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The Subways
Ash

Paris, Petit Bain - 11 décembre 2023

Live-report par Adonis Didier

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Il y a parfois un léger paradoxe à faire du journalisme sur le rock anglais tout en ayant moins de trente ans. Et ça commence en découvrant Ash par l'album Islands en 2018 avec la sensation d'être un dénicheur de pépites underground sans commune mesure, pour apprendre quelques années plus tard que le filon venait en fait de l'autre côté de la montagne. L'occasion était ainsi belle de faire amende honorable et d'enfin voir le groupe en live lors de cette double date complète réunissant Ash et The Subways, et s'annonçant déjà comme la dernière de l'année.


Et quoi de mieux pour un premier rendez-vous que d'arriver en retard, merci le Petit Bain, seule salle de Paris communiquant tellement mal sur ses horaires que ça doit être la quatrième fois qu'on manque le début des concerts, et ici deux petites surprises : déjà c'est Ash qui commence en première partie, et pas The Subways comme le pensaient 75% des gens avec un billet, et ensuite le concert attaque à 20h, et non pas 20h30 comme le pensait la file de gens toujours pas entrés dans la salle à 20h05. Bref, on arrive dans un Petit Bain blindé, alors que la musique a déjà commencé, sans vraiment voir grand-chose, et dans l'oreille gauche tous les gens qui discutent à côté du bar. Un bon contexte si on y ajoute un son assez cataclysmique le temps des premières chansons, le kick de la batterie résonne trop fort et engloutit tout, on entend à peine les voix, ouh ça va être une bonne soirée !

Heureusement, l'ambiance du public va rattraper tout ça et enfin nous faire rentrer dans le concert... ou pas ! Mis à part les quelques fans hardcore en fosse, la plupart des gens regardent le trio se donner tout en se demandant quel cadeau offrir à leur grand-tante Jeannine à Noël. Orpheus passe comme un colis Amazon dans une boîte non-réglementaire, d'Islands on n'aura que Confessions In The Pool, on souffle en même temps qu'on finit la digestion du ramen dégusté avant de venir, et pour tout arranger la voix de Tim Wheeler est un peu rincée.
Comme l'on pouvait s'y attendre d'une première partie, le concert va finalement démarrer à ses deux-tiers, Walking Barefoot motive enfin la foule, le final de Crashed Out Wasted permet à Tim de nous montrer que, s'il n'a plus d'aigus dans la voix, il les a toujours sur sa guitare, Braindead peut souffrir de bien des reproches mais pas d'être une mauvaise chanson de live, et voici le moment tant attendu par tous les nostalgiques de l'assemblée. Kung-Fu, Girl From Mars, et Burn Baby Burn ramènent le public à ses quinze ans pour enfin lancer un concert qui est déjà fini, la triste réalité de jouer en première partie un lundi soir de décembre, devant une foule qui sort du boulot ou du resto.


Et donc là vous vous dites qu'on a vraiment passé une soirée nulle, et que, contrairement à nous, vous avez finalement bien fait de rester devant la dix-huitième saison de l'Amour est dans le Pré, une main sur la télécommande et l'autre sur votre chocolat chaud. Un sentiment bien général jusqu'à l'arrivée sur scène de l'autre trio de la soirée : Billy Lunn, Charlotte Cooper, et la « petite nouvelle » Camille Phillips pour faire revivre The Subways huit ans après leur dernier passage à Paris. Un trio qui ramène une partie plus jeune du public devant, et qui n'attendra pas très longtemps pour mener la charge de leur rock direct, pas toujours très subtil, mais tellement efficace lorsqu'on est là pour se vider la tête. Buddy movie musical, The Subways déroulent une setlist assez équitablement répartie entre leurs désormais cinq albums, entrecoupée de prises de paroles en franglais plus sympathiques et drôles les unes que les autres.
Le groupe semble ainsi être entré dans une phase de maturité, les trois musiciens n'ont déjà plus rien à se prouver, et viennent simplement profiter au maximum du moment devant leur public. Amical comme jamais, Billy nous raconte ses voyages avant Kalifornia, fait des vannes sur les t-shirts du premier rang, promet une chanson à la prochaine personne qui lui brisera le cœur, le tout alors que s'envoient en fond les très convaincantes Black Wax, Incantation, et Influencer Killed The Rock Star pour présenter leur nouvel album. Seulement trois chansons pour promouvoir Uncertain Joys, l'idée est de donner au public ce qu'il veut, et ce qu'il veut c'est de venir dans cette chanson vite et bien. Un sous-entendu bien évidemment volontaire de la part du lubrique en chef Billy Lunn, Turnaround succède à Kiss Kiss Bang Bang, l'occasion pour Paris de se lâcher pour de bon, excités que nous sommes par la sexy bassline de Charlotte. Un premier pogo qui ne sera pas le dernier de la soirée, I Want To Hear What You Have Got To Say démarre de façon intimiste, le public reprend toutes les paroles à la place de Billy, jusqu'à l'explosion finale, des fans montent sur scène et se font virer par le videur, le Petit Bain balance de droite à gauche sur la Seine, et la scène balance en criant Oh Yeah jusqu'au rappel qui commencera par... le même titre !


Le même titre mais pas le même groupe, Ash et The Subways sont ensemble pour jouer le Oh Yeah de Ash, inspiration avouée et à moitié pardonnée du Oh Yeah des Subways. Un sextuor qui n'empêchera pas Tim Wheeler de chanter légèrement faux, ce qui nous fera aussi dire que du Ash joué par les Subways ressemble à du Oasis, et maintenant qu'on s'est mis l'intégralité des lecteurs de Sound Of Violence à dos, je pense qu'il est enfin temps de conclure. Un art que maîtrise le groupe à la perfection, With You nous tire des larmes, vingt ans déjà qu'on est avec vous, jusqu'à voir Billy slammer sur la foule lors du final dantesque de Rock & Roll Queen, conclusion parfaite à une soirée bien mieux finie qu'elle n'avait commencée.

Alors Ash, qu'est-ce qu'on en pense dans le fond ? Sans doute qu'il vaut mieux les voir en Angleterre, ou alors être un fan très hardcore du trio, et que si vous avez une soirée à passer sans trop savoir où vous voulez aller, The Subways sont désormais un excellent groupe de live, rôdé et puissant, dont les chansons se fondent si bien dans l'exercice qu'elles semblent comme dédiées à n'être jouées que devant des gens en délire.
setlist
    ASH
    Like A God
    Race The Night
    Angel Interceptor
    A Life Less Ordinary
    Goldfinger
    Orpheus
    Confessions In The Pool
    Shining Light
    Walking Barefoot
    Crashed Out Wasted
    Braindead
    Kung Fu
    Girl From Mars
    Burn Baby Burn

    The Subways
    We Don't Need Money to Have a Good Time
    Young For Eternity
    Black Wax
    Kalifornia
    Alright
    Taking All The Blame
    Incantation
    Kiss Kiss Bang Bang
    Turnaround
    I Want To Hear What You Have Got To Say
    Influencer Killed The Rock Star
    Good Times
    It's A Party
    Oh Yeah
    --- Oh Yeah (Ash cover)
    Girls & Boys
    With You
    Rock & Roll Queen
photos du concert
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