Declan McKenna

17h30 un dimanche. Encore embrumé d'un hier qui s'est terminé aujourd'hui, on me fait signe d'utiliser une autre porte pour accéder à la Maison de la Radio et de la Musique. Puis une autre. Puis une autre. Jusqu'à ce qu'un sympathique agent de sécurité m'ouvre finalement la voie vers un portique et me demande de vider mes poches. La sécurité passée, je cherche une direction, n'importe quel signe indiquant l'emplacement du Foyer B au milieu des stands de petits fours et de champagne. Une mention sur une pancarte pointe vers la gauche, alors je suis la gauche, jusqu'à ce que la gauche devienne le tout droit, je passe une porte, je suis dehors, entre un portique tournant et un parking, on est perdu mais tout va bien, une porte s'ouvre devant moi au-dessus de ma tête, en sort une femme en tenue d'hôtesse commerciale, elle me dit de la suivre. Puis vient un couloir, un autre couloir, un escalier, un agent de sécurité, un de plus, et finalement le Foyer B. Habituellement une salle de réception, un hall à sortir les macarons pour les soirées d'entreprise et les parties fines entre médias, le Foyer B sera ce soir bien différent, transformé en lieu de concert offert deux fois en trois heures à Declan McKenna.


Deux concerts de suite, le premier à 18h, le second à 20h30, et si vous vous demandez à quelle occasion, c'est l'Hyper Weekend à la Maison de la Radio et de la Musique. Le quoi ? L'Hyper Weekend, et si vous ne saviez pas que ça existait, et bien c'est à ça qu'on sert, à journaliser. Festival en trois jours made in Radio France, l'évènement mixe rencontres, performances, et concerts dédiés à la scène musicale française typique de Radio France. Jeanne Added en symphonique, une rétrospective du répertoire de Françoise Hardy par le fiston Thomas Dutronc, Clara Luciani, November Ultra and co, des concerts plus indés avec par exemple Nous Etions Une Armée, et une entorse à la règle française pour cette dernière soirée donnée à Declan « le provincial du nord de Londres » McKenna.

Une configuration assise et intimiste comprenant seulement deux-cent sièges plus quelques caméras, et Declan qui rentre sur scène accompagné de sa guitare accoustico-électrique et de sa guitariste-choriste de toujours, Isabel Torres. L'occasion de découvrir le nouvel album du musicien dans un contexte folk plus proche de ses débuts, et Elevator Hum qui lance le bal d'un concert émouvant avant d'être pailleté, nous laissant retrouver un musicien dépouillé, mis à nu, à l'extrême opposé de la farandole de déguisements et d'effets électroniques qui accompagnent désormais ses sorties.
Des tubes néons éclairent en couleurs fluorescentes de part et d'autre de la petite scène, Make Me Your Queen fait hurler le public au bon souvenir du premier album, un public composé pour moitié des fidèles parisiens de Radio France, et pour l'autre moitié de jeunes adolescentes venues avec leurs parents (on exagère, mais à peine). The Key To Life On Earth coche la case du deuxième album, l'arrière de la scène arbore un imposant logo Hyper Weekend ainsi que quatre lampes vintage surdimensionnées à la lueur chaude, et nous voici revenus aux nouveautés qui vont désormais s'enchaîner.


La petite bombe de single qu'est Nothing Works entraîne une petite foule qui n'osera tout de même pas se lever, mais qui n'hésitera pas à applaudir bien plus que nécessaire. De son côté, la totale nouveauté Wobble est une sublime ballade au feeling hispanisant pour laquelle Declan mettra la boîte à rythmes en route, et l'espoir fera vivre que la version studio n'abusera pas trop sur les diableries numériques. Une boite à rythmes qui restera sur Mullholand's Dinner And Wine, et puisqu'on en a maintenant fini avec les nouveaux singles disponibles, retour au tout premier jamais sorti. Brazil parcourt l'assemblée et provoque sur son passage acclamations et sorties de téléphone, l'adorable arpège émoustille les cœurs et réchauffe le blanc des joues, car Declan McKenna parle comme un ange, et pourtant il nous ressemble.

Une telle ressemblance qu'après quelques mots en français, Isabel descendra de scène pour le laisser seul dans sa galère. Mesdames et messieurs, voici Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais, intégralement chantée en français. Une belle référence à la France, dont le niveau troll et de yaourt n'a d'égal que son premier degré, Declan nous remerciant juste après nous avoir dit qu'il s'en allait pour... réellement s'en aller. Quarante-cinq minutes, un inédit, et une jolie reprise, pas mal pour un showcase gratuit, court pour un concert payant.