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The Luka State

Paris, Supersonic - 18 avril 2023

Live-report par Adonis Didier

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Il est un peu plus de 22h30 un mardi soir à Bastille. Et là, c'est le moment du film où je vous raconte comment j'en suis arrivé là. Remontons donc au 17 juillet 1995. Nous sommes à Epinal, dans les Vosges, et... Bon ok, vous vous en foutez, et si vous avez lu le titre de la chronique, vous savez qu'on est là pour The Luka State.

Passablement chauffés par Déjà Véga, potes d'enfance provenant de leur Winsford natale et aperçus en janvier dans ce même Supersonic, The Luka State, étoiles montantes de la pop-rock teintée de punk anglaise, ont donc choisi le club de Bastille pour se tester en vue de la tournée de leur nouvel album, More Than This. Un choix qui peut paraître étrange au vu des salles déjà fréquentées par les winsfordien, mais ceux-ci nous expliquaient il y a de cela un mois et demi qu'ils tenaient à avoir un maximum de monde et l'ambiance la plus folle possible pour ce tour de chauffe. Le mardi soir n'est sans doute pas le meilleur jour pour cela, mais force est de constater que la possibilité d'un concert gratuit de The Luka State a tout de même sorti un petit paquet de monde de son canapé.


22h30 donc, un big up en passant aux premières parties françaises Whico Skyla et surtout les post-punk/post-rock Rank O, qui nous ont agréablement fait patienter jusque-là, et voici venue l'heure pour Conrad, Sam, Lewis, et Jake de rentrer sur scène sur un petit reggae des Clash. On a vu pire comme référence. Un concert qui sera un beau bordel, et ça commence dès la première chanson. Bring Us Down sonne plutôt bizarre, on n'entend que la batterie et la basse, et la puissance abrasive qui s'échappait du dernier album semble s'être tirée fumer une clope sur le pavé. Petits regards chez les membres du groupe, Conrad pose sa guitare, qui de toute façon ne faisait pas de son, empoigne le microphone, et décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Stick Around et surtout [Insert Girl's Name Here] sont l'occasion de chauffer le public pour sortir la soirée des galères techniques, Conrad hurle à s'en arracher la voix, Lewis pousse la guitare à fond et compense au maximum, laissant à la section rythmique le soin de tabasser pour ne jamais laisser personne redescendre. On tente à nouveau la guitare lead sur Two Worlds Apart, visiblement pas accordée, alors tant pis, Conrad pose définitivement sa gratte pour sauter dans le public et se filmer en train de hurler avec un téléphone piqué à quelqu'un. Rarement chanteur aura autant harangué sa foule au Supersonic, une foule de plus en plus compacte et pressée contre la scène, hurlant à chaque intervention, à chaque micro tendu, à chaque grimace de Lewis et Sam, le guitariste et le bassiste se chauffant en même temps que le public, montant dans les tours à l'image d'un concert à la folie et au bordel en constante ascension.


Un bordel qui fera disparaître Movies de la setlist, la ballade de fin d'album n'étant plus dans le ton d'un concert qui commencerait presque à échapper à ses principaux protagonistes. Conrad fend une nouvelle fois la foule sur Tightrope (Walking On A Wire), avant de laisser la dite foule combler l'absence de guitare lead pour Feel It, et c'est maintenant parti pour le bouquet final : Bury Me, Oxygen Thief et More Than This, un gigantesque foutoir ne laissant que peu de place aux mots, bien placé entre deux coups de coude et un rattrapage de chanteur parti à l'aventure pour surfer sur la foule. Le pogo est rugueux, et c'est bien dans ce contexte que prend le plus sens cette nouvelle version de The Luka State, ce nouvel avatar énervé et révolutionnaire des quatre lads de Winsford. Dommage qu'il n'y ait pas manifestation en sortant, on était pourtant bien chaud. Eux aussi d'ailleurs, mais point de vrai rappel, leur tour manager montant trois fois sur scène pour arrêter leur tentative de Kick In The Teeth, soit pour leur signifier l'heure déjà tardive, soit pour leur rappeler de s'en mettre un petit peu moins dans les narines à la fin du concert. On aura tout de même droit à un joli numéro compensatoire de la part de Sam le bassiste, pour une fin de set improbable, bordélique, à l'image de tout ce qu'il se sera passé pendant cette dernière heure.

The Luka State version 2023, c'est donc un groupe que l'on ira voir autant pour sa musique que pour le feu qu'il propage sur scène, un petit groupe de bons gars anglais devenu au fil des ans et des décisions politiques pourries une véritable poudrière remplie de rock et de punk.
setlist
    Bring Us Down
    Stick Around
    [Insert Girl's Name Here]
    Two Worlds Apart
    Matter Of Fact
    What's My Problem
    Tightrope (Walking On A Wire)
    Feel It
    Bury Me
    Oxygen Thief
    More Than This
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    Kick In The Teeth
photos du concert
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