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Arlo Parks

Paris, Olympia - 21 septembre 2023

Live-report par Adonis Didier

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Une semaine éreintante de concerts, dur dur la reprise ! Trempé sous la pluie pour Temples, trempé dans la sueur commune pour Grandson et YABBA, ce jeudi est enfin l'occasion de décompresser, mais toujours en concert, faut pas déconner ! Exit le rap-métal ou le noise-punk, ce soir c'est tout en douceur que l'on attend la fusée pop-soul Arlo Parks à l'Olympia, et si l'on parle de fusée, c'est bien parce que passer de la Boule Noire à l'Olympia en seulement trois ans et deux albums est une trajectoire du genre qui finit par atterrir sur la lune. Une trajectoire entre autres consécutive à l'album My Soft Machine, raison de la présence d'Arlo Parks ce soir à Paris, dont on dirait bien qu'elle est venue pour le défendre, mais qu'y a-t-il à défendre lorsque le monde est déjà conquis ?

Une première partie par l'artiste soul américano-camerounaise Vagabon, au style assez similaire à celui de la tête d'affiche, pour le plus grand plaisir d'une salle qui se remplit doucement en ce début de soirée. Une discussion avec une touriste allemande en transit plus tard, dont on espère qu'elle est depuis bien arrivée à San Sebastian, et l'espace se réduit, les 21h approchent, jusqu'à ce que la lumière ne disparaîsse, et que retentisse le fond sonore de Bruiseless, morceau introductif au dernier album de l'artiste. Seuls les musiciens se laissent voir lorsque la lumière revient, guitare, clavier, et basse sur une estrade côté jardin, la batterie accompagnée d'un magnétophone à bandes de deux mètres de haut plein de lumières qui font bip et qui font flash sur une estrade symétrique côté cour, en fond d'une Arlo Parks qui débarque dans le plus simple appareil hip-hop, t-shirt noir, pantalon noir, chaîne en or qui brille, cheveux courts et teints en rouge comme à son habitude.

Une standing ovation dès son entrée, un public conquis d'avance alors que débute Weightless, première vraie chanson de My Soft Machine, emblématique du style Arlo Parks. Un groove hip-hop jazzy, un phrasé soul légèrement rappé, et un refrain à la douceur bondissante, entre un canapé de guimauve et une piscine à bulles dans la chaleur des brises d'été. Blades poursuit la découverte du nouvel album, des rangées de spots de chaque côté, un grand écran en fond, et une photo et une colorisation de la scène plus que marquée : du violet teinté de turquoise, du rouge lacéré d'orange, du bleu nuit rougeoyant comme un coucher de soleil, chanson après chanson les ambiances lumineuses se répondent, se contredisent, quand notre esprit vole déjà par-dessus la foule, les yeux clos, les paupières recouvertes de couleurs.
Premier interlude, et une découverte personnelle, Arlo Parks parle très bien français ! Une deuxième découverte post-concert est que celle-ci est plus jeune de deux mois par rapport à beabadoobee, mais avec ce niveau de talent est-il bien raisonnable de leur parler d'âge ? Une petite discussion et un coucou à la famille présente ce soir plus tard, Caroline soulève la première vague de hurlements et le premier mur de téléphones de la soirée, Arlo a la scène pour elle, court de droite à gauche, harangue, clappe, et descend monter sur les barrières : une artiste pleine de joie au contact permanent de son public. Un contact tant physique qu'émotionnel alors que défilent les nouvelles perles Impurities et I'm Sorry, un contact dans les petites prises de parole en français qui parsèment le concert, dont celle introduisant Eugene, reconnaissance de l'influence de l'album In Rainbows de Radiohead sur sa musique, album arc-en-ciel se découvrant sur son t-shirt noir pas si noir que ça finalement.

Dog Rose nous offre un mémorable solo, les deux guitaristes prennent confiance et descendent sur scène pour leur petit moment de gloire, jusqu'à la partie la plus tendre et poignante du concert : Black Dog, dédiée à un ami tout juste sorti de sales moments, la magnifique Purple Phase, et les mots réconfortants de Hope pour se souvenir que l'on n'est pas seul. Arlo finit par trouver une guitare pour envoyer Sophie et Devotion dans une fin de set plus enlevée, si enlevée que l'on nous enlève déjà Arlo Parks, qui ne reviendra que pour Softly, excellent rappel dédié à la danse mais qui nous laisse sur seulement une heure et quart de concert.

Si on fait les tatillons à propos de la durée du concert, c'est bien parce que cette heure et quart fut un magnifique moment à passer en compagnie d'Arlo Parks, une jeune artiste à la trajectoire sensationnelle, pleine de joie et d'énergie, dévouée à son public, et qui a ce soir fini d'imposer son nouvel album et son nom comme l'une des références actuelles de la nouvelle scène soul et pop britannique.
setlist
    Bruiseless
    Weightless
    Blades
    Caroline
    Impurities
    I'm Sorry
    Eugene
    Dog Rose
    Pegasus
    Hurt
    Too Good
    Black Dog
    Purple Phase
    Hope
    Sophie
    Devotion
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    Softly
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