Pour leur unique date en France, Mogwai ont choisi le très beau Casino de Paris. Un choix judicieux, puisque la salle affichait complet. A cette occasion, les Écossais venaient défendre en live leur formidable nouvel album,
The Bad Fire, tout en amorçant la célébration de leurs 30 ans de carrière.

Avant de retrouver les Glaswegians, c'est une autre signature du label Rock Action qui ouvre le bal :
Kathryn Joseph. Écossaise elle aussi, elle se produit pour la première fois sur une scène parisienne. Seule derrière son clavier, disposé perpendiculairement au public, elle affiche un mélange de joie et d'intimidation, jetant parfois des regards perçants vers l'audience. Sa musique minimaliste et son chant poignant tranchent radicalement avec le mur de son de Mogwai. Entre deux morceaux, elle s'amuse à expliquer dans un français hésitant que son vocabulaire se limite à « pipi/caca », déclenchant les rires du public. Son set, hypnotique par moments, déroule des morceaux extraits chronologiquement de ses trois albums, dont le très beau
Tell My Lover, en attendant un nouveau disque prévu cette année. Après quarante minutes, elle conclut en souriant par un « Thank you, c'est fini » et quitte la scène sous les applaudissements.

Vingt minutes d'entracte sont annoncées, mais il en faudra finalement cinq supplémentaires avant que les lumières ne s'éteignent à nouveau pour cette fois accueillir
Mogwai. Accompagnés d'Alex Mackay à la guitare et aux claviers, les quatre membres du groupe entament leur set dans la pénombre avec
God Gets You Back. Le son est impeccable, l'énergie bien présente, mais l'électricité tarde un peu à s'installer.
Hi Chaos, qui suit, corrige vite cette impression : baigné d'un superbe éclairage orangé, le groupe libère une puissance brute à l'aide de ses guitares rugissantes.
Pour cette tournée, Mogwai ont répété un large éventail de morceaux, puisant autant dans ses nouvelles compositions que dans leur vaste répertoire. Ainsi, en plus des classiques
I'm Jim Morrison, I'm Dead ou
Every Country's Sun, le groupe ressuscite des titres plus rares en live tels que
Kids Will Be Skeletons.
The Bad Fire est logiquement mis à l'honneur, avec pas moins de sept morceaux interprétés ce soir. Parmi eux,
If You Find This World Bad, You Should See Some Of The Others et
What Kind of Mix Is This? marquent les esprits, malgré un faux départ rapidement corrigé pour ce dernier.
Le son, d'une qualité exceptionnelle, sublime chaque instant. Débutant sur une texture digitalisée,
Drive The Nail constitue un des moments forts du concert. Malgré la tornade de décibels et l'impression qu'une nouvelle couche de distorsion ne suffirait toujours pas à calmer les ardeurs du groupe, Stuart Braithwaite reste étonnamment détendu. Calme et posé, casquette vissée sur la tête, il semble s'amuser, même s'il ne chantera aucun titre ce soir. C'est Barry Burns qui prendra le relais au chant, notamment sur une vertigineuse version de
2 Rights Make 1 Wrong. Il rejoindra d'ailleurs, comme sur certains autres morceaux, Stuart et Alex au centre de la scène pour une performance intense de
We're No Here, appuyée par des jeux de lumière stroboscopiques déchaînés.

Le concert touche à sa fin avec
Lion Rumpus et ses solos de guitare enflammés, après 1h20 d'un set équilibré et magistral. Mais les Écossais ne tardent pas à revenir pour un final apocalyptique :
My Father, My King. Vingt minutes d'une montée en puissance implacable, où la brutalité du final écrase tout sur son passage. Alors qu'une accalmie laisse croire à une fin imminente, le groupe repart de plus belle, assénant un déferlement de sonorités plus destructrices encore. Cette fois, c'est bel et bien terminé. Que pouvaient-ils ajouter après un tel cataclysme sonore ?
En 2025, Mogwai demeurent sans conteste les maîtres du post-rock et cela pour notre plus grand plaisir.