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Kasabian

Paris, Olympia - 14 octobre 2022

Live-report par Adonis Didier

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Pénurie d'essence oblige, on en est réduit à sortir le jet pack à réaction pour se rendre en concert, en évitant soigneusement les Rafales d'interception postés en faction au-dessus de Paris. Le temps de dépoussiérer ce vieux projet de terminal qui trainait dans les placards, on arrive forcément un peu plus en retard que d'habitude. L'occasion de faire gentiment la queue devant l'Olympia, et d'apprécier les accents chantants du nord de l'Angleterre qui nous entourent.
Non, l'Olympia n'a pas été délocalisé à Leicester (dieu merci), mais force est de constater que nombre de compatriotes de l'attraction du soir ont tenu à être de cette unique date franco-parisienne. On passera donc une dizaine de minutes à profiter de la joie d'entendre des gens avec une patate dans la bouche parler beaucoup trop fort, trop près de son oreille, et du raffinement visuel occasionné par les quelques maillots bleus du Leicester City F.C. se baladant ci et là, floqués, au choix, du sceau de Kasabian ou de Jamie Vardy.


Mais place à Kasabian, donc, puisque ce sont eux qui nous intéressent ce soir. Enfin, Kasabian, c'est un bien grand mot. Car si ce sont bien cinq musiciens qui se présentent à l'heure prévue devant le public de l'Olympia, soyez bien assurés que vous n'en verrez qu'un seul ce soir. Sergio Pizzorno, un n, deux z, et une très belle combinaison chemise-pantalon aux multiple petits chiens sur fond de campagne anglaise, sera l'unique maître de cérémonie de cette formation qui, dès les premiers effets électro de ROCKET FUEL, ressemble surtout à l'orchestre de Sergio et ses Sergettes. Le monsieur, en pur chanteur et animateur de scène, voit ainsi tous les spots être braqués sur lui, dans ses habits de soirée flashy, pendant que le reste du groupe, tout habillé de noir, se camoufle à merveille dans le fond de la scène, formes vagues jouant la musique pendant que le frontman harangue la foule déjà conquise sans discontinuer.

Ceci étant dit, et le sel introductif du guitariste-bassiste écrivant ces lignes passé, le leader du groupe abat un sacré boulot, et sans trop nous laisser réfléchir, fait tomber la première salve auditive dès l'intro de ROCKET FUEL. Les basses bourdonnent et gonflent toute la salle, la batterie kicke et repousse les murs tout en nous écrasant sous ce déluge sonore, bien aidée par les deux guitares en fond, et l'anglais agite les mains en chantant tout ce qu'il peut, bien aidé sur le refrain/pont par Rob Harvey, guitariste-chanteur du groupe The Music, et embauché par Kasabian sur la tournée pour couvrir vocalement les limitations de leur « nouveau » frontman et chanteur principal. Le morceau introductif passé, le plein de propergol est fait, on pourra rentrer après le concert, et le moment décisif est enfin là.

Club Foot se lance de cette guitare toute crépitante, les gens bougent, sautent, le bordel débarque joyeusement, et l'ombre de Tom Meighan ne planera pas une seule fois sur une soirée qui s'annonce très vite comme un très bon moment. Sergio laisse au passage le public chanter le refrain, public qui de toute façon ne lui avait pas demandé son avis pour envoyer des grands « a-ah a-ah a-ahhhh » dans tous les sens.
Ill Ray (The King) continue la montée en pression, les fans et les éventuels non-fans se déchaînent, le plancher de la fosse fait des bonds du début à la fin, et le maître de cérémonie laisse gentiment les chansons les plus efficaces de « son » répertoire faire le boulot sans en rajouter outre mesure. Celui-ci sortira enfin la guitare pour l'intro de Underdog, une guitare noire, simplement marquée d'un AE blanc signifiant Alchemist's Euphoria, titre du dernier album, à l'image de toutes les guitares et basses utilisées par le groupe. Sans doute que l'instrument personnel de l'anglais, avec des chatons et des feux de cheminée, est toujours au garage.


Fort de maintenant sept albums, le groupe va maintenir la dynamique en puisant dans les meilleures singles de sa discographie (RIP Velociraptor!), et en laissant Sergio assurer le show à la manière d'un David Guetta rock n'roll, lui qui demande au public de taper dans les mains, de se baisser, de sauter, d'entonner les refrains et les « ouh-ouh » consécutifs, et qui sort des mains géantes pour mettre l'ambiance sur la fin boîte de nuit électro de treat. Petite dédicace aux jeunes filles des balcons avant de lancer STRICTLY OLD SKOOL, qui le verra chanter en prenant des poses de rappeur devant un public assez peu réceptif à ce nouveau délire.
On préférera son avancée vers la fosse pour entamer une reprise du One More Time de nos Daft Punk nationaux, mélangée à la fin de You're In Love with A Psycho, ou encore l'étonnant beau Danube bleu de Johann Strauss II, introductif à SCRIPTVRE.

Petit mot concernant les nouvelles chansons, pour lesquelles ce sera surtout l'énergie de ROCKET FUEL et SCRIPTVRE qui fera mouche dans le public. Le son étant en plus généralement brouillon sur ces nouveaux titres, entre boucles électro et semi-playback de Sergio sur les refrains, les quelques bonnes idées que l'on avait pu y trouver se font écraser par la débauche de son gras et lourd. En comparaison, les violons de stevie, enfumée à l'éclairage jaune mettant beaucoup plus en avant un groupe homogène pour un résultat visuel enfin agréable à l'œil, se trouvent nettement mieux gérés. Même mention pour l'intro entre ombre et lumière de treat, qui ne tardera malheureusement pas à retrouver l'habituel habillage rose et vert typique de la soirée.
Mais il est maintenant temps de recommencer à sauter sur les indications de Sergio, parce qu'Empire, et surtout Vlad The Impaler, viennent conclure la première partie de concert d'une manière plus que convaincante, poussant le public à hurler et clapper pour voir les cinq compères revenir sur scène au plus vite. C'est chose faite avec Bless This Acid House, entamée sous les acclamations, mais surtout L.S.F. (Lost Souls Forever), sur laquelle le chanteur demande à la salle de hurler comme si c'était la dernière, et laissera deux fois de suite le public chanter en lui tendant le microphone au pied et à la main, pour à chaque fois relancer plus fort la machine, jusqu'à atteindre une ambiance de feu, brûlante, introduction parfaite à la chanson dont on ne s'étonne plus qu'elle soit la conclusion de la setlist : Fire. Une conclusion sur un Olympia totalement conquis, entonnant en chœur de très longs « I'm on fire » précédant des reprises haut perchées de la ligne de guitare à base de « ouh-ouh » trop aigus pour ne pas casser.

Évidente standing ovation, que Sergio viendra, seul, raviver en faisant lancer des « hey ! » crescendo à un public qui ne demande qu'à jouer avec lui. Il terminera avec une phrase bien COVID-19 : « si je pouvais embrasser chacun d'entre vous, je le ferais », signe que l'homme n'est pas qu'un mégalomane, mais aussi et surtout un passionné en total amour de son public, public qui le lui a évidemment bien rendu.
setlist
    ROCKET FUEL
    Club Foot
    Ill Ray (The King)
    Underdog
    CHEMICALS
    eez-eh
    You're In Love With A Psycho
    STRICTLY OLD SKOOL
    Shoot The Runner
    SCRIPTVRE
    stevie
    Pinch Roller (Interlude)
    treat
    Empire
    Vlad The Impaler
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    Bless This Acid House
    L.S.F. (Lost Souls Forever)
    Fire
photos du concert
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