Deux années après avoir livré une version live de leur dernier album A Celebration Of Endings, Biffy Clyro annonçaient début mars dernier un retour aux sources avec six dates spéciales destinées à ravir les fans de la première heure.
Car oui, ce sont bien ces derniers qui étaient visés par cette mini tournée appelée A Celebration Of Beginnings : trois nuits à Londres et tout autant à Glasgow dédiées aux trois premiers opus de la carrière du trio, formé il y a plus de vingt années, déjà à Kilmarnock. Un événement puisque Blackened Sky, The Vertigo Of Bliss et Infinity Land n'avaient jusqu'alors été à l'honneur que lors de trois dates à l'hiver 2014, à Glasgow, et pas forcément dans leur intégralité.
Enfin, pour ajouter au caractère exceptionnel de la chose, les dates de Londres sont programmées à l'O2 Shepherd's Bush Empire, d'une capacité de 2 000 places seulement ! Une rareté pour un groupe capable de remplir Wembley ou l'O2 Arena. Nul besoin alors de préciser que les trois shows dans la capitale sont sold out depuis longtemps.
Dimanche 20 octobre, rendez-vous est pris tout d'abord au Brew Dog, pub jouxtant la salle où un stand de marchandising dédié à l'événement se tient, permettant aux personnes n'ayant pas eu leur précieux sésame de repartir avec un souvenir, de partager une bière avec en fond sonore... Biffy Clyro, et même de se faire tatouer avec une série de tattoos flash dédiés au trois premiers albums du groupe, afin de graver à jamais ce moment avant l'ouverture des portes à 19h.
Le Shepherd's Bush se remplit rapidement et l'attente du groupe permet d'admirer la magnifique décoration du bâtiment édifié en 1905. Une attente qui sera longue puisqu'aucune première partie ne viendra distraire les 2 000 personnes maintenant entassées, un simple rideau sur lequel est projeté la couverture de Blackened Sky venant cacher la scène. A 20h20, les premiers « Mon the Biff » descendent des gradins et la tension monte quant à 20h30 le rideau tombe enfin, laissant apparaître la batterie de Ben Johnston. Les trois écossais attrapent leurs instruments au plus grand plaisir de l'assistance qui est déjà électrisée.
Il ne faudra pas plus de vingt secondes à celle-ci pour exploser et reprendre à l'unisson le premier « Get up, get up, get over » de Joy.Disovery.Invention qui ouvre le bal. Une incroyable communion qui sera le fil rouge d'une soirée mémorable. De la première à la dernière seconde le public sera incandescent, déclamant les paroles du trio du début à la fin. Pas étonnant dans ces conditions que le premier gros riff laisse place au premier mosh pit de la soirée. L'énergie déployée par Biffy Clyro est fidèle à celle de leurs prestations scénique : folle ! La machine est désormais lancée lorsque la foule éructe “If you wanna get it Come and break my heart take me to your blackened sky” dans une joie assez indescriptible.
Un enthousiasme qui ne retombera plus désormais ! Il faut dire que Blackened Sky ne laisse que peu de repos à son auditoire, 27, Justboy, Kill The Old, Torture Their Young ou The Go-slow s'enchainant avant que Christopher's River ne vienne quelque peu ralentir un rythme soutenu. L'accalmie est de courte durée, Convex, Concave et surtout 57 et ses premiers sons de guitare ravageurs font à nouveau rugir de plaisir une salle qui n'en demandait pas tant, alors que Hero Management permet une nouvelle fois à la foule de faire apprécier ses vocalises.
Arrive alors un petit événement. L'album étant joué dans son intégralité et dans l'ordre, peu de surprise quant au fait que la prochaine chanson annoncée au microphone par Simon Neil soit Solution Devices. C'est plutôt quand ce dernier annonce que celle-ci n'a pas été jouée depuis 2005 (!) que les présents ont désormais la certitude d'assister à un show exceptionnel. L'alchimie entre les frères Johnston est toujours de mise sur Stress On The Sky, avant que pour Scary Mary, la dernière chanson venant conclure Blackened Sky, Simon Neil ne prévienne, avec une dose d'humour, de ne pas partir car d'autres titres seront joués après.
Peu importe, si le show s'était arrêté maintenant, aucun spectateur n'en aurait tenu rigueur au groupe, tant le set s'est déroulé à la perfection et a offert aux plus anciens d'entre nous, des titres désormais (et malheureusement) rarement joués en live sur les tournées les plus récentes.
Les dix minutes d'attente avant la seconde partie de soirée ne sont pas de trop pour se remettre de cette claque prise durant quarante minutes. Il est de bon ton de dire que lorsque l'on prend une gifle, il faut tendre l'autre joue. Un adage que nos trois écossais vont prendre au pied de la lettre pour asséner une seconde claque à la foule. Ce n'est pas qu'un simple rappel qui est joué, mais bien une heure de show supplémentaire entamée par le ravageur A Hunger In Your Haunt pour le plus grand plaisir de la fosse qui ne s'était pas refroidie durant l'interlude. Le dansant Howl laisse place à Fever Dream, tiré de la bande originale de Balance, Not Symmetry, prouvant qu'une très large partie de la discographie serait balayée ce soir.
A Whole Child Ago se rappelle aux fans de Puzzle, et Modern Magic Formula à ceux d'Opposites. Le dernier album n'est pas oublié avec Space. Preuve que la soirée est une ode à celles-et ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts, même Hope For An Angle, B-side de Blakened Sky est reprise en cœur ! Une belle surprise avant d'entamer le désormais classique Living Is a Problem Because Everything Dies qui permet à Mike Vennart, jusqu'alors discret sur scène, préférant laisser la lumière sur ses trois comparses, de se montrer à son avantage.
The Pink Limit et Witch's Cup précèdent un Bubbles qui fait une nouvelle fois chavirer de bonheur une foule déjà comblée.
Alors que le groupe s'éclipse, laissant la salle à genou, et comme si la soirée ne pouvait être plus parfaite, Simon revient sur scène entamer en solo acoustique Break A butterfly On A Wheel. Et quoi de mieux pour terminer le show que Stingin' Belle ? La force du trio étant relevée par les cornemuses chères à leur Écosse natale pour parachever deux heures d'un show immense. Les 2 000 personnes présentes pourront désormais dire « J'y étais ! ».