'il peut se lâcher sur des riffs acérés et mordants de sa guitariste. La recette est basique et efficace comme un bon fish and chips.


Des faces B viendront aussi enrichir le répertoire - décidément plus étendu qu'on pourrait croire - avec le tempétueux Black Distractions et God Complex. Les deux musiciens présents au début feront leur retour pour entonner les singles des deux derniers albums dont Murder Me, I Am Not You pour Ghost Of Tape et Eye To Eye pour Get Tragic.

Le rappel vient et le public exulte avec l'impeccable I Wish I Was Someone Better et l'habituel Colours Fade. Le concert se finit pied au plancher, il n'est donc pas étonnant de voir Steven Ansell sauter sur son tabouret comme s'il souhaitait qu'on le remarque d'avantage, alors qu'il n'y a que lui aux yeux du public depuis que le concert a démarré. Alors que les dernières notes de guitare retentissent dans un écho lointain, Laura-Mary Carter et Steven Ansell viennent saluer leur public français bras dessus, bras dessous en milieu de scène. Ils ne sont même pas partis qu'on a déjà envie de les réentendre. Avec dix-neuf titres et presque 1h30 de show, Blood Red Shoes montrent que l'on peut encore compter sur eux aujourd'hui, conservant leur saveur sur scène au fil des années.

Les murs de la salle en résonnent encore. Et mes tympans aussi, d'ailleurs.
setlist
    Elijah
    Bangsar
    Howl
    It's Getting Boring By The Sea
    Cold
    Don't Ask
    Light It Up
    This Is Not For You
    Red River
    Je Me Perds
    An Animal
    Black Distractions
    Murder Me
    Eye To Eye
    Sucker
    God Complex
    I Am Not You
    ---
    I Wish I Was Someone Better
    Colours Fade
photos du concert
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