Des lanternes montent dans le ciel place de la République, et à l'Alhambra c'est le retour des Nova Twins, ovnis de la scène punk-rock-métal britannique avec un penchant non-dissimulé pour Paris. Techniquement le septième concert de leur histoire dans la capitale ce soir, en comptant le Café de la Danse en 2022, Rock en Seine l'année suivante, et bien sûr les quatre premières parties des ultimes concerts de Shaka Ponk à l'Accor Arena en novembre dernier. La très probable raison d'un public extrêmement mélangé, entre rockeurs cinquantenaires venus entre potes ou avec leur junior désormais adulte, jeunes en harnais de cuir et maquillage queer-emo fièrement affiché, ainsi qu'une part non-négligeable de « personnes de couleur » si on compare aux statistiques habituelles en concert de de rock.

Une mixité bienvenue et qu'on ne relève que parce qu'elle est trop rare, une mixité fruit du travail acharné d'Amy Love et de Georgia South à ouvrir leur musique au plus grand nombre et à prouver que les genres musicaux savent dépasser les cases et les couleurs de peau. Enfin avant le duo il y a la première partie, et pour attendre le dynamique duo place au dramatique trio, ce sont
HotWax qui montent sur scène et entre une épilation intégrale à la cire et revivre ce concert la question est ouverte. Pardon, la punchline était trop tentante, surtout que ça envoie fort, que le public est content, qu'il y a des singles très sympathiques comme
One More Reason (même si
Drop n'a pas été jouée, alors que c'est leur meilleure chanson), mais que voulez-vous, le chroniqueur blasé que je suis peine à s'enthousiasmer pour du punk-rock qui n'a pas beaucoup plus à offrir que de jouer fort. On sent le son déjà réglé pour les Nova Twins, on n'entend globalement que la basse et la batterie, bref je ne suis pas dans la cible mais allez les écouter, qui sait ça pourrait peut-être vous plaire si vous êtes fan de punk bas du front.

En attendant ça installe des roses géantes et deux murs d'amplis Marshall formant deux papillons, les papillons le thème de la soirée pour la présentation du troisième album de
Nova Twins,
Parasites & Butterflies. Butterflies qui veut dire papillons pour ceux qui partent de loin en anglais, et comme Nova Twins ne font jamais les choses comme les autres, on commence l'album par la fin,
Black Roses marque l'entrée d'Amy au chant et à la guitare, de Georgia à la basse, et de leur fidèle batteur Jake Woodward en fond de scène. Des roses noires toutes habillées de tentures rouge, le son est comme d'habitude monstrueux, la basse de Georgia ressemble au cri d'un T-Rex passé dans un synthé, trois poêles à frire, deux ruches et une machine à fuzz, la batterie fait des trous dans les murs à chaque coup sur le kick, mais le meilleur ingrédient de la soirée se fait encore désirer. Comme le rhum dans la pâte à crêpes, le pogo est un ingrédient essentiel et à doser sans modération à chaque concert des Nova Twins, et c'est l'enchaînement des oldies
Cleopatra et
Taxi qui déclenchera la baston générale.
Une fosse qui s'ouvre pour ne plus jamais se refermer, et sur scène deux musiciennes au sommet de leur art. Le son est parfait, Amy n'a jamais chanté aussi bien, Georgia n'a jamais autant sonné comme un groupe entier à elle seule, et le public l'a bien compris. Ça tape dans les mains sans rien demander, ça hurle les paroles dans un ordre approximatif (coupable), and all the bitches say
N.O.V.A. Les fausses jumelles les plus cool de la Gen Z qui étirent
Drip avec l'aide d'une fosse subjuguée avant de demander l'impossible :
Choose Your Fighter. Ce qui servait de conclusion il y a trois ans sert maintenant de climax de mi-concert, Georgia et Amy surfent sur la foule enragée en dépit de tout instinct de survie,
Piranha part en circle pit et on crame ses dernières forces avant le calme tout relatif de
Hummingbird pour conclure.

Le troisième album, celui de la maturité, et avec lui le concert de la maturité. Nova Twins reviennent pour trois chansons de plus, exit les concerts de cinquante minutes, les jeunes femmes ont gagné en confiance et en endurance et la machine semble partie pour ne plus jamais s'enrayer. « Merci, vous êtes le premier pays à avoir vraiment accepté notre musique à l'étranger » et c'est bien réciproque, merci à vous les Nova Twins de faire ce que personne d'autre ne fait en étant un groupe comme on n'en voit nulle part ailleurs.
Un bug dans la matrice devenu au fil des ans une référence d'un rock pop et hip-hop dopé aux hormones, un rouleau-compresseur irrésistible dont l'on peut enfin dire qu'il est une référence du live, un évènement sur l'agenda pour tout amateur de dérouillée sonore. Alors cramponnez bien vos Doc Martens, affutez vos afros et votre mascara, cette année sera celle des Nova Twins, and all the bitches say N.O.V.A !