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Muse
Royal Blood

Paris, Stade de France - 8 juillet 2023

Live-report par Déborah Galopin

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Voir les noms de Muse et Royal Blood réunis ? Cela ressemble à l'affiche d'un festival de rock ! Pourtant, c'est bien ensemble qu'ils jouent au Stade de France à l'occasion de la tournée européenne de Muse, Royal Blood assurant leur première partie. Et dire que cette programmation n'est qu'un avant-goût de la soirée exceptionnelle qui nous attend...


Alors que nous arrivons vers vingt heures, tout juste avant Royal Blood et après le groupe japonais One Ok Rock, le Stade de France nous paraît déjà plein. Peu étonnant puisque le groupe britannique joue à guichet fermé pour une unique date parisienne. C'est avec cinq minutes d'avance et sans préliminaires que Royal Blood attaquent le set avec Out Of The Black. Le tempo puissant de la batterie, très reconnaissable, plonge immédiatement la fosse dans l'ambiance : on retrouve le rythme énervé tantôt saccadé, tantôt précipité de Ben Thatcher et la basse de Mike Kerr qui se donne des allures de guitare avec ses effets et distorsions. Ils ne sont que trois sur scène - le duo étant accompagné d'un autre musicien aux synthétiseurs - mais ils font un barouf comme s'ils étaient quinze.
Dès les premières chansons, le public est conquis. Il crie quand Mike Kerr lance « scream », applaudit les bras levés vers le ciel dès qu'il nous fait signe, et se lance même dans quelques pogos spontanés. Alors on vous le dit, il fait chaud ici et ce n'est pas uniquement à cause des trente-cinq degrés ! Pendant quarante-cinq minutes, le groupe joue de manière « efficace ». Ils nous servent leurs titres les plus connus issus de leur premier album, de Typhoons et de How Did It Get So Dark?. Une petite nouveauté se glisse tout de même dans le set, Mountains At Midnight, petit clin d'œil pour nous rappeler la sortie de leur prochain disque en septembre. Plus qu'une première partie qui ne sert qu'à occuper le temps avant que Muse monte sur scène, nous avons pris plaisir à ce concert comme si nous étions venus spécialement pour eux.

Pendant l'entracte de presque une heure, le public s'occupe comme il peut dans la joie et la bonne humeur : certains vont se ravitailler à la buvette, profitent pour manger des hot-dogs plus appétissants sur papier glacé qu'en vrai, tandis que le reste du stade se lance dans une immense hola. À quelques minutes de l'entrée sur scène de Muse, les fans trépignent : ils applaudissent, acclament, puis huent dès une minute de retard. Un peu exigeants ? Il faut dire que cela reste bon enfant et les plus courageux sont là depuis au moins quatre heures !


Enfin, le son monte et la tension avec. Ça y est, nous y sommes... Sur les écrans géants, les statues de Matthew Bellamy, Dominic Howard et Christopher Wolstenholme, tels des dieux antiques, s'effondrent dans le sable, tirés par une foule vêtue de noir, dans un geste contestataire. Le trio de Devon fait une entrée fracassante sur le titre éponyme de leur neuvième album, Will Of The People, encapuchonné et entièrement vêtu de noir. Les visages sont dissimulés par des masques qui semblent nous renvoyer notre propre reflet et à nos propres actes. Tandis que Matthew scande « We need a transformation, one we all can see, we need a revolution », les lettres superposées « WTP » brûlent au centre de la scène. Une énergie puissante embrase le stade et nous saisit à la gorge. Nous aussi, nous avons envie de hurler, de mêler notre voix à celles des milliers d'autres, désireux de rejoindre cette joyeuse révolte.
Au deuxième titre, Muse font tomber le masque. Bien décidé à donner le ton de ce concert, ils enchaînent avec Hysteria. Il n'en fallait pas plus pour rendre le stade hystérique. Le trio veut nous soulever, nous faire hurler des « AYE SIRE », brandir le poing ou encore les mots « WILL THE PEOPLE » dans les gradins. Pas de doute, ils ne laissent aucune place à la contemplation et préfèrent quand leur public participe. Même les morceaux plus calmes n'apaisent pas la fièvre du stade. Forcément puisqu'ils font partie de leurs titres les plus emblématiques : de Madness à Undisclosed Desires en passant par Starlight.

Il est appréciable de voir qu'après de nombreuses tournées, le groupe parvient encore à nous surprendre et à donner une atmosphère différente à chacun de ses shows. Cette fois, la tendance est plus (hard) rock que jamais. Des flammes s'élèvent à plusieurs mètres de hauteur sur les titres les plus puissants et quelques confettis donnent la touche « wahou » sur Compliance et Verona. Mais c'est bien sûr cette grande figure révolutionnaire, encapuchonnée et masquée, qui fait sensation. Dévoilée au sixième morceau avec Resistance, celle-ci prend vie sous les traits de Matthew Bellamy sur Won't Stand Down, avant de se transformer en une succession de monstres sur You Make Me Feel Like It's Halloween.
Muse, qui nous avaient habitués à un côté plus lyrique, semblent cette fois avoir rangé leurs influences classiques au placard, pour ne garder que le côté brut du rock. Et c'est sacrément bon ! On a la chance d'entendre Time Is Running Out, Bliss ou Plug In Baby, comme un retour à l'essentiel. On reprend en chœur les hymnes de Muse, transpirant, hurlant, quitte à chanter les refrains à la place de Matthew Bellamy (en beaucoup moins bien, certes !).


Bien entendu, le groupe ne se défait pas pour autant de la dimension électro qui désormais parsème ses albums et appuie l'ambiance dystopique de Will Of The People. Le groupe britannique est toujours dans l'expérimentation, touchant à de nouvelles sonorités et distorsions. Pour preuve, Matthew Bellamy joue Behold, The Glove sur un instrument électronique, prolongement de son propre bras, dont on serait bien en peine de nommer, apportant ce côté inédit propre à la scène. Mais au-delà de la simple performance musicale, Muse nous proposent surtout une narration, comme si l'ensemble de leurs différents albums et de leurs chansons avaient été écrits pour trouver leur place précisément dans ce show. Entre désir de révolte et chant de liberté, vestes à paillettes et pantalon anarchiste, c'est toujours cette même ligne directrice qui guide Muse dans l'écriture. Cela résonne d'autant plus fort ce soir, comme une sorte de consécration.
Alors que nous nous enfonçons dans la noirceur, reste en suspens la question Kill Or Be Killed au moment du rappel. Le masque de la révolution laisse place à une tête de taureau qui domine la scène dans une ambiance rouge et dangereuse. L'espoir d'une issue positive semble mince (en dehors de notre joie d'être là, bien sûr !). Pourtant, Muse clôturent ces deux heures de concert sur Knights Of Cydonia. Si ce titre est depuis longtemps choisi comme le dernier de leur set à (presque) chaque tournée, ici, il prend d'autant plus de sens. Les paroles « You and I must fight for our rights, You and I must fight to survive » défilent sur l'écran géant comme finalement, le seul message à garder en mémoire.

Un rendez-vous réussi avec une setlist qui aura mis tout le monde d'accord !
setlist
    ROYAL BLOOD
    Out Of The Black
    Come On Over
    Boilermaker
    Lights Out
    Mountains At Midnight
    Trouble's Coming
    Typhoons
    Little Monster
    Figure It Out

    MUSE
    Will Of The People
    Interlude
    Hysteria
    Psycho
    Bliss
    Resistance
    Won't Stand Down
    Kill Or Be Killed
    Compliance
    Thought Contagion
    Verona
    Time Is Running Out
    The 2nd Law : Isolated System
    Undisclosed Desires
    You Make Me Feel Like It's Halloween
    Madness
    We Are Fucking Fucked
    The Dark Side
    Supermassive Black Hole
    Plug In Baby
    Behold, The Glove
    Uprising
    Prelude
    Starlight
    ---
    Kill Or Be Killed
    Knights Of Cydonia
photos du concert
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