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The Luka State

More Than This

The Luka State - More Than This
Chronique Album
Date de sortie : 10.03.2023
Label : Thirty Tigers
4
Rédigé par Adonis Didier, le 8 mars 2023
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« We need more than this » (ndlr : « On a besoin de plus que ça ») hurle Conrad Ellis pour conclure le refrain du single éponyme du nouvel album de The Luka State, More Than This. C'est aussi ce que l'on s'était dit à l'écoute du premier album du groupe de Winsford, très sympathique compilation de singles pop-rock un peu teenage, auxquels il semblait manquer une certaine forme de cohérence et de personnalité musicale. (Mal)heureusement, le COVID-19 est passé par là, et les quatre candides lads anglais ont eu l'occasion de voir leur pays sombrer de plus en plus en profondément dans une certaine forme de misère humaine, consécutive au Brexit ainsi qu'à une gestion plus que douteuse de ses conséquences et de la pandémie mondiale précédemment citée. Une réalité crue qui rattrape sans coup férir la naïveté de leur teenage rock, et qui va leur mettre un sacré coup derrière la nuque. Un choc d'autant plus fort pour Conrad Ellis, le chanteur de la formation, qui cumule la malchance de supporter Manchester United avec le fait d'avoir été livreur bénévole pour une banque alimentaire durant les pires moments de la crise.

Une expérience qui va le chambouler, et qu'il compte bien raconter au monde. C'est ainsi que le groupe se jette bille en tête dans de longues séances d'écriture et d'enregistrements. Le concept, balancer tout ce qu'on a sur le cœur. Pas de filtres, que de la violence et du sale, et c'est bien ce qui choque le plus dès qu'on pose le vinyle sur la platine. « Slow down, this is getting ugly ». Les premiers mots de l'album sont lâchés sur Bring Us Down : ralentis, ça devient moche. Ralentir, ça ils ne le feront que très peu, et ce ne sera que pour devenir encore plus moche. Aussi moche que de laisser des gens mourir de faim et se tuer de travail précaire en travail précaire sans perspectives d'avenir, noyant lentement le peu de santé mentale qu'il leur reste dans des litres d'IPA et de mauvais scotch.

Pour écrire More Than This, The Luka State ont pris toute la lumière, tout le brillant qui parsemait leurs chansons, et les ont jetés contre les murs jusqu'à ce que ceux-ci se rapprochent, inlassablement, étouffant et pressant jusqu'à la mort le pauvre lad coincé dans cet univers de désespoir. Le moindre centimètre cube d'espace est rempli de saturation brûlante, de grésillements délirants, de hurlements les poumons dans la gorge. Un état de fait qui culmine assez tôt, dès Oxygen Thief, lors d'un pont final projetant les cordes vocales de Conrad et des litres de sa salive à la face de l'auditeur hébété, interdit de découvrir que les gendres idéaux se sont si subitement mués en sales punks revendicateurs. Mué, c'est bien le terme, tant la voix de Conrad semble plus sûre, puissante, adulte, tant chaque instrument semble avoir évolué en une version mature de lui-même, petits pokémons musicaux devenus toujours plus grands et plus violents à force de tabasser leurs congénères.

Un album décrit par le groupe lui-même comme un voyage vers une attitude plus positive, et force est de constater que la violence se mue progressivement en un retour aux sources de ce qu'étaient The Luka State jusqu'ici. La colère bruyante ne tiendra donc que jusqu'à Matter Of Fact, transitionne par Tightrope (Walking On A Wire), avant de revenir à un Luka State plus classique pour les quatre dernières chansons de l'album. Un retour aux sources qui tempère le rythme effréné et la dynamique dans laquelle baignait l'album, sur des chansons sympathiques mais sans vraies surprises, émotionnellement moins engageantes que ce que nous avait envoyé l'album dans les dents jusque-là. Même la ballade de conclusion qu'est Movies ne parvient pas à nous toucher comme l'ont fait Two Worlds Apart ou Stick Around auparavant, et l'on se surprend à souhaiter misère et dépression à Conrad Ellis pour un jour obtenir un véritable album totem, référence, monolithique de la part de The Luka State.

On plaisante bien sûr, mais il reste vrai que The Luka State ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils deviennent méchants, animés par l'esprit punk de lancer des pavés sur les membres du gouvernement britannique. Ainsi, on regrettera cette légère chute de régime sur la fin, qui empêche l'album d'atteindre les hauteurs qu'il eut dûment mérité de voir, mais on se console déjà en anticipant les setlists de feu qui devraient bientôt nous être présentées en live, et ça commence dès avril au Supersonic, alors chauffez-vous les coudes, et préparez des genouillères.
tracklisting
    01. Bring Us Down
  • 02. Oxygen Thief
  • 03. Losing Streak
  • 04. Two Worlds Apart
  • 05. Stick Around
  • 06. More Than This
  • 07. Matter Of Fact
  • 08. Tightrope (Walking On A Wire)
  • 09. Swimming Backwards
  • 10. Metamorphosis
  • 11. Change
  • 12. Movies
titres conseillés
    Oxygen Thief, Bring Us Down, Stick Around
notes des lecteurs
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