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This Is The Kit
Findlay Brown

Paris, Maroquinerie - 1er février 2008

Live-report par Anne-Laure

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Programmation éclectique ce soir dans la petite salle du 20e, puisque le public parisien va pouvoir (re)découvrir Findlay Brown et This is the Kit, deux groupes foncièrement distincts, mais tous deux nourris de cette nostalgie des années 60, très en vogue depuis le succès des Strokes, Franz Ferdinand ou plus récemment Amy Winehouse. Mais avant de remonter le passé, le trio français Revolver débute la soirée tout en douceur, avec ce qu’ils appellent eux- mêmes de la « pop de chambre » : mélange subtil et formidablement bien orchestré de cordes (violoncelle-guitare) et harmonies vocales, le tout tinté d’un chouia d’Elliot Smith pour le folk, et des Beatles dans les chœurs. Les quelques notes de xylophone de leur titre Have you seen my new friends attire les curieux, et cette sorte de petite comptine à trois temps fait naitre quelques sourires dans la foule : par ses ballades épurées, Revolver ne laisse pas indifférent ; et leur set est encourageant. Le trio français nous livre une prestation de qualité, et le groupe quitte la scène sous des applaudissements enthousiastes.

Le groupe qui suit, This is the Kit, est le fruit du talent d’une jeune auteur-compositeur-interprète anglaise, Kate Stables, dont la jolie voix a attiré le soutien de Jesse Vernon (leader de Morningstar). Ce dernier l’accompagne soit à la guitare, soit aux percussions, sur Krulle Bol, album produit par John Parish (Sparklehorse, Goldfrapp…). Dès leur première chanson, She does, se dégage une force : la voix est claire, chaque parole distincte, s’envolant lentement sur les notes de guitares… A donner des frissons. De même, Birchwood beaker , par son minimalisme (guitare- voix) est d’une rare puissance émotionnelle. La Maroquinerie est sous le charme, hypnotisée par ce folk aérien, sensible et enveloppant. Kate s’empare alors de son banjo pour nous interpréter We need our knees, et sa voix envoutante est magistralement épousée par le violon de Jesse. Un moment d’une rare beauté.
Krull bol, morceau éponyme de l’album, nous fait voyager dans la campagne anglaise du début du siècle, entremêlant une ligne de chant à l’allure traditionnelle, guitare et banjo à l’unisson, rythmé par le tambourin au pied de Jesse. A contrario, With her wheels again est un peu plus enlevée, grâce aux wood block et djembe que Jesse manie habilement. Forts de l’émotion qui se dégage dans la salle, le duo nous livre leur version du classique folk américain In the pines, alors que j’aperçois discrètement Findlay Brown et sa troupe se glisser dans les coulisses. This is the kit conclue leur set par la douce Creeping up our shins, et laisse planer un peu de magie même après leur départ. En mois d’une heure, le duo nous prouve et sans mièvrerie, qu’une voix, des cordes, et peu d’arrangements, peuvent faire jaillir quelque chose de fort, d’harmonieux et touchant. Le kit parfait, simple comme un petit bonheur en somme !

Arrive ensuite la tète d’affiche de cette soirée : Findlay Brown, qui, tout de slim vêtu et la coupe travaillée, apparaît immédiatement comme un jeune Elvis des années 2000… (Avec sa bouille d’ange et sa voix de crooner, la ressemblance est d’autant plus frappante.) S’il est vrai que nombre d’artistes des années 60-70 sont devenus d’authentiques légendes du genre, le folk distillé par Findlay Brown a tout de même un certain cachet, quelque chose de plus qu’une simple nostalgie des ainés.
Son premier album, Separated by the sea, condense habilement le style intimiste, ambitieux du jeune songwritter, et la production moderne de Simon Lord de Simian (!), pour un rendu folk-alternatif-artisanal. C’est d’ailleurs par le titre éponyme de son premier opus que Findlay entame son set, seul sur scène, suivi ensuite du très beau Come home, qui en ferait revenir plus d’une ! Seul regret : joué en acoustique, nous ne pourrons apprécier la plainte de pedal steel qui fait de ce morceau un bijou… L’émotion se poursuit sur I will, sur laquelle le batteur mêle de petites clochettes discrètes.
Arrive ensuite le reste du groupe : la claviériste, le bassiste, le guitariste pour nous interpréter Love will find you, aux accents définitivement sixties : en fermant les yeux, on pourrait presque s’imaginer au beau milieu d’un bal de fin d’année d’un lycée anglais ! Un peu après, on écoute la très belle ballade I had a dream, qui aurait aussi bien pu être chantée par Morrissey, tant une voix de crooner s’impose pour lui donner toute son ampleur. Le groupe enchaine alors par Losing the will to survive, plus rythmée et digne héritière de l’œuvre de Simon and Garfunkel, avant de conclure le set par Don’t you know I love you, second morceau de bravoure de l’album, et dont le final guitares-batterie en crescendo nous assure une excellente déferlante folk-blues. Le peu de public qui reste dans la salle est conquis.

A peine le concert terminé, Findlay Brown descend de la scène avec sa fidèle guitare et reprend, tout seul au milieu de la fosse de la Maroquinerie Mystery train et Down among the dead men, afin de faire chavirer les derniers présents, malgré ses textes décrivant désillusion et dissipation. Car au-delà de la musique, Findlay Brown possède un réel talent d’écriture onirique que beaucoup pourraient lui envier. Sans pour autant tomber dans la mélancolie et les pleurnicheries dans lesquelles se complait par exemple un Tom McRae, Findlay Brown nous livre sa version du folk anglais, littéraire, romantique ; et enlevé par sa fougue, son ambition, le résultat est prodigieux. A suivre !
setlist
    --------This is the kit---------

    01. She does
    02. One of these socks
    03. Birchwood beaker
    04. We need our knees
    05. Krülle bol
    06. Two wooden spoons
    07. With her wheels again
    08. In the pines
    09. Creeping up our shins

    ----------Findlay Brown-----------

    01. Separated by the sea
    02. Come home
    03. I will
    04. Love will find you
    05. All that I have
    06. That's right
    07. Nobody cared
    08. I had a dream
    09. Losing the will to survive
    10. Don't you know I love you
    11. Mystery train
    12. Down among the dead men
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