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Jim Jones All Stars

Paris, Petit Bain - 25 novembre 2023

Live-report par Adonis Didier

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Jim Jones ? Le pasteur gourou à l'origine du massacre de Jonestown ? Non ? OK. Le rappeur de Harlem membre de The Diplomats alors ? Toujours pas ? Hum... Le cousin de ma boulangère de Bedford à l'affiche de Petit Bain, là ? Voici en substance une banale conversation devant une péniche en bord de Seine, au cours de laquelle, je vous laisse imaginer ma surprise, j'ai découvert que le leader de Jim Jones All Stars, à l'affiche de Petit Bain en ce samedi soir 25 novembre, était en réalité Jim Jones, précédemment leader de Jim Jones And The Righteous Mind, précédemment leader de The Jim Jones Revue, précédemment leader de Thee Hypnotics.


Un CV bien rempli pour le pape du hard-blues-garage, une carrière longue de presque quarante ans, un public encore plus âgé que ça, et un nouvel album sorti cette année sous l'étiquette des Jim Jones All Stars, il n'en fallait pas plus pour qu'on se motive à faire un tour sur la péniche pour voir ce que devient notre tonton favori à l'approche des fêtes de Noël. Un tonton pas venu beurrer les petits pains grillés et qui défouraille presto les flingues de concours comac : Cement Mixer ressort du temps de la Revue pour tout éparpiller façon puzzle. Jim Jones ça dynamise, ça dynamite, ça disperse et ça ventile tous les standards du blues et des années 60, alors Gimme The Grease, on a de la route et de la soul à faire, poupée !
Un groupe venu avec l'artillerie lourde, un guitariste, deux saxophones, une basse, un clavier, une batterie, et un Jim Jones armé d'une guitare et de sa voix de Gauloise, de quoi reprendre tout et n'importe quoi sans jamais manquer de personnel pour glisser quelques notes dans la tirelire. On passe ainsi du Parchman Farm Blues des années 40 au Can't Believe You Wanna Leave de Little Richards, avant une escapade remerciant les précurseurs du garage : Run Run Run du Velvet Underground & Nico et Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey des Beatles. Un nom que j'ai tapé beaucoup trop de fois ce soir, alors John, la vérité m'oblige à te le dire, ton titre à la noix il commence à me les briser menu.

La réaction est sans doute la même chez Jimmy Jazz Jones qui se rappelle soudainement avoir un album à vendre, la force de l'expérience, le pif du cador de la déglingue blues. Le temps est donc venu de jouer ses propres titres, et force est de constater que le talent est toujours là, d'autant plus sur un album qui a ralenti le tempo sans perdre en lourdeur ni en coups de langue râpeuse. Evil Eye et It's Your Voodoo Working imposent leur puissance plus soul que garage, mais après tout si James Brown veut se glisser dans un perfecto slim, fine with me, pendant que Troglodyte joue au vieux bluesman chassant la gueuse dans le bayou sur la Tamise.


Un Jim Jones de plus en plus en transe, de plus en plus connecté à un public majoritairement du même âge que lui, un Jim Jones qui ne carbure plus à la came mais directement à l'arbre à cames, celui de la Chevrolet Impala noire de 67 cramant la gueule du turf en pleine Rock n Roll Psychosis. Un nervous-breakdown qui, s'il n'a plus la folie ni les jambes d'il y a quinze ans, aura le mérite de troquer le bordel garage contre un rock particulièrement efficace sur la ménagère qui a la guibole qui vole. Un fait sans doute pas pour déranger un public plus prêt à se jeter dans les pogos effrénés de Princess And The Frog, alors on terminera par le long blues psyché de Shakedown, ressorti des limbes de Thee Hypnotics, une belle occasion de créditer son guitariste et de lui offrir un beau solo juste avant le rappel.

Un rappel conclu par 512, cinquième reprise du soir de la Jim Jones Revue, dans un engouement général fait de têtes qui balancent et de hanches qui se déhanchent, quand les langues ne se lient pas dans un coin sombre pour quelques parents enfin débarrassés de leurs gamins quelques heures. Un concert aux allures de folle sortie du samedi soir pour les seniors de région parisienne (et les petits journalistes irrespectueux), que Jim Jones et son groupe auront tenu de main de maître pendant une plombe et demi au rythme d'un blues-rock de fête qui, s'il ne révolutionnera plus l'industrie musicale par sa démence punk-garage, reste un must-see pour tous les amateurs de guitares sales et de râles aux odeurs de cendrier froid.

Sur ce, moi, j'ai soirée techno aux Amarres, alors à plus les tontons, et touchez pas au grisbi !
setlist
    Cement Mixer (The Jim Jones Revue cover)
    Gimme The Grease
    Burning Your House Down (The Jim Jones Revue cover)
    Parchman Farm Blues (Bukka White cover)
    Can't Believe You Wanna Leave (Little Richards cover)
    Run Run Run (The Velvet Underground & Nico cover)
    Evil Eye
    Satan's Got His Heart Set On You (Jim Jones And The Righteous Mind cover)
    Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey (The Beatles cover)
    It's Your Voodoo Working
    I Want You (Any Way I Can)
    Troglodyte
    My Lover's Prayer (Otis Redding cover)
    Rock n Roll Psychosis (The Jim Jones Revue cover)
    Princess and the Frog (The Jim Jones Revue cover)
    Shakedown (Thee Hypnotics cover)
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    Big Bird (Eddie Floyd cover)
    512 (The Jim Jones Revue cover)
photos du concert
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