The Clientele

Alors que l'été peine à disparaître pour nous laisser enfin revêtir nos doudounes et écharpes préférées, les parisiens en goguette prennent d'assaut les quais de Seine en ce dimanche soir, avec comme choix privilégié le rooftop de Petit Bain dont le DJ arrose fort bruyamment d'une musique electro urbaine plutôt indigeste les spectateurs attendant patiemment le concert des londoniens de The Clientele. Nous évoquons ici le groupe créé il y a de cela plus de trente ans et toujours mené par Alasdair MacLean, dont le dernier album I Am Not There Anymore sorti cet été les avait fait croiser pour la première fois le chemin de votre chroniqueuse. C'est avec beaucoup de curiosité qu'elle s'est rendue sur la petite péniche parisienne, faisant fi d'une soirée rugbystique pour mettre enfin un visage sur les interprètes de cette pop lyrique qui l'avait fortement séduite il y a encore peu.


Le rendez-vous est donc donné à un public en majorité composé de fans de l'époque, beaucoup de spectateurs discutant entre eux avec passion de leurs premiers disques de The Clientele et ravis de les retrouver en live, la dernière prestation des anglais s'étant tenue à Paris il y a dix-sept ans de cela. Cette très longue attente n'a cependant pas rendu chafouins les présents, heureux de renouer avec un groupe lui-même aux anges de revoir son public français. C'est sur ces quelques mots qu'Alasdair MacLean débutera le set, remerciant chaleureusement les fans et autres curieux de ne pas leur avoir tenu rigueur de ce passage à vide et c'est ainsi que la soirée va voir se dérouler une setlist aux nombreux titres phares du groupe ainsi que quelques morceaux du dernier album, interprétés tout en douceur et délicatesse.

Au rythme du petit tangage de la péniche, la foule restera très concentrée tout du long du concert, applaudissant sagement mais avec coeur à chaque fin de titre, tout en gardant cette petite réserve qui sied à l'ambiance musicale d'un tel répertoire. Pour les novices, et en comparaison d'avec les nombreuses écoutes de I Am Not There Anymore, il se fait alors ressentir un petit manque. La riche instrumentation du disque et ses consonnances pop-psychédéliques ne sont guère rendues ce soir, les musiciens n'étant que trois sur scène et sans l'aide que pourrait leur apporter quelques boucles sonores afin d'ambiancer le tout.


C'est donc un récital somme toute très classique qui nous est livré mais magistralement interprété. Il règne sur le bateau comme une ambiance de doux spleen, porté par le chant angélique d'Alasdair. Une impression de petit showcase intimiste se dégage de la scène et, malgré la beauté de l'interprétation, les débutants tels que votre chroniqueuse ne peuvent s'empêcher de ressentir quelques moments de creux, voire une légère lassitude.

On se réfèrera alors à la satisfaction des fans de la première heure qui, sourire aux lèvres, ont apprécié de long en large ce retour parisien de The Clientele en espérant ne pas avoir à attendre un tel délai avant la prochaine salve de concerts, que l'on souhaite très sincèrement plus à l'image de la richesse de leur musique sur disque.