La très chic Salle Pleyel, plus habituée aux concerts classiques a quelque chose d'impressionnant avec sa toute petite fosse pour ceux qui veulent se déhancher, est complète ce soir pour le retour de Belle And Sebastian à Paris.
Alva Starr, avec deux r comme Stellastarr, ouvre la soirée. Ces français jouent dans un registre très proche de celui de Belle and Sebastian, une première partie sans risque donc, mais avec néanmoins le risque de manquer de relief. Le quatuor s'en sort plutôt bien avec ses jolies mélodies bien en place, et séduit rapidement le public. Après une petite page de publicité, annonçant que leur single sort sur Motel Records et qu'ils seront en concert le 5 juin au QG, le claviériste précise que l'ensemble du public ne tiendra pas dans cette salle plus intime. Comme quoi on peut écrire des chansons en accords mineurs et avoir le sens de l'humour. Ce ne sont pas les Belle and Sebastian qui diront le contraire.
Justement, après vingt minutes d'entracte, les lumières s'éteignent et commence une vidéo montrant...
Belle And Sebastian qui monte sur scène. Le set commence par
The State That I Am In, il est appréciable de ne pas attendre le rappel pour jouer ce classique du groupe, extrait de leur premier album. C'est promis je resterai quand même jusqu'au bout.

A neuf sur scène, il se passe toujours quelque chose, et le groupe aime jouer de cet effet de troupe. Ils arborent tous des looks de salle des professeurs : plus ou moins chic mais toujours sobres quand ils n'expriment pas carrément leur passion comme les deux du fond avec un petit look hawaïen ou le pantalon écosais de Stuart dans le rôle du prof d'anglais complètement farfelu. Le chanteur qui avait commencé le projet en solo avant de revoir dramatiquement la line-up, est le leader du groupe, il sautille et danse non stop, heureusement que c'est également un marathonien pour tenir une vingtaine de chansons.
Dès le deuxième titre, l'excellent
What Happened To You, Son? qui n'a pourtant pas trouvé sa place sur
leur dernier album, Stuart tombe la veste et lâche sa guitare alors que Dave troque une guitare pour une trompette et que Stevie échange sa guitare électrique pour acoustique. Pour
So In The Moment, un des deux seuls titres joués extraits de
Late Developers, il y a deux autres changements de guitares et l'apparition d'une flûte et d'un violon. Au morceau suivant, tout le monde change de guitare et deux mélodicas sont joués. La logistique d'un concert de Belle and Sebastian ne s'improvise pas, et pas seulement pour gérer neuf musiciens.
Stuart introduit
Get Me Away From Here, I'm Dying comme une chanson écrite il y a trente ans alors que le groupe donnait son premier concert en France. Il espère peut-être que, par chauvinisme la foule chantera en chœur, mais personne ne connaît les paroles. Cela doit être agréable de les voir au Royaume-Uni avec un public qui comprend ce que le groupe chante et qui peut l'accompagner. C'est notre compréhension de la langue de Robert Burns qui est en cause, le son de la Salle Pleyel est parfait et les paroles très intelligibles.

Heureusement, quand il s'agit de battre des mains, le groupe peut compter sur le public parisien. Pendant la première partie de
I Want The World To Stop, le bassiste et le batteur sont les seuls à jouer et c'est le public qui complète la section rythmique avant que la trompette et le clavier rejoignent le morceau. Parti à fond de train, Stuart profite de l'accalmie de
Piazza, New York Catcher pour s'asseoir au bord de la scène. Il apprécie qu'il n'y ait pas de barrières, « a gig without condom ». Il nous parle de Maupassant qui était un génie mais qui aurait volontairement contaminé des partenaires avec la Syphilis. Il nous parle aussi de sa femme et du jeu de piste qu'il a organisé pour elle dans Montmartre alors qu'il était en tournée et que celle qu'il allait épouser et gérait alors le merchandising d'un autre groupe allait passer par Paris une semaine plus tard. Stuart n'est pas romantique que dans ses chansons.
Le chanteur multiplie les introductions, pour donner du contexte aux titres, et peut-être pour souffler un peu. C'est aussi une invitation à prêter davantage attention aux paroles.
My Wandering Days Are Over a été écrite le 1er janvier 1996, dans une soirée du nouvel an dans laquelle Stuart a rencontré Isobel Campbell en attendant devant les toilettes. Mais pour
The Boy With the Arab Strap, il est temps de passer aux choses sérieuses. « Who wants to dance ? » lance Stuart, très sérieux, alors qu'une vingtaine de personnes du public monte sur scène : l'ambiance est folle et la joie est communicative. Le set se termine par une très belle version de
Sleep The Clock Around, chargée d'émotion.
Pour le rappel, on reprend en douceur. Des personnes dans le public suggèrent
Fox In The snow, réjouissant Stuart de jouer une chanson calme. Il sort son songbook et s'exécute. S'ensuit
Lord Anthony. Jamais à court d'une anecdote, le leader du groupe nous apprend que c'est à Paris que la chanson a été jouée sur scène pour la première fois et qu'elle traite du fait qu'il n'est pas toujours payant d'être plus malin que ses professeurs. Enfin, plus question de demander l'avis du public pour l'ultime interprétation du soir. Après une courte réunion de groupe, ses membres choisissent
The Blues Are Still Blue, une chanson festive pour clore un set riche en joie et émotions.