Le retour de Snow Patrol est toujours un petit évènement, mais qui concerne uniquement le noyau de fans d'une fidélité à toute épreuve que Gary Lightbody a réussi à maintenir à ses côtés depuis la première apparition du groupe au tout début des années 2000. Snow Patrol appartient à ce petit nombre de formations britanniques au succès phénoménal outre-Manche mais qui vend un nombre anecdotique d'albums en France à chaque parution. Et pourtant, ça n'est pas le talent qui manque chez Gary Lightbody, songwriter originaire d'Irlande du Nord à la personnalité rayonnante, qui touche son public au plus profond de son être, étant un homme d'une grande empathie et bienveillance (toute comparaison avec un autre Irlandais philanthrope qui remplit des stades mais qui peine depuis vingt ans à produire une musique décente fera l'objet d'un bannissement sur ce site.)
Le dernier passage de Snow Patrol en France s'était déroulé au Zénith de Paris en 2019, ce dernier à moitié vide mais dans lequel le groupe avait su déployer toute l'énergie et la dynamique nécessaire. Avant cela, un autre passage espacé de sept ans au Zénith, qui suivait de peu un Olympia où étaient alors accueillis en première partie des jeunes talents prometteurs du nom de Foals. Des allers-retours entre ces deux salles, et un soulagement pour les fans parisiens d'enfin retrouver Gary Lighbody, Nathan Connolly et Johnny McDaid dans la prestigieuse salle du boulevard des Capucines, qui affiche fièrement sold-out depuis de nombreux mois.

Nous voyageons ce soir en Irlande du Nord, et restons à Bangor, ville d'origine de Gary, pour découvrir une jeune formation appelée
The Florentinas, composée de Paddy Boyd au chant et à la guitare, Jacob Kane à la basse, Luke Swann à la guitare et Jakob Swann à la batterie. Ce quatuor a produit plusieurs singles depuis 2019 et est issu de la scène formée au célèbre Oh Yeah Music Centre, établissement co-fondé par Gary Lightbody qui offre une plateforme de promotion aux jeunes talents locaux. The Florentinas ont ainsi pu y faire leurs armes et se produire en première partie de groupes prestigieux tels Nothing But Thieves, The Amazons, Stereophonics et, bien évidement, leurs compatriotes de Snow Patrol.
Nous découvrons pour leur première en Europe un groupe qui manie une pop-rock affutée, tant nerveuse que mélodieuse, menée par le chant de Paddy Boyd qui nous évoque à certains moments le timbre juvénile mais puissant de Sam Fender. A l'aise sur cette grande scène, on sent le professionnalisme chez ces musiciens, et on s'amuse de la dualité entre Luke Swann le guitariste d'un côté, extrêmement concentré, au regard plongeant sur ses chaussures et Jacob Kane à la basse de l'autre, très souriant et expressif, attirant sur lui tous les objectifs des photographes présents. Leur musicalité se rapproche de l'univers de The Sherlocks et The Clockworks, et les singles
Weatherman et
Sandcastles aux accents power pop ne sont pas pour nous déplaire. The Florentinas ont tout gagné à s'inscrire à l'école « Lighbody » et semblent être promis à une belle carrière.

C'est enfin le tour de
Snow Patrol de monter sur la scène de l'Olympia, ce dernier plein jusqu'au dernier siège du pigeonnier. Pas de surprise ce soir parmi les spectateurs, il s'agit toujours des fans assidus qui ont découvert pour la plupart le groupe lors de l'explosion
Final Straw, ayant pris quelques années au compteur mais n'ayant jamais déserté les rangs. Et comme les années précédentes, le show sera en majorité dédié aux hits qui ont façonné la popularité du groupe, une majorité de la setlist piochant dans
Eyes Open,
Wildness et
Final Straw. Il est alors difficile de donner une véritable chance à
The Forest Is The Path, qui verra seulement deux de ses singles exploités,
All et
The Beginning. Un fan service un peu décevant car ce dernier album a su retrouver une certaine fraîcheur et apporter une nouvelle dynamique à la pop rock bien sage du groupe.
Hormis cela, nous ne boudons pas notre plaisir car c'est un Olympia revêtu de ses plus beaux atours qui accueille Gary, Johnny et Nathan, accompagnés de Ash Soan à la batterie et Ben Epstein à la basse. Avec de nombreux écrans géants en arrière-plan, qui diffusent simultanément des effets stroboscopiques, des décors de tableaux et les visages des musiciens filmés, avec des spotlights et néons de toutes les couleurs, c'est un voyage visuel impressionnant qui nous est proposé. L'apothéose sera lors d'une interprétation de
What If This Is All the Love You Ever Get? de toute beauté, quand un fin rideau translucide sera tiré devant les musiciens pour permettre la projection d'un arbre et d'une tempête de feuille multicolores, créant ainsi un effet 3D bluffant.
Mais Snow Patrol, c'est avant tout la voix toujours aussi profonde et la présence scénique de Gary Lightbody, dont le sourire jusqu'aux oreilles ne le quittera pas de la soirée, heureux et touché de l'accueil des Parisiens. Conscient de leur popularité réduite en France, c'est d'autant plus fiers que les membres du groupe entament cette tournée européenne qui les fera traverser l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas et le Royaume-Uni pour un final glorieux à la maison, à la SSE Arena de Belfast. C'est donc dans un petit écrin doré que le groupe rode son set : comme à l'accoutumée, on retrouve un Gary oscillant entre mignonne gaucherie et élans fougueux, notamment lorsqu'il se rapproche des premiers rangs pour capter tout l'amour de ce public dévoué et lors de finaux explosifs comme durant l'interprétation de
Chasing Cars ou
Open Your Eyes.

Les titres changent peu mais continuent de faire notre bonheur d'années en années, le pic d'excitation étant atteint quand les monuments sont enfin abordés,
Chocolate en entrée de jeu,
Make This Go On Forever,
You're All I Have et le morceau qui figure dans le top 5 des plus belles chansons jamais écrites, soit l'intemporel
Run. Une surprise pour cette première parisienne, un jeune homme à la pancarte indiquant son envie de venir la jouer sur scène sera donc invité à rejoindre le groupe à la guitare acoustique. Un très beau moment de complicité et un Gary qui reconnaîtra qu'une seule personne s'est alors trompée dans les accords, lui-même !
Le concert défile trop vite et le public est totalement sous le charme. Le show se conclut comme depuis quelques tournées déjà sur
Just Say Yes et nous aurons tout de même droit à une véritable exclusivité juste avant, le nouveau single dévoilé la veille sur les plateformes de streaming,
But I'll Keep Trying, lequel prend beaucoup plus d'allure en live.
Une heure et demie de plaisir intense, un sentiment de se retrouver en famille, l'accueil assuré par Gary Lighbody et ses comparses toujours extrêmement chaleureux, et un groupe profondément touché par la fidélité de ses fans depuis de longues années maintenant. On espère retrouver Snow Patrol rapidement en France, peut être à l'occasion de festivals, leur pop rock aux petits oignons étant systématiquement sur scène un véritable moment de bonheur.