Après deux années et demi d‘attente, les fans des mancuniens de The Slow Show sont enfin récompensés pour leur patience : Rob Goodwin et ses comparses investissent le Hasard Ludique à Paris pour ce qui sera notre premier concert de la saison. Quoi de mieux pour une reprise toute en douceur après une fin d’été éprouvante au domaine de Saint-Cloud que de se laisser transporter dans l’univers doux, sombre et chimérique de Rob Goodwin, intégralement construit sur la voix hypnotique du jeune homme ?
The Slow Show nous ont à nouveau régalé en début d’année avec leur quatrième album
Still Life qui, comme ses trois prédécesseurs, avait fait carton plein au sein de la rédaction de Sound Of Violence. Et pour cause : rarement un groupe n’a réussi à créer un imaginaire sonore aussi immersif. Cette pop douce-amère, aux arrangement foisonnants et d’une finesse de dentelle, réussit à être parfaitement transposée en live par les quatre musiciens, ce qui n’est pas chose aisée vu le niveau de beauté du disque.

De retour cette fois-ci dans la salle somme toute épurée du Hasard Ludique, le groupe gagne en nombre de spectateurs par rapport à la prestation au Pop-Up du Label en 2019 mais reste néanmoins malgré la qualité de ses productions toujours trop méconnu dans notre contrée. Voilà pourquoi la salle de la porte de Saint-Ouen et ses premiers rangs se retrouvent garnis par nos voisins allemands et néerlandais, qui ont compris que de porter aux nues The Slow Show avait grandement du sens.
Sous une lumière tamisée, parfois imprégnée de bleu ou de rose mais jamais trop puissante, le set se déroule durant une heure et quart avec une setlist faisant la part-belle au dernier opus, le groupe s’étant littéralement vu couper l’herbe sous le pied par le COVID-19 mi-mars 2020, date initiale de leur concert. Aux commandes de ce navire, Rob Goodwin, toujours impeccablement tiré à quatre épingles, nous sert une prestation reposant intégralement sur ses performances vocales. La voix de Stentor de ce dernier continue de nous impressionner mais surtout de nous charmer, et la pop atmosphérique qui berce
Blinking,
Anybody Else Inside tout comme l’intense
Weightless donne quelques frissons à la salle, ce qui ne manque pas de soulager les spectateurs pour qui la température monte graduellement tout au long du concert, la fin de saison estivale n’étant pas ici la seule responsable.

Ce qui épate les quelques personnes faisant ce soir leur baptême du feu avec The Slow Show (dont votre humble chroniqueuse) est ce lien invisible mais fortement perceptif que tisse Rob Goodwin au travers de son chant et de son jeu de scène avec chaque membre du public. Ici, aucune barrière d’âge ni de genre, la force tranquille que dégage l’anglais, appuyé par un charisme dont ce dernier sait très habilement jouer à coup de sourires ravageurs et de chemise en lin stratégiquement déboutonnée sur le poitrail tatoué, fait mouche. Cependant, c’est bien l’harmonie qui règne entre les quatre musiciens, malgré que les regards se portent intégralement sur leur chanteur, qui permet de ne pas laisser poindre l’ennui du fait d’un style musical volontairement à l’opposé de tout ce qui trône dans les charts anglais du moment et sur nos platines depuis quelques années.
Avec les titres devenus des petits classiques comme
Dresden,
Mountbatten et
Vagabond, The Slow Show atteignent des sommets d’émotion et l’on espère réellement que cette fois sera la bonne pour permettre au groupe de trouver sa place parmi le cœur du public français à plus forte échelle.